Clair de lune blanc ou rouge? [Pv Fuanteina]

Cette nuit encore, j'étais assise dans mon lit sans possibilité de m'endormir. Mes temps de repos s'allongeaient dans le sens où certains jours je dormais, d'autres non. C'était épuisant, mais moins que le fait de n'avoir que deux heures de sommeil constamment. Cela m'avait permit, après que mes problèmes soient résolus, de retrouver Narok. Mais ce n'était pas très bon pour ma santé et pour mes études qui semblaient trainer encore et toujours malgré toutes mes heures passées à étudier entre les cours. J'avais donc tenté de rester le plus longtemps possible allongée... sans résultat. Ce n'était pas ce soir-là que j'aurais pu dormir. Je sortis donc de la chambre après avoir enfilé un jean et un tee-shirt blanc moulant. A mes poignets, mes bracelets cachaient toujours les fines cicatrices que mon père m'avait obligée à faire. Puis, bottines aux pieds, je sortis de la maison Saphir pour errer dans les couloirs. J'avais assez fait peur à mes colocataires pour continuer à "jouer" au fantôme plaintif. Il fallait que je me ressaisisse...

Quelques heures passèrent dans un calme olympien. Ce dernier était presque angoissant. D'une certaine façon, j'avais l'impression de me faire passer une épreuve de courage. Sauf que l'école n'était pas délabrée comme dans certains livres que j'avais lus. Cela n'avait pas vraiment d'importance en soit.
Soudain, j'entendis des bruits de pas non loin de moi. Mais en regardant autour, je ne vis rien ni personne. Certainement était-ce dans la pénombre, un peu plus loin. Les couloirs étant vides, ce devait résonner plus qu'à l'accoutumée. Angoissant...

Quand j'étais petite, j'avais une peur phobique du noir, alors qu'aujourd'hui je sors tout le temps la nuit, c'est presque idiot de se dire que je vis la nuit maintenant, et je pense avoir rencontré ici plus de gens la nuit que le jour, c'est amusant. "Idiot, comme tu l'as dit." Quoique, peut-être que c'est stupide de toujours sortir plutôt que de dormir, mais les peurs d'un enfant... Je pense pas mépriser ce genre de choses, que ça vienne de moi ou pas. Et puis c'est à cause de vous que je peux plus dormir...

"Sortez de ma tête !"

Oups, j'crois avoir parlé un peu trop fort. "Idiote.." Hm... Je suis sans doute plus dans mon dortoir maintenant... Merde, j'ai pas suivi où j'étais partie... Quelle conne je fais. "Idi..."

"Ta gueule."

Avec tout le calme du monde. Bon il doit être deux heures du mat', et je suis en train de jouer avec mes cheveux en me demandant si je dois rentrer ou pas. Je suis tirée de mes pensées par des bruits de pas, logiquement je devrais rentrer "au cas où" mais j'ai envie de voir si c'est pas un élève, j'en ai croisé tellement dehors à cette heure... C'est "idiot" de prendre un risque, mais j'aime le danger ! Je "chuchote fort" un long "allôôôôôôôôôôôôôôô ?" et j'attends de voir si ladite personne réponds... Je réagirai bien en conséquence.

Après les bruits de pas, une voix se fit entendre :

"Allôôôôôôôôôôôôôôô ?"

Je ne connaissais pas la personne à qui elle appartenait. J'en étais certaine. Et la seule chose que je pus définir était qu'il s'agissait d'une femme. Je n'étais pas détective pour essayer de deviner plus d'informations sur elle, mais la façon dont elle avait chuchoter me laissait croire qu'elle était, tout comme moi, une élève qui était sortie de son dortoir. Je m'approchai donc avec prudence, mais pas au point de ralentir de manière conséquente ma marche. Et lorsque je lui fis face, je dus froncer les sourcils pour me rendre compte qu'elle avait certainement environ mon âge, qu'elle avait les cheveux verts et une peau aussi blanche que la mienne, voir plus. Je ne sus quoi penser d'elle : je me demandais si elle était timide ou si elle avait peur de tomber sur un surveillant puisqu'elle n'était pas venue vers moi d'elle-même mais avait préféré appeler doucement. Une des questions que je me posais concernait aussi la maison à laquelle elle appartenait. Mais comme je savais que les ruminer sans les poser ne me ferait pas avancer, je commençai par me présenter avec un gentil sourire sans arrière pensée :

- Bonsoir, je m'appelle Yumiko. Je viens de la maison Saphir. Qui es-tu?

J'espérais vraiment qu'elle me répondrait sans détour. La dernière chose que je souhaitais était de paraître idiote. J'en avais déjà trop l'allure selon certaines personnes!

