Une fois l'inscription terminée... [Pv Caitlyn Hanazakari]

Une fois l'inscription terminée...

Peu après que je fus descendu de mon arbre, j’avais pu entendre le pion me courir après. Par crainte qu’il me rattrape et aille m’enfermer plus encore que je l’étais déjà, je me mis à courir comme si ma vie en dépendait. Sur le coup, je ne sus pas du tout où mes pas me menèrent, ne cherchant qu’à partir loin de tout danger. A vrai dire, ce n’est qu’en arrivant au beau milieu des jardins, caché derrière des haies récemment taillées, que je m’arrêtai enfin. Essoufflé comme le jour où j’étais allé chercher Noa en pleine panique, je m’assis en tentant de me calmer. Ce n’était pas le moment de perdre le contrôle. Cela ne l’était jamais, mais pour si peu… Surtout que Caitlyn m’avait posé une question. Là, comme ça, je ne me rappelais pas des mots exacts, mais il m’avait semblé qu’elle avait voulu me revoir plus tard.

Les yeux fermés, mi en tailleur, mis les genoux contre ma poitrine, j’attendis en profitant de sentir l’air froid sur ma peau. Le temps où je vivais dans la rue, bien qu’il ne fût pas toujours joyeux, me manquait terriblement. A ce moment-là, la seule préoccupation que j’avais était de savoir comment j’allais survivre. Mais depuis que j’étais à l’académie beaucoup trop de choses étaient arrivées, beaucoup trop de problèmes et de douleurs. Bon, il était vrai aussi que je gardais une certaine rancune envers moi-même. Après tout, si j’avais fait plus attention je n’aurais pas vu mon groupe mourir. Ils seraient même encore vivant aujourd’hui encore.

« Arrête un peu de portée toute la misère du monde sur tes épaules. Si Yumiko s’est fait enlever ce n’est pas de ta faute. T’as tes problèmes et tes limites comme tout le monde. »

Telles avaient été les paroles de Noa quand il s’était aperçus que je me tenais responsable de l’enlèvement de mon amie. Archie m’avait déjà dit quelque chose comme ça aussi… Malheureusement, je ne pouvais pas m’en empêcher. Que ce soit pour elle ou pour autre chose.
Après un moment que je ne vis pas passer malgré qu’il fût long, j’entendis des pas s’approcher. Je ne bougeai pas, mais je n’en restai pas moins prêt à partir en courant. Je reprenais mes habitudes d’enfant de la rue. Etait-ce bien… ou mal ?

(c) Rin sur Epicode

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Je n’eus pas à attendre très longtemps avant que les pas n’atteignent l’endroit où j’étais et que je puisse découvrir Caitlyn. Cette dernière semblait chercher quelque chose ou quelqu’un. Silencieusement, sans bouger d’un pouce, je la regardai faire. Il ne fallait pas croire que je ne me rappelais pas que je lui avais proposé qu’on se revoit, mais j’étais assez méfiant pour chercher un certain surveillant non loin d’elle. D’ailleurs, je profitai qu’elle se mette à crier mon nom pour jeter un coup d’œil derrière la haie : personne. Elle était seule. Quelque peu interloquée, je la regardai à nouveau avec des grands yeux, le moment même qu’elle choisit pour se prendre les pieds dans une racine et tomber lourdement au sol.

-ITAIIIIII

Suite à ce cri que j’imaginai être un cri de douleur, je la vis se rouler par terre en marmonnant. A mes yeux on aurait dit une gosse capricieuse qui n’avait pas ce qu’elle voulait. Ce genre de personne, j’avais envie de les jeter à la rue sans ressource ni protection. Cela ne loupait jamais. Même pour elle, j’eus quelques difficultés de me convaincre qu’elle avait simplement mal. Si seulement elle pouvait comprendre ce qu’était une réelle douleur… Je parlais bien entendu en toute connaissance de cause puisque de multiples cicatrices plus ou moins imposantes de blessures faites par des armes blanches parsemaient mon corps et, plus exactement, l’abdomen.
Désespéré par cette attitude enfantine, je me levai et allai vers elle pour lui demander :

- T’as quel âge ? Nan parce que même un gosse de dix ans f’rait pas ça ! Et encore…

Ce que je ne lui disais pas c’était que je parlais des gosses qui vivaient des choses bien plus compliqué que le fait de se faire un petit bobo. Je n’en voyais pas l’importance, notamment parce que je ne savais plus ce qu’était que vivre dans l’insouciance. Depuis le meurtre de ma mère, je n’avais pas eu ce luxe.

