Une fois l'inscription terminée... [Pv Caitlyn Hanazakari]

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Peu après que je fus descendu de mon arbre, j’avais pu entendre le pion me courir après. Par crainte qu’il me rattrape et aille m’enfermer plus encore que je l’étais déjà, je me mis à courir comme si ma vie en dépendait. Sur le coup, je ne sus pas du tout où mes pas me menèrent, ne cherchant qu’à partir loin de tout danger. A vrai dire, ce n’est qu’en arrivant au beau milieu des jardins, caché derrière des haies récemment taillées, que je m’arrêtai enfin. Essoufflé comme le jour où j’étais allé chercher Noa en pleine panique, je m’assis en tentant de me calmer. Ce n’était pas le moment de perdre le contrôle. Cela ne l’était jamais, mais pour si peu… Surtout que Caitlyn m’avait posé une question. Là, comme ça, je ne me rappelais pas des mots exacts, mais il m’avait semblé qu’elle avait voulu me revoir plus tard.

Les yeux fermés, mi en tailleur, mis les genoux contre ma poitrine, j’attendis en profitant de sentir l’air froid sur ma peau. Le temps où je vivais dans la rue, bien qu’il ne fût pas toujours joyeux, me manquait terriblement. A ce moment-là, la seule préoccupation que j’avais était de savoir comment j’allais survivre. Mais depuis que j’étais à l’académie beaucoup trop de choses étaient arrivées, beaucoup trop de problèmes et de douleurs. Bon, il était vrai aussi que je gardais une certaine rancune envers moi-même. Après tout, si j’avais fait plus attention je n’aurais pas vu mon groupe mourir. Ils seraient même encore vivant aujourd’hui encore.

« Arrête un peu de portée toute la misère du monde sur tes épaules. Si Yumiko s’est fait enlever ce n’est pas de ta faute. T’as tes problèmes et tes limites comme tout le monde. »

Telles avaient été les paroles de Noa quand il s’était aperçus que je me tenais responsable de l’enlèvement de mon amie. Archie m’avait déjà dit quelque chose comme ça aussi… Malheureusement, je ne pouvais pas m’en empêcher. Que ce soit pour elle ou pour autre chose.
Après un moment que je ne vis pas passer malgré qu’il fût long, j’entendis des pas s’approcher. Je ne bougeai pas, mais je n’en restai pas moins prêt à partir en courant. Je reprenais mes habitudes d’enfant de la rue. Etait-ce bien… ou mal ?

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-Tu sais, je pense que sortir pourrait t'aider. Je peux à la fois me défendre toute seule et je ne vois pas en quoi tu serais un danger pour moi. Je suis sûre que voir le monde t'aiderait beaucoup, laisse-moi te le faire découvrir alors.

Il me semblait que nous nous étions mal compris, non ? Je connaissais l’extérieur et, pire encore, j’avais l’impression que c’était mon réel chez moi. Même pas après ce que j’y avais vécu. Il me semblait que j’allais devoir le préciser… Je sentis cependant qu’elle posa une main sur mon bras avant de me demander :

-Pourquoi rester enfermer ainsi ? Tu peux me faire confiance je pense avoir un truc pour te changer les idées tu vas voir !

Au début, je ne savais pas du tout quoi lui répondre. Lui dire d’un bloc que je venais de la rue serait certainement choquant, mais ce serait pire si je devais lui parler des raisons qui m’y avaient poussé. Non ! Il ne fallait pas que je lui parle des raisons. Cela créerait une panique inutile…
Tournant mon regard vers elle, je lui envoyai un message visuel comme quoi ce que j’allais dire n’avait absolument rien d’une blague avant de déclarer :

- A part aider les assassins qui me poursuive à me trouver et tuer les témoins d'une éventuelle agression contre moi, j’ai du mal à saisir ce que tu veux dire. Après tout, j’ai vécu dans la rue la majeure partie de ma vie.

Cela me faisait chier, au fond. Prononcer ces mots de vive voix me renvoyait le temps que j’étais resté ici sagement avec douleur et peine. Quoi qu’il y avait eu le voyage en Ecosse un peu plus tôt. Il avait été long et avait eu sa part de douleur comme de peine. Je n’avais pas réellement eu le temps de penser à ce qu’il se passait à l’académie, ou pas totalement. … N’étais-je pas en train de me perdre dans mes pensées ? Je n’étais même plus certain de ce que je voulais penser ou dire. Le pire était que je savais pourquoi : je souhaitais tellement pouvoir sortir à nouveau, couplé par mon état mental que j’avais découvert grâce à la mère d’Archie, que je ne voyais plus pourquoi je me répétais que ma vie était précieuse. Peut-être était-ce justement les personnes que j’aimais qui faisaient que j’étais encore là… Mais qu’en savais-je ?

- Es-tu capable de te défendre contre des tirs de sniper ?

J’avais pu sortir une fois en compagnie de Noa parce qu’il avait une ouïe super développée qui avait permis de sortir sans crainte d’être surpris par un coup de feu improviste. J’avais tout de même été sur mes gardes tout le long, certainement une habitude prise avec toutes les tentatives de meurtre que j’avais subies.

