Et si on buvait un petit coup autour d'une ptite chopine ? [Terminé]

Misana avait décidé de braver les interdits mais aussi de braver le froid. Après avoir mangé dans un restaurant avec d’autres élèves, elle avait longuement erré dans la ville à la recherche d’un coin tranquille pour boire un verre. Après plusieurs minutes d’errance, elle avait alors trouvé un bar, un peu malfamé, il fallait l’admettre, où on ne lui demanda pas la carte d’identité.
De plus, avant de se montrer à la porte, elle avait rapidement maquillé ses yeux pour paraitre plus âgée et portait une chemise simple qui, pour elle, avec son pantalon noir et ses talons hauts, lui donnait un air plus mature. Réalité ou pas, difficile à savoir… En tout cas, ce n'était pas vraiment avec la lumière présente dans le bar qu'on allait pouvoir la voir réellement...

Le bar était bondé, pas vraiment de place libre où s’installer avec son verre, ou plutôt son pichet, de Vodka qu’elle avait durement récupéré, elle grimaça et passa une main dans ses cheveux.
Ses yeux détaillèrent la salle jusqu’à se poser sur une table quasi-vide, une femme seule était déjà en train de boire un verre. Elle s’approcha de la table en jouant des coudes dans la foule, esquivant des mains baladeuses avec une agilité dont elle ne soupçonnait même pas l'existence et s’assit devant elle, sans dire un mot. Si la jeune femme voulait discuter, elle pourrait le faire, sinon, elle avait bien l’intention de boire son verre tranquillement.

Sans un bruit, elle but une longue gorgée de Vodka, ça, ça lui avait manqué !
Cela lui rappelait les soirées où, planqués avec ses frères, ils liquidaient la cave familiale. Ils étaient dans un tel état le lendemain que la première chose que faisait leur père était d'aller à la cave pour vérifier que ses soupçons n'étaient pas justifiés. Malheureusement, il avait toujours raison et la punition était toujours à la hauteur...

Mme Vetoshipmatik avait passé une journée lambda, pas bonne, pas mauvaise, une seule chose l'avait dérangé lorsqu'elle était rentrée chez elle, elle avait posé son sac et allumé sa console comme à son habitude, mais au moment de se servir un verre, elle vit, non sans une once d'ennui, qu'elle n'avait plus rien chez elle. Elle n'était pas du genre "prévoyante" mais elle se retrouvait rarement sans rien à boire chez elle. Elle poussa un soupir d'ennui, saisi sa carte bleue, son portable et ses clefs, puis s'en alla. Elle chercha le lieu le plus proche ou elle pourrait boire un bon whisky, le premier bar qu'elle trouva était dans un coin un peu malfamé ; peu lui importait. Elle entra, bousculant plus ou moins gentiment la foule qui l'empêchait de s'installer à une table. Quelques minutes à peine plus tard une femme s’assit en face d'elle. Elle observa rapidement la jeune femme : cheveux rouges, yeux bleus et légèrement maquillé... Son visage était familier à Mme Vetoshipmatik, mais elle ne se souvenait pas ou elle aurait pu la croiser, sans doute à l'académie, puisque c'est là bas qu'elle passait le plus clair de son temps. Elle l'avait croisé dans les couloirs certainement ? Était-ce une élève ou, comme elle, une professeure ? Une seule façon d'être fixée...

"Quand je sortais boire sans en avoir le droit étant plus jeune, je n'aurai jamais pensé qu'un prof puisse se trouver à la même table que moi."

Elle annonça ça froidement, sans adopter aucune expression sur son visage, avant de reprendre une gorgée de whisky comme pour lui laisser le temps de répondre.

Misana ferma les yeux quelques instants pour savourer la gorgée de Vodka qu’elle avait laissé couler dans sa gorge. C'était un pur plaisir, enfin, l'alcool présent dans son verre n'était pas le meilleur qu'elle ait pu goûté mais bon... Il ferait l'affaire. Lorsque la jeune femme devant laquelle elle s’était assise parla, elle ouvrit de grands yeux azur.