HRP:

(c) Rin sur Epicode

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Je fus un peu surpris qu’elle ne se fâche pas après ma remarque, bien que je ne le montrasse pas. En réalité, elle prit le temps de se relever et de nettoyer partiellement sa blessure avant de me sourire à nouveau. Yumi… Elle lui ressemblait tellement que je me sentis comme obligé de détourner le regard jusqu’à ce qu’elle me réponde :

-La plupart des gamins de 10 ans que je connais serait en larme. Crier quand je me fais mal fait passer la douleur je trouve, ça soulage. C'est peut-être bête dis comme ça, je le concède.

Détournant à nouveau les yeux, je me fis la remarque que je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Peut-être que pendant mes premières années je réagissais comme cela, j’avais alors quatre à cinq ans. Cependant, la dure réalité de la rue m’avait appris à supporter les douleurs les plus horribles ou, au moins, les enfouir en moi pour rester « neutre » ou, dans le pire des cas, froid. Montrer mes faiblesses m’aurait tué il y a longtemps déjà… Et, finalement, c’était mes proches qui en avaient pâtis.
Fort peu concentré sur la jeune femme, je ne fis pas tout de suite attention à ses paroles, les écoutant d’une oreille en cours de route :

- ... qu'il ne te suive pas. Et puis il m'a aidée à terminer mon inscription mais je pense que tu t'en doutes !

Je profitai de son silence comme du fait qu’elle me montrait son uniforme fraîchement acquis pour regarder plus amplement son visage. Mon regard fut cependant dévié par des oreilles de chat qui trônaient sur sa tête. Surpris pendant un millième de seconde, je réalisai rapidement que ce devait être son pouvoir. Puis, je vis qu’elle m’observait aussi. Sa ressemblance avec la petite sœur de mon amie disparue me fit ressentir un poids dont je ne pus me séparer. Sentant l’assassin se manifester comme pour briser un peu plus de ce qui faisait de moi « Yasushi », je fermai les yeux en prenant entre mon pouce et mon index l’arrête de mon nez. Silencieux, comme pour faire le vide, je me concentrai pour tenter de l’enfermer à nouveau à l’endroit qu’il n’aurait jamais dû quitter. Finalement, je ne sus pas si j’avais réussis, mais je rouvris les yeux afin de créer une nouvelle sphère qui resta cette fois dans ma main. Je pus réaliser que les couleurs n’avaient pas vraiment changé de nuance. Au moins, elles ne s’étaient pas assombries… La faisant disparaître en fermant simplement mon point, je laissai pendre mon bras le long de mon corps alors que mon autre main était logée dans ma poche. Je regardai alors à nouveau Caitlyn pour lui faire signe de me suivre. Je ne savais pas quoi dire, mais j’espérais que me promener un peu avec quelqu’un me donnerait un peu de paix dans la tempête que je traversais.

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Me suivant, elle marchait doucement et en silence. Etrangement, je ne pouvais que l’en remercier. Après tout, il semblait que ses ressemblances avec une certaine japonaise me perturbait pas mal. Ce n’était pas sa faute, mais je ne savais pas comment pallier la souffrance que cela provoquait en moi. Non… En réalité, je ne savais pas réellement comment taire cette souffrance pour toujours, tout comme toutes les autres.

-Je trouve que tu as un joli visage, pourrais-je te dessiner un jour ? Je trouve que tu ferais un chouette modèle.