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Pendant un instant, la jeune femme resta silencieuse. Plusieurs choix s’offraient à moi sur la situation : soit elle réfléchissait, soit elle n’avait pas écouté la question, ou encore, elle n’avait pas l’intention de répondre. Je fus assez vite fixé quand elle me répondit :

-Eh bien disons que j'utilise mes capacités pour avoir de meilleurs réflexes etc. Mon ouïe se développe considérablement, ma vue également. Grâce à mes pattes je peux me rendre inaudible et avec mes griffes je peux me défendre. Si je devais trouver une utilité à ces pouvoirs je dirais directement la discrétion, l'espionnage, le corps-à-corps aussi en quelques sortes. Je suis incapable de te dire si je peux éviter ou non une balle. Je ne m'y suis jamais employée en fait, mais une chose est sûre c'est que je peux entendre les cliquetis sourds que font ce genre d'armes.

Sa réponse me laissait dans le doute le plus total. J’avais envie de lui faire confiance et faire ce qu’Archie souhaitait de moi (sans pour autant oublier mon amie, fallait pas exagérer !) et m’employer à vivre comme un adolescent de mon âge. D’un autre côté, je ne voulais pas la mettre en danger. Il en était hors de question. Et ce, même si elle m’avait prouvé qu’elle pouvait par la démonstration ce dont elle était capable. Malheureusement, ce qu’elle m’avait dit et la réalité étaient souvent deux choses très différentes.
Totalement perdu, je passai ma main sur mon visage avant de la passer dans mes cheveux tel un signe de grande réflexion. Qu’est-ce que je pouvais faire réellement ? J’avais seulement promis à mon père de cœur de ne pas sortir seul dans la rue, mais je ne voulais pas risquer des vies pour rien. D’un autre côté, était-ce possible qu’ils me cherchent encore après tout ce temps ? Je n’en étais même pas sûr en vérité. Donc, finalement, je regardai la jeune femme un instant avant de dévier le regard et lui répondre en rougissant à nouveau :

- Tant que tu m’obliges pas à aller dans un salon, j’veux bien tenter le coup.

Je savais que je faisais une grosse connerie en acceptant, mais j’en avais assez de rester toujours au même endroit et de tourner en rond dans les mêmes pièces jour après jour. Il fallait que je change d’air, que je puisse à nouveau respirer un peu… et apprendre ce qu’était être adolescent.

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La joie dont elle fit preuve ne m’échappa pas. Bien au contraire : le sourire qu’elle affichait était on ne pouvait plus parlant et le flot de parole qui suivit la seconde de silence de réalisation fut encore plus parlant :

-Chouette alors ! Quand veux-tu y aller ? On peut y aller maintenant si tu veux. En un coup de bus ce devrait être rapide, les plans à l'improviste sont toujours les excitants je trouve ! Ça te dit ?

Un peu braqué malgré moi par cela, je ne répondis pas, tentant désespérément de comprendre ce qu’il se passait. Pourtant, j’aurais dû avoir l’habitude puisque les gosses faisaient exactement la même chose. Ce n’était pas le cas… Pourquoi ? Qu’est-ce qui clochait chez moi ? J’étais vraiment con !
Semblant remarquer mon état, elle s’arrêta et repris une attitude plus calme sans être moins joyeuse. Elle se racla la gorge doucement avant de reprendre :

-Enfin c'est quand tu veux, mais vu qu'aujourd'hui je ne vais pas en cours et visiblement toi non plus, je me suis dit que ce pouvait être la bonne occasion. En plus il est bientôt l'heure du repas, je sais cuisiner pas trop mal je pense si ça t'intéresse.

- Tant que c’est pas du Haggis ou quelque chose qui s’en rapproche…

J’avais répondu ça avec un petit sourire malgré le souvenir assez fort qui s’y raccrochait et je me mis en route vers la sortie de l’école. J’espérais de tout cœur ne pas tomber sur Archie ou une autre autorité qui m’aurait tout simplement enfermée encore une fois. Heureusement, comme pour me récompenser de mon attitude de ces derniers temps, le destin me laissa accompagner Caitlyn jusque chez elle sans me mettre de bâton dans les roues. Je n’avais pas été moins méfiant en regardant toujours aux alentours pendant le trajet dans les rues. Malgré les passants qui étaient plutôt nombreux, je ne pouvais pas m’empêcher de me méfier. Après tout, la hauteur des bâtiments était parfaite pour me repérer malgré les gens… Valait mieux trop que pas assez, ainsi nous nous en sortions indemnes et prêts à passer un bon moment. Enfin… je l’espérais grandement.

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Lorsque nous fûmes arrivés à son appartement, Caitlyn s’excusa parce que l’ascenseur était en panne. Ne sachant pas vraiment ce que c’était, j’haussai simplement les épaules en la suivant dans les escaliers. Ce ne fut pas flagrant au début, mais je remarquai finalement qu’elle allait vite, ne s’économisant nullement alors qu’elle avait précisé qu’elle habitait au cinquième étage. Pour ma part, je n’étais pas pressé et je ne voulais pas faire la course avec elle. Je montai donc à un rythme modéré, la laissant prendre de l’avance. A vrai dire, c’était sans aucun doute la première fois que j’entrais dans ce genre de bâtiment sans qu’il soit délabré comme ceux dans lesquels j’avais vécu mes premières années dans la rue.
Essoufflée alors que nous arrivions enfin chez elle, la jeune femme ne prit pas le temps de reprendre son souffle et ouvrit la porte pour entrer en faisant devant un chat qui miaulait :

-OOOOH ! Mooon biiibouu !