"Quand je sortais boire sans en avoir le droit étant plus jeune, je n'aurai jamais pensé qu'un prof puisse se trouver à la même table que moi."

Son sang se glaça dans ses veines, était-elle un prof ? Si c'était le cas... quelle poisse ! Enfin, c’est bien ce qu’elle comprenait dans cette phrase, elle plissa des yeux, fixant la jeune femme. L’avait-elle croisé à l’académie ? Difficile à dire… elle venait d’arriver et n’avait encore fait que quelques cours mais oui… elle lui disait bien quelque chose. N'avait-elle pas une bonne fée de la chance au-dessus de sa tête ? Apparemment celle-ci était aux abonnés absents.
A l’opposé de ce qu’elle ressentait dans son corps, Misana eut un petit sourire provocateur et s’installa confortablement dans sa chaise.

« Vous buviez déjà à mon âge alors… »

La jeune fille aux cheveux rouges prit une autre gorgée d’alcool, ne lâchant pas la jeune femme du regard. Sa gorgée finit, elle se pencha en avant et chuchota :

« Vous allez me dénoncer…Professeur ? »

Fière d’elle, Misana s’aperçut que ses mains ne tremblaient pas, alors qu’à l’intérieur de son corps, son sang venait de se mettre à bouillonner, l’adrénaline ? ou bien la peur ? La jeune fille préférait ne pas trop y réfléchir.
Elle fit glisser ses doigts sur le verre, comme si la situation était la plus normale qui soit. La jeune fille aux cheveux rouges jeta un regard à la ronde mais s’arrête rapidement en voyant qu’un homme au regard lubrique le lui rendait.

Mme Vetoshimpatik vit la rouquine l'examina brièvement avant de lui répéter :

« Vous buviez déjà à mon âge alors… »

Elle pensa à toutes ces fois où elle était sortie en cachette, la nuit, se servir un verre, puis un deuxième, et finissait finalement ivre morte, incapable de monter les escaliers pour rentrer dans sa chambre, sans même une pensée pour ses parents qui, le lendemain, la réprimanderaient copieusement. Outre les souvenirs revenant de sa mémoire, elle pu remarquer que la fille ne bégaya pas, ne parut en rien stressée ; une Saphir typique aurait été très gênée, elle pouvait être une Rubis, ne craignant pas de se faire réprimander, ou bien un Émeraude, assez à l'aise pour ne pas paraître gêné, au combien l'aurait-il été. Elle se demanda ensuite, encore, pourquoi les élèves étaient rangés dans des cases, pourquoi les Diamants étaient-ils les seuls à ne pas être séparés...

« Vous allez me dénoncer…Professeur ? »

Tout à coup, des souvenirs bien moins amusants lui parcoururent la tête ; cette jeune fille avait-elle des raisons de boire, ou était-ce par plaisir ? Mme Vetoshipmatik se souvint de ses raisons à elle, quand elle était jeune, un verre par ci, un verre pas là, entre les attouchements ou les coups de son père, un verre qui lui faisait se sentir mieux... Non, elle ne pouvais pas reprocher à cette jeune fille de boire, elle aussi.

"Ce n'est pas prévu." dit-elle calmement, tenant son verre du bout des doigts, et le portant en ses lèvres.

Puis la curiosité lui devint insupportable, Mme Vetoshipmatik lança, encore sans manifester aucune émotion :

"Pourquoi tu bois déjà, à ton âge ?"

La jeune femme ne daignait pas répondre à ses questions, ou plutôt, ses remarques, elle sourit et but de nouveau une gorgée de son grand verre de vodka. Les mains autour de sa chope qu’elle faisait tourner sur elle-même. Il y avait tellement de monde dans ce bar qu'il y régnait presque une chaleur étouffante et une odeur un peu acre de transpiration masculine. Mais la jeune fille ne s'en préoccupait pas, bien trop occupée par ce qui se passait à sa table et dans son verre...