Interloqué par sa requête, je m’arrêtai net pour la regarder avec une réelle surprise. Sérieusement, j’hésitai entre rire aux éclats et partir en courant pour ne pas devenir fou. Quelques jours plus tôt nous avions fouillé la chambre d’une amie pour trouver des indices qui nous permettrait de partir la chercher, l’arracher de sa prison pour toujours. Ainsi, nous avions pu découvrir des dessins de toutes sortes dont des portraits. Dans ces derniers j’avais pu apercevoir ceux de mon frère et de moi. Je devais avouer qu’elle avait une sacrée mémoire. Malheureusement, repenser à elle me faisait mal. Noa avait beau dire, je ne pouvais m’empêcher de me dire que sans mes conneries j’aurais pu la protéger. Si je n’avais pas été assez faible pour me faire torturer dans mon propre esprit, nous serions rentrés plus tôt d’Ecosse pour être là avec elle…
Encore une fois, mais parce que je ne savais pas comment réagir, je fermai les yeux. Je ne voulais pas lui raconter mes blessures mais, d’un autre côté, je souhaitais lui demander un service. La regardant à nouveau, sur un ton neutre, je lui fis ma requête :

- Si tu veux faire un dessin de moi, j’aimerais que ce soit dans un contexte particulier. Enfin, si tu t’en sens capable.

Je ne connaissais pas ses talents en dessin, mais j’osais croire qu’elle était assez douée pour reproduire une scène de moi avec mes gosses. Bien entendu, nous ne prendrions pas la pose, mais c’était justement pour cela que j’avais émis la possibilité pour elle qu’elle ne s’en sente pas capable. Mais, au moins, ce serait réel. Bien plus qu’une photo de groupe qui ne donnait aucune âme au groupe que nous formions réellement.

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-Hum... Quel contexte ? Tout me va ! Du moment que tu me demandes pas de le faire pendant un saut en parachute !

Eh beh ! Elle devait avoir réellement envie de le faire ce dessin ! A vrai dire, je ne comprenais pas. N’ayant aucune réelle passion pour quoi que ce soit, je n’avais aucun engouement réel pour toute activité. Mais… n’était-ce pas le cas depuis que j’avais perdu mon groupe ? Si, ce devait être ça. Je ne voyais pas d’autres explications. Heureusement, elle me fit sourire légèrement et fugacement par son image du dessin lors d’un saut en parachute. J’avais une vague représentation de ce que c’était grâce à un lointain souvenir. Je pus donc lui répondre en reprenant la marche et une expression neutre :

- T’inquiète. Faut juste que tu saches que je serais pas la seule personne à dessiner et la difficulté résidera dans le fait qu’on prendra pas de pause.

-Je suis très contente que tu acceptes, j'avais eu peur que tu me prennes pour une folle, mais j'adore dessiner les gens. Enfin ceux qui m'inspirent, je ne dessine pas tout le monde en fait. Je t'avoue que ton visage me fascine. En plus ce décor est d'autant plus attrayant, j'adore cet endroit !

Il semblait qu’elle ait mal comprit mes propos en pensant directement qu’elle dessinerait dans ce décor. Je ne lui donnai pas tort sans lui donner raison non plus. En fait, je ne savais pas encore si je lui permettrai d’autres portraits de moi dans ce décor. A moins que… C’était un peu douloureux, mais j’avais envie de me rapprocher d’elle d’un moyen ou d’un autre. Du coup, je lui fis une proposition :

- Que dirais-tu que je te mette au défi ? Le but serait de tenter de reproduire mon portrait dans les prochains jours dans ce décor ? Une amie à moi en a été capable sans que je prenne la pose.

D’un autre côté, je tentais aussi de mieux la connaître, savoir si elle avait l’esprit de compétition ou non, savoir si elle était douée avant de lui demander de me représenter avec mes gosses. Non. En vérité, je voulais savoir si je pouvais lui faire confiance avant de l’emmener voir mes gamins, ceux que je protégeais, à qui j’avais trouvé des familles. Je ne comprenais pas moi-même ma logique mais, de toute façon, seul moi connaissait mes raisons brouillonnes.