"Bonsoir, je m'appelle Yumiko. Je viens de la maison Saphir. Qui es-tu ?"

Sa présentation est très... "formelle" et par le fait elle me semble assez distante, moi qui viens d'un milieu modeste j'suis pas trop habituée à ce genre de manières.

"Moi c'est Fuanteina, je viens de la maison Émeraude."

Je me courbe pour la saluer comme j'en ai l'habitude, puis je me redresse avec un sourire, j'essaie de rester droite sans paraître prétentieuse non plus... "Tu te compliques bien la vie pour quelqu'un qui n'a pas peu de chances de mourir de ta main." Non, c'est tout un art ! Et puis vous et moi savez qui est à l'origine de... ça.

"Et heu..."

En fait, là tout de suite, j'ai un peu peur, c'est bête, mais je pense que c'est possible qu'il s'agisse d'un adulte, même si elle s'est dite Saphir... Et même si j'ai croisé un certains nombres d'élèves et aucun prof, la nuit.

"Ce n'est pas trop indiscret de te demander quelles sont tes raisons d'être dehors la nuit ?"

Cash, en même temps j'allais pas tourner autour du pot pour si peu, elle fait des insomnies ou des mauvais cauchemars, pire tout pire son pouvoir a un effet sur son sommeil, c'est le seul cas où elle aurait une raison de le prendre "mal". Mais voyons déjà si Mme Saphir est une Saphir...

"Moi c'est Fuanteina, je viens de la maison Émeraude." se présenta-t-elle en se courbant.

Je rougis à cause de mon impolitesse et me courbai à mon tour. Elle semblait bien plus à l'aise que moi malgré le fait que, comme moi, elle était en train d'enfreindre une règle de l'école. Certainement cette différence était due à nos passés différents, entre autres choses.

"Et heu..."

Je sortis de mes pensées et me relevai pour mieux l'écouter. Je me demandais ce qui pouvais la rendre si timide d'un seul coup alors qu'elle avait semblé si à l'aise... Je ne dis rien pour éviter de la déconcentrer ou la décontenancer. Puis, je ne savais même pas à quoi elle pouvait penser. Comment pouvais-je espérer dire quelque chose qui ne la mette pas dans l'embarras si je n'étais pas capable de savoir de quoi elle voulait me parler?

"Ce n'est pas trop indiscret de te demander quelles sont tes raisons d'être dehors la nuit ?"

Sur ce, je me mis à rougir. Je me mis face à la fenêtre, à côté de nous, et je jouai avec mes doigts en cherchant mes mots. Sa question était légitime, mais je n'avais pas pensé devoir y répondre aussi tôt. Je mis donc quelques instants avant de trouver mes mots sans évoquer ce qu'il m'était arrivé quelques temps auparavant :

- Eh bien... je suis insomniaque depuis quelques temps. J'errais dans la maison des Saphirs, mais ils ont tous pensé qu'il s'agissait d'un fantôme. Pour les rassurer, je me suis dit que ça me ferais du bien de marcher un peu.

J'avais été totalement sincère avec elle. J'espérai que cela ne m'attirerait pas trop d'ennuis...

"Eh bien... je suis insomniaque depuis quelques temps. J'errais dans la maison des Saphirs, mais ils ont tous pensé qu'il s'agissait d'un fantôme. Pour les rassurer, je me suis dit que ça me ferais du bien de marcher un peu."


Un... Fantôme ? Même si je dois avoir l'air bien désagréable je peux pas m'empêcher de rire doucement. Mais du coup, elle est au moins, potentiellement, elle aussi un peu... "comme moi" si je puis dire.

"Haha... Un fantôme ? C'est marrant moi je dois plus avoir l'air de..."

Je m'arrêtais quelques secondes de parler, je gratter l'arrière de ma tête en faisant bouger ma petite queue reptilienne vers la droite, j'imagine qu'elle doit saisir le message.

"D'autre chose, je pense. Haha !"

Ça doit lui faire assez bizarre de voir la "chose" que je suis avec un rire si enfantin... Et peut-être que ça fait genre la petite fille toute mignonne en apparence qui tue tout le monde...  "Bingo alors." Merde... Ça fait deux choses gênantes, déjà qu'elle me cernerait d'entrée de jeu, enfin, qu'elle me cerne "moi et moi" si je puis dire, et aussi, ça doit... L'effrayer ? Peut-être ? Un peu ? Beaucoup ? Ça va instaurer beaucoup de gêne entre nous ? Oui ? Sans doute.

"Et... Heu, t'as pas peur de croiser un diamant si tu sors comme ça ?..."

