Bataille de boules de neiges [ terminée]

En disant cela à Luxia, je m’étais aventurée sur un terrain glissant. Je le savais en faisant l’erreur de penser que le jeune homme me soutiendrait. Mais, d’un autre côté, j’aurais dû réfléchir au fait que je ne connaissais pas réellement leur lien et, en plus de cela, j’avais aucune idée de ce que la jeune femme pouvait penser. Malheureusement, ce n’est que lorsqu’elle me répondit que je m’en rendis compte et je sentis une nouvelle frustration contre moi-même et le fait qu’on puisse penser que je mentais totalement. Mon visage s’assombrit donc un peu avant que je me remette à sourire pour répondre sur le ton le plus sympathique que je pus sans que cela paraisse être du foutage de gueule :

- Dire un compliment à quelqu’un et l’avouer ensuite est mentir pour toi ? Certes, peut-être que tu as raison et que j’ai voulu dire ce que je pensais au fond de toi. Après tout, je préfère ça plutôt que t’envoyer chier. Désolée que ça ne t’ait pas plu.

Sur ces paroles, que j’avais voulues aussi sincères que possible, je lâchai Noa et me mis à patiner seule jusqu’à la première sortie de la piste que je vis tout en me tenant au rebord pour être certaine de ne pas tomber. Il fallait que je me calme et je savais pertinemment qu’il fallait que je sois seule pour cela, surtout depuis le début de ma maladie. Je n’avais rien contre personne, du coup je ne voulais déverser ma colère contre personne. J’aurais sinon été injuste et complètement abrutie. Pour cela, comme pour toutes les colères que j’avais eue sans qu’elles aient un réel sens, je m’en voulais. La psy avait raison finalement : le conditionnement de Luxia, comme le mien, avait conduit à une frustration. Je n’aimais pas admettre ce fait, mais c’était bien mieux que rejeter la faute sur une innocente…
Une fois sortie du terrain, je me rendis aux toilettes des filles pour m’appuyer sur le rebord d’un lavabo libre. Ce n’était pas comme s’il y avait énormément de monde, mais j’avais l’impression qu’on s’était donné le mot pour qu’il y ait la queue pour faire ses besoins. Je dus donc attendre et me retenir de montrer la douleur qui montait pendant une dizaine de minutes. Une fois à peu près seule, je mis une main sur mes côtes en grimaçant légèrement. Est-ce que la frustration réveillait la douleur ? Non… ce devait simplement être le traitement qui ne faisait pas autant effet que lorsque je restais dans ma chambre, totalement out. Heureusement, personne de la bande ne pouvait me voir et j’espérais le cacher jusqu’à la fin de la sortie.