"Ce n'est pas prévu."

A ces mots, elle eut un petit sourire. Ainsi elle lui faisait remarquer son statut de professeur mais ne souhaitait pas la dénoncer. Etrange mais cela arrangeait bien ses affaires. Elle leva alors sa chope à son encontre et dit :

« Eh bien, Santé alors ! »

Puis elle enchaina aussitôt.

« Qu’enseignez-vous à l’académie ? »

Une lampée plus tard, elle eut alors la surprise d’entendre la question très personnelle de la jeune femme. Pourquoi elle buvait à son âge ? Le regard figé sur sa chope, ses mains se resserrèrent sur la chope et elle perdit son sourire. Boire… pour oublier non ? C’était bien la grande raison de l’ivresse non ?
Elle leva un regard plutôt froid vers l’enseignante, un petit sourire figé aux lèvres.

« Je crois que cela ne vous regarde pas Madame…  Moi je ne vous demande pas pourquoi un enseignant vient boire dans un tel endroit…»

Ses yeux bleus azur passèrent rapidement sur le verre que la jeune femme tenait puis glissèrent sur la salle. Personne ne faisait plus attention à elles, bien trop occupés à hurler après la serveuse pour avoir un autre verre.

Mme Vetoshimpatik attendit le sourire qu'elle vit se dessiner sur les lèvres de la jeune fille quand elle lui annonça qu'elle n'allait pas la dénoncer. Celle-ci bu en lui demandant quelle matière elle enseignait, la professeure ignora cette question dans un premier temps, bien trop occupé à vouloir savoir pourquoi elle trouvait cette jeune fille ici.

« Je crois que cela ne vous regarde pas Madame…  Moi je ne vous demande pas pourquoi un enseignant vient boire dans un tel endroit…»

Mme Vetoshipmatik remarqua le réflexe nerveux qu'avait eu son interlocutrice avant de lui répondre ; elle avait resserré ses mains autour de sa chope. Elle fut dans un premier temps surprise de voir une jeune fille, si indifférente à l'expression froide et sans émotions à laquelle elle était confrontée, s'abandonner à des réflexe trahissant sa pensée tel que celui qu'elle venait de faire. La professeure réfléchit une demi seconde : est-elle nerveuse car elle veut éviter la question, auquel cas elle a des raisons, et donc où elle bois probablement pour oublier, ou, à l'inverse, avait-elle toujours peur de se faire dénoncer si elle disait qu'elle buvait pour son plaisir ? Non, la deuxième hypothèse était bien moins plausible, bien qu'elle ne lui avait que dit que ce n'était pas "prévu" elle n'avait pas son nom après tout, et elle ne devait pas porter ce type de vêtements tout les jours. De plus elle était venue seule, pas avec des amis, ce qui n'étais qu'un fait secondaire... Elle buvait donc pour oublier ? C'était possible, et Mme Vetoshipmatik le savait bien.

"Je suis dans la légalité, contrairement à toi." soupira-t-elle.

Comment, cette fois, satisfaire sa curiosité ? Mme Vetoshipmatik poserait certainement la question clairement, sans manifester aucune envie de savoir, encore une fois, mais elle devrait certainement, par politesse, parler un peu d'elle aussi...

"Soit tu bois ici pour oublier, ce qui est stupide, soit tu bois pour le plaisir, ce qui, à ton âge, serait très stupide. M'est avis que tu es ici pour une de ces deux raisons."

La professeure réfléchit en approchant son verre de ses lèvres, et juste avant d'en boire une gorgée, elle ajouta :

"Je suis prof' de physique-chimie."

Mme Vetoshipmatik but, se contentant de laisser le choix à son interlocutrice.

"Je suis dans la légalité, contrairement à toi."

