Une journée sans lutte (PV Yasushi) - Terminé

Calme et léger, Archie me rejoignit pour payer la totalité des fringues qui furent empaquetées dans des sacs plastiques alors qu’il me fit remarquer qu’un manteau serait bien pour les mauvais jours. En avais-je déjà un ? Je ne me rappelais plus. Si c’était le cas, je n’avais pas pour habitude de le mettre. Je ne dirais pas que c’est inutile, mais les habitudes ont la vie dure et je n’avais pas eu l’habitude d’en avoir lorsque j’étais dans la rue. Je me contentai donc de hausser machinalement les épaules en prenant mes sacs et sortir, suivit de près par mon professeur. Je n’écoutai même pas ses dires par rapport à son argent. En réalité, sa richesse ne m’intéressait absolument pas et c’était mieux ainsi. S’il avait les moyens de s’offrir beaucoup de choses, tant mieux pour lui. Après tout, il l’utilisait aussi pour subvenir aux besoins des gosses et cela me suffisait amplement. Cela faisait quelques minutes que nous étions sortis et que je l’écoutais simplement me parler sans lui répondre. Mais peut-être fusse pour cela qu’il me demanda d’être honnête à la question suivante : étais-je fâché ? Lentement, je me tournai pour lui faire face, le visage grave et sérieux. Il voulait que je sois honnête ? J’allais l’être mais je ne savais pas si j’allais parvenir à mâcher mes mots. Ainsi, en le regardant droit dans les yeux, je lui répondis :

- Je ne suis pas fâché. Je suis fatigué et meurtris. Je vous rappelle que j’ai vécu mon deuxième traumatisme impliquant la mort de personnes que j’aimais il n’y a pas si longtemps et que j’ai passé pas loin d’une heure si ce n’est plus avec des gamins qui leur ressemble. Alors, non, je ne suis pas forcément d’humeur à être hyper joyeux et guilleret.

Je me retins d’en rajouter, recommençant à marcher, prêt à l’écouter mais pas en restant immobile. On pourrait croire que j’étais en colère. Il y avait certainement un peu de vérité puisque mon professeur n’avait pas cherché à savoir comment j’allais avant de m’emmener dans le magasin. Puis il ne fallait pas oublier que j’avais, mine de rien, emmagasiné pas mal de mauvais sentiments pendant que nous demandions l’avis aux gosses. Archie avait fait sa part, mais j’avais l’impression d’avoir fait le plus gros malgré mes sentiments et mon vécu. Comment devais-je le prendre ? Comment devais-je réagir ? Certes, ça me faisait plaisir d’avoir de nouvelles fringues, mais ce n’était ce dont j’avais le plus besoin sur le moment. J’avais besoin de me poser pour remettre de l’ordre dans mes idées, pour me convaincre qu’envoyer les gosses dans des familles n’étaient pas mal et pour surmonter un peu seul ma peine.