Bien sûr, pour faire passer la peur de ma petite personne, 'vaut mieux lui laisser supposer que moi j'ai rien à me reprocher... Putain pourquoi je perds les pédales comme une conne là ?

"Même si je suis pas exempte de tous reproches hein..."

C'est bon, avec ma taille il n'y aura pas méprise... Quand même ?

"Haha... Un fantôme ? C'est marrant moi je dois plus avoir l'air de..."

J'attendis patiemment qu'elle finisse sa phrase, mais mon regard fut attiré par un mouvement plus bas. En baissant le regard, je vis une queue de reptile se balancer sur ma gauche. On aurait pu croire qu'après tout ce temps plus rien ne me surprendrait concernant les capacités de tout le monde, pourtant je ne pus m'empêcher d'avoir un mouvement de surprise. En fait, je ne comprenais pas d'où cela pouvait venir.

"D'autre chose, je pense. Haha !"

Je n'étais pas certaine de comment prendre ce qu'elle voulait me dire. Alors que je lui avais parlé de rumeurs basées sur des bêtises et croyances non fondées, je me voyais confrontée à une énigme. Etait-ce son pouvoir? Ou une modification génétique (merci les livres de biologie)? De tout cela, je me sentais plus déconcertée qu'effrayée sans savoir ce qu'il aurait fallu que j'adopte comme comportement.

"Et... Heu, t'as pas peur de croiser un diamant si tu sors comme ça ?... Même si je suis pas exempte de tous reproches hein..."

Sans réfléchir à tant de détails, je lui souris et lui répondis honnêtement :

- Je n'y ai pas pensé. Je voulais surtout laisser mes camarades de maison en paix. Après tout, ce n'est pas juste que je laisse la peur perdurer juste à cause de mes problèmes. Et toi?

"Je n'y ai pas pensé. Je voulais surtout laisser mes camarades de maison en paix. Après tout, ce n'est pas juste que je laisse la peur perdurer juste à cause de mes problèmes. Et toi?"

Elle avait des sortes de "valeurs" et j'appréciais ce genre de choses, surtout que j'en avais bien besoin, moi... De valeurs.

"J'sors souvent l'soir parce que je dors très mal en général, même si j'ai toujours un peu peur de me faire réprimander, je pense que c'est mieux aussi pour mes colocataires."

Oui, c'est ça "mieux", j'allais pas dire "moins dangereux" quand même... Ce n'est pas être malhonnête, c'est simplement éviter de l'effrayer outre mesure dans un premier temps, je m'en éloignerai si je sais que je risque de lui faire du mal, pas avant. "Tout est bon pour avoir la conscience tranquille." Nan... C'est vraiment pas comme ça que je vois les choses, mais s'il faut que je sois honnête, j'peux peut-être lui dire sans aller trop loin dans les détails... Elle se fera peut-être des idées, mais je pense que la réalité dépassera son imagination, de toutes façons.

"Enfin, en tous cas, moins dangereux, si j'éloigne mon pouvoir d'elles."

J'ai l'impression de leur avoir obéit... Merde.

"J'sors souvent l'soir parce que je dors très mal en général, même si j'ai toujours un peu peur de me faire réprimander, je pense que c'est mieux aussi pour mes colocataires."

J'eus quelques difficultés à la comprendre parce qu'elle mâchait ses mots. Je m'étais enfin habituée à la langue anglaise, mais la façon dont certaine personnes parlaient me donnaient toujours quelques difficultés. Heureusement, cette fois le principal de sa phrase avait été dit correctement, me permettant de pouvoir lui sourire franchement lorsqu'elle me dit qu'elle avait peur de se faire réprimander mais que le fait qu'elle dorme mal pouvait gêner ses colocataires. En fait, elle semblait être comme moi et j'en étais quelque peu triste pour elle. Mais, après un silence court et léger, je fus intriguée par ce qu'elle ajouta :

"Enfin, en tous cas, moins dangereux, si j'éloigne mon pouvoir d'elles."

Que voulait-elle dire par là? Son pouvoir était-il dangereux? Était-elle comme Alastor, mon ami qui avait un pouvoir qui, d'après ce qu'il m'avait dit, pouvait faire du mal aux autres sans qu'il le veuille réellement? Je trouvais cela triste et au lieu d'en avoir peur, du coup je m'avançai vers elle et je la pris doucement dans mes bras. Puis, d'une voix douce, encourageante et empathique, je lui fis :

- Je pense avoir une idée de ce que tu ressens. Je suis désolée, personne ne devrait se retrouver seul à cause de son pouvoir.