Effectivement, l’enseignante marquait un point, elle se rembrunit mais ne baisse pas les yeux, non, elle n’allait pas montrer une once de faiblesse à cette femme. Elle but une longue gorgée de vodka et croisa les bras, un sourcil haussé pour montrer son désaccord et… son désintérêt concernant son inégalité…

"Soit tu bois ici pour oublier, ce qui est stupide, soit tu bois pour le plaisir, ce qui, à ton âge, serait très stupide. M'est avis que tu es ici pour une de ces deux raisons."

Ah mais elle avait vraiment envie de savoir dis donc, les lèvres pincées, la jeune fille ne manifesta aucune réaction. Ce n’était pas ainsi qu’elle allait parler. Non mais elle cherchait à devenir sa psy ou quoi ?

"Je suis prof' de physique-chimie."

Etrangement c’était une matière qu’elle appréciait plutôt bien. Les chiffres, les formules, c’était comme un jeu pour elle. Peut-être allait-elle pouvoir lui montrer qu’elle était plutôt douée dans autre chose que de boire. Enfin, si elle se décidait à aller à son cours

« Vous vous doutez quand même que je ne vais pas vous déballer ma vie alors que je ne vous connais pas… Professeur ou pas ! »

La jeune fille finit son verre cul sec, l’alcool commençait à peine à faire son effet. Elle avait le verre vide. Mince alors ! Et avec ce monde, difficile d’en avoir un nouveau. Elle regarda la verre de son professeur et remarqua que celui-ci allait bientôt se terminer.

« Si vous arrivez à boire plus que moi, peut-être que je vous expliquerais ! »

Un sourire taquin aux lèvres, Misana avait envie de jouer. Peut-être qu’elle finirait par parler ou peut-être qu’elle aurait de quoi faire chanter son enseignante. Qui sait…
La jeune fille joua avec son verre en attendant la réponse de son enseignante. Le goût du jeu ou la curiosité pousserait-elle la jeune femme dans son jeu ? Elle n’en avait aucune idée et c’était bien ce qui l’amusait. La jeune fille aux cheveux rouges avait le cœur qui battait plus vite, le risque lui faisait toujours ce petit effet.
Elle avait commencé à prendre goût à l'adrénaline avec ses frères et cette sensation lui faisait toujours oublier ses problèmes, un peu comme quand elle utilisait ses pouvoirs.

« Vous vous doutez quand même que je ne vais pas vous déballer ma vie alors que je ne vous connais pas… Professeur ou pas ! »

La réaction de la jeune fille n'étonna pas le moins du monde la professeure, en revanche, le fait qu'elle lui parle de "déballer sa vie" l'intriguait ; avait-elle entendu "donne moi tes raisons" alors que la femme lui avait demandé "y'a-t-il des raisons ?" Elle boirait donc pour oublier...

« Si vous arrivez à boire plus que moi, peut-être que je vous expliquerais ! »

Mme Vetoshipmatik fut cette fois surprise de cette réponse ; alors que la rouquine venait de lui montrer quelle buvait pour oublier, elle lui lançait un défi, ce qui montrait qu'elle buvait pour s'amuser. Pourtant l'élève lui proposait de lui "expliquer" et pas de lui avouer. Alors elle avait vraiment des raisons... Mme Vetoshipmatik se fichait de ces dernières, elle voulait savoir s'il y en avait.
La professeure remarqua un sourire au coin des lèvres de la jeune fille en face d'elle. Elle répliqua, toujours aussi froide :

"Je n'ai pas vraiment envie de savoir les raisons qui te poussent à boire, mais je ne peux pas refuser un défi, même si avec ce monde, aller se resservir en est déjà un."

Elle finit son verre.

Quelle glaçon ce professeur quand même… Elle espérait bien ne pas trop avoir de cours avec elle, ceux-ci ne s’annonçaient pas très très chaleureux. La jeune fille fit tourner le verre entre ses mains en attendant la réponse de la jeune femme qui lui faisait face.