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Je ne comprenais pas ce qui rendait les gens aussi heureux dans le fait de dessiner ou même lire, écrire, jouer… N’ayant moi-même aucune passion, je ne pouvais même pas imaginer ce que c’était. En réalité, j’avais l’impression que toute ma joie de vivre s’était envolée avec leurs âmes. N’avais-je donc toujours pas fait mon deuil ? Non… après tout, il ne me laissait pas le faire, me torturant chaque nuit avec leurs appels déchirants et son rire torturant. Caitlyn ne devait pas connaître ce genre de chose et c’était très bien ainsi. Je ne le souhaitais à personne. Son rire était la preuve que j’avais raison. Cependant, nous n’arrivions toujours pas à être sur la même longueur d’onde et j’en étais presque désespéré : pourquoi ne voulait-elle pas que je bouge ? J’avais dit que je ne prendrai pas de pose !
Intrigué, je la vis reculer pour me regarder de haut en bas. Gêné par cela, je détournai le regard jusqu’à ce qu’elle se rapproche de moi. Surpris, je me reculai légèrement. Elle ne faisait que me regarder de plus près, mais j’avais la nette impression qu’elle empiétait sur mon espace vital. Cela me dérangeait, mais je n’en dis rien contrairement à mes muscles qui étaient tendus à l’extrême. Et même lorsqu’elle recula, ce ne fut pas encore assez. Pourquoi réagissais-je ainsi ? Pourquoi avais-je aussi… peur ? Elle n’était pas la Brute !
Souriant chaleureusement, elle prit une voix comme si elle imitait quelqu’un pour déclarer :

-Yasushi est un pokémon de type Rubis. Le peu de chose que l'on connaît de ce pokémon laisse planer sur lui une aura mystérieuse mais il n'en reste pas moins gentil. Il a aussi un joli profil.

Hein ? Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Qu’était donc un « poquémone » ? Je ne comprenais pas du tout, mais, d’un autre côté, je ne voulais pas le lui avouer. Enfin… malgré ce détail gênant, il n’en était pas moins que j’avais compris qu’elle avait glissé dedans des compliments sur moi. Ainsi, elle me voyait comme une personne mystérieuse mais gentille, hein ? Je ne comprenais pas en quoi je l’étais en vérité. Pour ce qui était de mon profil, je ne voyais pas ce qu’elle lui trouvait. Je n’étais qu’un mec banal au fond. Mais, même si je ne voulais pas l’avouer, cela me fit plaisir.
Ne sachant pas comment réagir, je passai une main sur ma nuque en baissant la tête. Mes joues étaient devenues légèrement rouges. Je n’aimais pas me sentir comme ça tant cela me semblait étrange… contrairement au fait de me sentir méfiant. Je savais qu’Archie voulait m’apprendre ce qu’était une vie normale, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Je ne parvenais pas à imaginer ma vie en tant qu’étudiant comme tous les autres. Pourtant, n’étais-je pas en train d’évoluer en ce sens ? Je ne savais pas réellement…

- Comment vois-tu la vie ici ? finis-je par demander à la jeune femme comme pour me renseigner sur les questions que je me posais.

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L’Emeraude ne répondit pas tout de suite à ma question. Cela ne m’étonna pas puisque j’avais, pour moi, demandé cela sans réel attache aux conversations précédentes. Pour ma part, je me rappelais que trop bien comment j’avais vu ma vie ici à l’époque : vide de sens. Les enfants étaient encore vivants et m’avaient poussé à accepter cette « invitation » pour cette école juste à côté d’eux. Finalement, tout cela avait causé leur perte… parce que je m’étais éloigné, négligeant mes sorties parce qu’on m’avait poussé à étudier, pour leur bonheur. Finalement, ils ne le verraient jamais.
Après un instant de silence, la jeune femme me répondit avec une gêne que j’aperçu avec les gestes de ses mains :

-Eh bien je t'avoue que je n'y ai pas trop pensé, disons que je la vois pour moi comme une nouvelle vie. Je ne m'attends pas forcément à une vie extraordinaire avec des supers amis des péripéties formidables et tout. Mais j'espère avoir des cours intéressants, rencontrer des gens qui le seront tout autant et pouvoir continuer ma vie en dehors de l'académie. J'ai beau avoir une chambre ici j'ai un appartement en dehors avec mon nouveau chat. Je t'avoue que j'aimerais vraiment que ma vie ici soit plus comment dire... juste différente en fait. Je suis venue parce que c'est une école pour des gens différents de ceux qu'on rencontre habituellement. Mais je suppose qu'une vie avec des gens comme ça suppose des problèmes différents aussi. En fait je ne m'attends à rien, je me laisse flotter. En tout cas je suis vraiment contente d'être tombée sur toi à l'entrée, je t'apprécie beaucoup.