"Je n'ai pas vraiment envie de savoir les raisons qui te poussent à boire, mais je ne peux pas refuser un défi, même si avec ce monde, aller se resservir en est déjà un."

Ah oui, elle n’avait pas vraiment tord sur ce coup là. Misana jeta un coup d’œil au comptoir, cherchant un chemin plus facile, une possibilité. Avec un petit clin d’œil à la jeune femme, elle se leva et se faufila dans la foule.
Elle arriva près d’un homme assez âgé et lui sourit, une main sur son épaule, pour lui voler sa place. Celui-ci parut légèrement perdue, près à engager la conversation mais elle s’était déjà tournée vers le comptoir pour passer commande.
Dix minutes après et une esquive de petit vieux, elle revenait avec un petit sourire à la table, une chope de whisky dans une main, une chope de vodka dans l’autre. Des mains baladeuses se promenaient mais elle les esquiva simplement. Visiblement habituée…
Un sourcil haussé, elle posa la chope de whisky devant l’enseignante. Elle se rassit tranquillement et savoura une petite gorgée de vodka, un régal.

« Bien… alors quelle est la limite ? »

Les mains posées à plat autour de son verre, elle attendait la réponse de la jeune femme, son regard azur planté dans le sien. Persuadée de gagner, la jeune fille aux cheveux rouges ne réfléchit même pas à ce qu'elle allait raconter en cas de défaite. Enfin... en cas de défaite, elle serait incapable de raconter quoi que ce soit. Mais bon, l'enseignante n'était pas censée le savoir.

Sur un clin d'œil, la fille que Mme Vetoshipmatik pensait Rubis alla chercher à boire pour ce fameux défi. Elle prit un certain temps, moins que l'enseignante aurait prévu tout de même, elle en avait profité pour consulter son téléphone, le temps d'envoyer quelques messages. La fille revenait quelques minutes après, évitant au passage les mains baladeuses. Elle but après avoir posé sa chope devant l'enseignante et demanda :

« Bien… alors quelle est la limite ?
- La limite c'est quand tu ne peux plus amener ton verre à tes lèvres. »

Mme Vetoshipmatik ne montrait ni sa volonté de gagner, ni sa certitude quant à l'issu de ce concours idiot, qu'elle savait idiot. Elle avait bien fait attention à sa voix, qu'elle soit si froide que d'habitude, mais la professeure soigna aussi sa gestuelle ; quand elle portait à ses lèvres son verre, elle avait fait attention à ne pas défier le regard de la jeune fille avec insistance, juste lui montrer que le combat avait commencé, Mme Vetoshipmatik était devenue très douée pour dissimuler une chose qu'elle pensait. Après avoir bu cul-sec son verre, elle senti vite que sa gorge lui procurait une douce sensation de douleur, pas désagréable, non, car c'était là le prix de sa victoire sur cette jeune fille. Elle n'avait pas l'intention de laisser la fillette dans un état tel qu'elle ne pourrait plus se resservir, mais c'était une manière comme une autre de lui laisser la choix de cette "limite".

- La limite c'est quand tu ne peux plus amener ton verre à tes lèvres. »

Vague limite tout ça. Elle but une gorgée sans rien dire, en fait, l’enseignante pouvait donc stopper dès qu’elle le désirait avec ce genre d’information. Elle aussi également. Pratique pour ne pas finir la tête la première dans le fossé avant d’être arrivée à l’académie.
Ses doigts tapotaient sur la table entre deux gorgées, elle vit avec surprise, un homme s’approcher d’elles. Plutôt mignon, ça ce n’était pas un problème mais quelle odeur ! Misana plissa ses sourcils et se recula pour ne pas être dans ce parfum de mauvais goût qu’il portait. Il avait dû l’acheter bas de gamme sur un marché de bas fond.
Un regard noir en direction de cet homme qui s’approchait, la jeune fille aux cheveux rouges prit une longue gorgée de vodka. Non sans surprise elle le vit s’asseoir à leur table, son regard fixé sur l’enseignante. Il rapprocha sa chaise de la jeune femme avec un sourire qui se voulait probablement séducteur et un verre de ce qui ressemblait à du whisky dans une main.
Très près de la jeune femme, la pauvre, elle ne devait plus pouvoir respirer, il posa une main sur le bras de la jeune femme en lui tendant le verre qu’il venait d’apporter.

« Je vous regarde depuis tout à l’heure et je me disais qu’une femme comme vous méritais une meilleur compagnie qu’une gamine. »

Une moue agacée sur les lèvres, Misana le regarda déblatérer son petit speech de dragueur sans sourciller. En fait, elle était curieuse de voir ce que la jeune femme allait faire pour… répondre aux avances ou les repousser ? La jeune fille attendit patiemment, le regard figé sur celle dont la réaction l’intriguait au plus haut point.

Les yeux posés sur l'élève en face d'elle, Madame Vetoshipmatik ne tourna le regard qu'un bref instant pour voir approcher d'elles un homme, qu'elle espérait pas trop pénible, elle espérait qu'il passerait son chemin, son regard retrouva celui de l'élève pendant un instant, puis cet homme décida de venir parler à la professeure ; quelle plaie !

« Je vous regarde depuis tout à l’heure et je me disais qu’une femme comme vous méritais une meilleur compagnie qu’une gamine. »

La femme en avait déjà marre de cet individu ; sa façon de parler, l'odeur pénible qu'il dégageait... Ce n'était pas tant que tout lui déplaisait chez lui, c'est que rien ne lui plaisait. La professeure avait déjà envie de le calmer physiquement, car elle savait pertinemment qu'il ne la lâcherait pas si facilement, mais elle ne voulais pas se montrer violente trop facilement non plus, autant pour que cette élève ne prenne pas une prof pour une malade mentale, et aussi... Non, c'était juste pour ça, peut-être, elle qui ne prêtait plus d'attention aux apparences, voulait juste aller jusqu'au bout de son duel avec la jeune rouquine. Elle retira calmement la main de l'homme qui s'était posé sur son avant bras, puis sans même le regarder elle lui adressa la parole froidement.

"Je préfère sa compagnie à la tienne."

Elle n'avait pas l'intention de se servir de son pouvoir tout de suite, non, elle attendrait de voir si cette personne décide de la lâcher ou si elle aurait juste à lui donner quelques coups pour le ramener à la raison.

Misana n’était pas vraiment mécontente, ah ça non. Le nez plongé dans son verre, elle profitait tranquillement de la douce et délicate odeur de vodka tout en évitant de respirer l’eau de Cologne puante du dragueur. Dragueur qui n’avait pas un regard pour elle, peu habituée, elle appréciait énormément ce dédain qu’il avait pour elle.
Elle en était à la moitié de son verre quand ce fou se décida à peloter l’enseignante. Les yeux écarquillés, un fou rire au bord des lèvres, elle le fit glisser lentement sa main sur la cuisse de la jeune femme.
La jeune fille aux cheveux rouges ne connaissait pas bien son professeur, mais si elle avait bien une certitude, c’était que celle-ci n’allait certainement pas se laisser faire.
En prévision, elle recula légèrement la chaise de la table et prit son verre avec elle. Il ne fallait tout de même pas gâcher la boisson tout de même. Misana jetait un vague regard autour d’elle, personne ne faisait attention à eux, pas d’ami pour voir comment l’homme allait être repoussé ? Elle trouvait cela navrant, quitte à être ridicule, il pourrait y avoir des spectateurs ?
Oups… Elle avait fini son verre. Dommage, elle venait à peine de le ramener. Une moue boudeuse aux lèvres, elle tourna la chope dans l’autre sens. Non, bien vide… A sa grande surprise, on lui servit rapidement un autre verre directement de la bouteille. Souriant au barman qui s’était déplacé, tiens, elle ne le connaissait pas celui-là, elle but une longue gorgée en lui faisant signe qu’elle trinquait avec lui.
Etrange… La vodka devait être plus forte, elle avait la tête qui lui tournait là…