En elle je voyais une insouciance qui me faisait peur. Si j’avais vécu ainsi, certainement que je ne serais plus là pour aider Archie, parler avec elle ou mes amis… je n’aurais pas connu cette sensation avec Noa… Enfin, si mon père m’avait laissé l’occasion de vivre avec ma mère, peut-être que si en fait, mais je ne pouvais pas le certifier. Après tout, rien n’aurait été pareil.

- Je me demande si tu m’apprécierais toujours autant si tu voyais toute la noirceur que je porte…

J’avais murmuré ces mots sans vraiment y réfléchir, comme instinctivement. Pourtant, je n’étais pas loin de le regretter. A quel point, je n’en étais pas certain. Ce n’était même pas dit que je souhaitais réellement connaître la réponse à cette question. Je me repris donc en me refermant comme une huître :

- Oublie ce que j’ai dit ! Ce n’était rien…

Ce que je pouvais être malhonnête envers moi-même…

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Il semblait que j’espérasse tellement qu’elle oublie ce que j’avais dit comme je lui avais demandé ou, mieux, qu’elle n’ait pas entendu ce que j’avais dit, que j’allais continuer sans ajouter quoi que ce soit. Il sembla que ce n’était pas l’avis de la jeune femme qui vint se planter devant moi. Elle ne souriait plus, laissant place à de la peine. L’avais-je blessée ? J’en étais désolé, pourtant je ne sus pas quoi faire pour la consoler, me faire pardonner. Aucune parole ne me venait… Je n’eue pourtant rien à faire puisqu’en un instant elle me serra dans ses bras sans que j’eue le temps de m’écarter. La mine surprise alors que mon corps était comme figé dans son élan de recul. Je maudis ce réflexe alors que je ne pouvais pas réellement m’en vouloir pour ça. Je savais pourquoi je réagissais pour ça…
Le cœur battant à la chamade à cause de la peur que j’avais eu, je me détendis légèrement alors qu’elle me parlait :

-Tu sais, tu n'as pas à me parler de ton expérience si tu n'en as pas envie, mais rien qu'à tes réactions je me doute que je suis incapable de savoir ce que tu as vécu. Mais pour autant je suis sûre que ça ne fait pas de toi une mauvaise personne, si je t'ai dit que je t'appréciais c'est pas dans le vide comme ça.

Ses paroles me firent plaisir. Je ne pus le nier ne serait-ce parce que je sentais mes joues rougir, entre autres. J’espérais cependant que cela ne lui porterait pas préjudice, qu’elle ne verrait pas sa vie basculer à cause de ce qui vivait en moi. J’étais encore une fois partagé. Devais-je lui en parler ou pas ? Pour sa sécurité c’était mieux, pourtant, je ne pouvais me permettre de créer la panique ou même de prendre le risque que des rumeurs circulent à ce sujet. Jouer la carte du « mystère » ? C’était peut-être la meilleure solution ou, sinon, la seule qui me venait.
Doucement, je poussai un soupire de capitulation en fermant les yeux avant de la regarder droit dans les yeux qu’elle avait levé vers moi pour lui dire :

- Promets-moi juste de ne pas rester près de moi si je viens à changer brutalement du tout au tout, OK ?

Allait-elle écouter mes conseils ou seulement aller dans mon sens pour me faire plaisir ? Si elle était assez intelligente pour me prendre au sérieux, alors je n’avais pas trop à m’inquiéter. Malheureusement, je n’avais aucun moyen de le savoir. Noa m’avait dit qu’il ferait tout pour me ramener si je venais à perdre le contrôle, mais je préférais crever que laisser l’assassin prendre le dessus ou même blesser qui que ce soit. Je ne voulais plus de sang sur les mains…

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Caitlyn ne sembla pas démordre à la déclaration qu’elle allait me laisser choisir de lui raconter ou non ce qui n’allait pas, me promettant simplement de ne pas rester près de moi en cas de danger. Il semblait qu’elle veuille me faire comprendre qu’elle était sérieuse, mais je n’avais pas vraiment le goût de décortiquer ses paroles pour ça. A vrai dire, j’avais encore peur de ce qui pouvait se passer si les choses venaient à dégénérer. La culpabilité serait au rendez-vous, c’était certain, mais à quel point l’assassin serait-il impliqué dans le tout ? A quel point me considérerait-on comme responsable ? … Il ne fallait pas que j’y pense. Cela serait donnait un bâton pour me faire battre.