Mme Vetoshipmatik savait pertinemment que l'homme qui venait de l'aborder ne la lâcherait pas facilement, et ça ne rata pas. L'homme glissa sa main sur la cuisse de l'enseignante, et celle-ci eut vite fait de se rappeler du traumatisme qu'avait été son enfance en raison de ce genre de comportements stupides. Son père avait souvent abusé d'elle, et le fait que cette homme la touche sans qu'elle l'y autorise la gênait au plus haut point, mais cette fois ci elle n'allait pas subir de violence, non, cette fois elle était bien décidé à la distribuer à qui la mérite.
Elle avait beaucoup tué dans sa vie, mais ici elle avait tout intérêt à laisser en vie cette homme, cette élève serait soit traumatisée par son acte, soit elle pourrait être virée de l'académie pour ça, et l'enseignante se voyait très mal passer le reste de sa vie à ne rien faire, surtout loin de Matt, même si l'argent n'était en aucun cas le problème.
Elle sourit à l'homme qui la dérangeait, ce qui était pourtant une des choses les plus rares chez elle, puis saisit d'un coup de sa main gauche la main de l'homme et lui tordit le bras dans le dos, puis se servit de sa main droite pour lui claquer la tête contre la table dans un geste de violence, comme emplit de la haine qu'elle avait envers son père, comme si celle là n'avait pas encore disparu.
La professeure se leva, décidée à quitter le bar sur ce coup de tête, puis remarqua que son élève avait encore quelque chose à boire. Elle avait tant manqué d'attention qu'elle ne savait pas si l'élève était allée se resservir un verre ou si elle n'avait simplement pas fini son verre, mais elle remarqua qu'un autre homme étrange, ou du moins à l'air douteux s'était levé. Elle saisit calmement le verre de son élève sans quitter cette homme du regard.

"Mauvaise idée."

Avec un petit sourire ravi, non elle n’était pas une sadique, enfin, peut-être pas… Misana vit l’enseignante rabattre magnifiquement, le claquet du dragueur pollueur d’atmosphère… Un bras tordu, une tête qui claque sur la table, la jeune fille se félicita de son initiative pour enlever son verre quand elle vit celui de la jeune femme se vider de son contenu sur la table et le sol.
Personne ne faisait attention à eux, les bagarres devaient être courantes dans le coin.
Son verre remplit de nouveau, elle en était à la moitié quand l’enseignante lui prit des mains. Tiens… elle en avait déjà fini avec le pollueur ? Déjà ?
Les sourcils froncés, elle la laissa faire pour se lever. Non mais, pour qui elle se prenait celle-là ? Enfin, elle n’avait plus très soif de toute façon. Le pari oublié, elle se faufila dans la marée d’hommes et de femmes un peu plus loin, à la recherche de… à la recherche de quoi en fait ?
Ses pupilles bien dilatées par la drogue qu’elle venait d’ingérer, elle repéra rapidement une tête un peu plus jeune qui lui plaisait un peu mieux que les autres et alla se placer auprès de lui pour danser.
Nullement gêné, celui-ci passa ses bras autour de sa taille et glissa sa tête dans son cou, un joli profiteur tiens, il ne pouvait pas avoir manqué qu’elle n’était pas dans son état normal. Qu’allait donc en penser… qui penser quoi en fait ?
Ah, le joli brun savait danser, ça c'était la bonne surprise tiens ! Enfin, il ne se rapprochait pas de la sortie là ? Quelque chose la dérangea dans l'idée, elle freina des quatre fers mais il l'amenait toujours avec elle. Et sa force, elle était passée où alors ?