-Je tiens toujours mes promesses, même si c'est dur pour moi de les tenir. Alors ne t'inquiète pas pour ça.

- Tu as bien de la chance, personnellement je ne peux pas en faire.

Je lui avais répondu ces mots avec un minimum de douceur pour ne pas la froisser en me détachant de son étreinte. Ce n’était pas vraiment que cela me dérangeait, mais j’avais l’impression de trahir Noa tout en ayant peur que cela tourne au cauchemar. J’en profitai donc pour recommencer la promenade. Au fond, cette dernière m’avait entre autres permis de me changer un peu les idées et, surtout, de me calmer. Je pouvais penser à autre chose que le fait que j’attendais toujours que les choses avancent. La frustration provoquée par ce fait descendait un peu de cette façon. La nouvelle Emeraude, comme instinctivement, continua même de le faire en reprenant la conversation :

-Yasushi, aimes-tu les chats ?

Les chats ? A vrai dire je ne m’étais jamais réellement posé la question. N’ayant pas vécu normalement, je n’avais pas pu réellement être proche de cet animal souvent domestique. Mais, pour en avoir croisé, je savais qu’ils ne me faisaient pas peur non plus. Je considérais aussi que tous les êtres vivants devaient avoir une chance de cohabiter d’une façon ou d’une autre. La rue m’avait donné cette pensée, certes farfelue, voire utopique, mais qu’est-ce que je pouvais faire autrement ? Qu’est-ce qui pouvait me donner tort alors que cet idéal m’avait maintenu en vie tout en m’aidant à respecter toute forme de vie ?

- Je ne les déteste pas. Et toi ?

J’avais finalement répondu ces quelques mots sans savoir quoi dire d’autre. J’espérais qu’elle aurait plus de choses à me raconter à ce sujet. Voire, pourquoi pas, m’apprendrait-elle peut-être à mieux comprendre ces animaux ?

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-Je les adore. Disons que ça a toujours été une partie intégrante de ma vie, je peux changer mes membres en membres félins et acquérir leurs propriétés. J'ai également un chat chez moi, depuis peu certes, mais il était si adorable...

Loin de me reprocher mon manque de parole, elle m’avait répondu comme je l’avais espéré. Je commençais à l’envier en vérité. Elle semblait avoir une vie « normale » contrairement à moi qui ne me rappelait que de la rue et la violence qu’elle m’avait fait vivre. J’étais loin d’être capable de la joie de vivre dont elle faisait preuve. J’eus l’impression qu’elle s’en rendit compte puisqu’elle se dit plus calmement :

-Cela te dirait d'apprendre à les aimer ? Je pourrais te présenter Jef, ou même les chats du chenil dans lequel je travaille. Enfin c'est si tu en as envie hein, je me disais simplement que ça te permettrait de bousculer le quotidien, sortir de ce cadre académique et tout simplement te changer les idées...

- Je ne peux pas sortir de l’académie : ça te mettrait en danger…

Pour ainsi dire, j’avais encore les assassins à mes trousses et je ne voulais pas mettre qui que ce soit en danger à cause de ça… en plus de prendre le risque que tout tourne mal. Soit je me ferais tuer comme la dernière fois, soit ils me transformeraient en un monstre. Je ne pouvais cependant pas le lui dire. Elle me fuirait directement. C’était certain… Du coup, je tentai de me reprendre :

- Mais c’est vrai que j’aimerais bien que tu me montres tout ça…

Je commençais à me demander si elle commençait à me trouver plus étrange que mystérieux, quoi que ces deux mots avaient des définitions assez proches au final. Ce n’était pas de l’amour, j’en étais persuadé, mais je n’avais pas envie qu’elle ait une mauvaise image de moi. Pas maintenant. Je ne savais pas si sa ressemblance avec mes amies en était la cause, mais je l’appréciais de plus en plus, regrettant les premières paroles que je lui avais dites. Est-ce que m’excuser maintenant était nécessaire ?

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