Ne comprenant pas très bien, j’entrai simplement en fermant la porte avant d’ôter mes chaussures. Elle reprit mon attention juste après cela en me montrant une boule de poils grise posée dans ses bras sur le dis :

-Yasushi je te présente Jef, chat de gouttière magnifiquement adorable et kawaii à en mourir. Tu peux le caresser il se laisse totalement faire si tu as mon odeur sur toi !

Pendant un instant, je passai mon regarde d’elle au chat et vice versa sans réellement comprendre la moitié de ses phrases. Bon ! C’est vrai que j’exagérais… mais à peine seulement ! Je fus tout de même tenté de caresser la bête qui me regardai avec l’air de me dire : « Bon ! C’est quand que tu me caresses histoire qu’elle me lâche ?! ». Il se laissa faire alors que je lui fis deux caresses avant de me mettre à regarder tout autour de moi. Tout était rangé à a place, non pas comme chez les Rubis la plupart du temps.

-Installe-toi, fais comme chez toi ! Bon là bah y a le salon j'ai compris que tu n'aimais pas alors tu peux soit t'installer dans ma chambre ou dans la salle à manger ou avec moi dans la cuisine si ça ne te dérange pas de voir courir dans tous les sens pour cuisiner !

J’appréciai grandement ce qu’elle venait de faire. J’avais des difficultés à me sentir « chez moi », mais cette maison était bien plus agréable que le manoir des parents d’Archie. Il n’y avait pas photo sur ce point. Alors… où m’installer ? Ne souhaitant pas vraiment m’isoler maintenant alors qu’elle m’avait donné envie de voir son mode de vie, je la suivis dans la cuisine. Plutôt claire et lumineuse, elle était assez pratique de ce que je pouvais voir. Mais le mieux était que je pus m’installer au bar pour le regarder s’afférer comme je le faisais jadis à l’auberge de ma bienfaitrice. Ce temps-là me manquait malgré la vie difficile qu’il représentait.

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Alors que j’étais simplement assis à la regarder, Caitlyn s’affairait à préparer le déjeuner. Elle avait de la chance que l’heure du petit déjeuner soit passé : je commençais enfin à avoir faim contrairement au matin. Certainement ne mangerai-je pas énormément, mais ce serait déjà pas mal à mon sens. D’ailleurs, je me demandais comment elle faisait pour que ses gestes soient aussi fluides en cuisine. Je savais, certes, m’occuper d’un bar, mais quand il était question de nourriture mes capacités étaient comme limitées. Berth était bien meilleure que moi en ce domaine et, apparemment, mon hôte aussi. Cette dernière laissa échapper des larmes en coupant un… un… C’était quoi au juste ? Pour le coup, elle avait raison en prétendant qu’il sentait fort, mais était-ce cela qui la faisait pleurer ? Je ne comprenais pas, mais je ne lui demandai rien non plus. Je n’en avais pas réellement envie au fond puisque cela ne me servirait peut-être jamais.

-Tu aimes les pâtes carbonara dis-moi ? Il y a tous ces ingrédients dedans, dis-moi si quelque chose te déplaît là-dedans, ce repas est pour toi !

- T’inquiète. Comme je te l’ai dit, tant que tu me fais pas du Hagis ou une chose qui y ressemble, je mangerais.

Je lui avais répondu en esquissant un léger sourire. J’étais comme amusé par ses questions qui, pour moi, n’avaient pas vraiment de sens. Aussi, pourquoi tournait-elle toujours sur elle-même en préparant le déjeuner ? Elle allait finir par avoir le tournis à force. Je ne lui fis cependant pas part de cette pensée, la laissant faire. Après tout, elle s’y connaissait mieux que moi et elle le prouvait de mille façons. Puis, de toute façon, elle me posa une autre question :

-Quelque chose à boire te ferait plaisir ?

« Plaisir » ? Heu…
Je ne savais pas vraiment quoi penser par rapport à ça. Ce qui me faisait plaisir c’était le fait d’avoir enfin une photo de ma mère pour me rappeler son visage à tout moment grâce au pendentif en or autour de mon cou. Après, les boissons n’étaient pas vraiment un lot qui ravivait une flamme éteinte depuis longtemps. Voilà pourquoi je ne savais pas quoi lui répondre.
Ne voulant pas la déranger non plus alors qu’elle cuisinait, je me levai pour aller ouvrir le frigo. Je préférais voir par moi-même ce qu’elle avait à me proposer. Finalement, ne voulant pas renouveler l’expérience de la bière et ne souhaitant pas m’en prendre au soda, je décidai de jeter mon dévolu sur le jus d’orange qui se révélait être une valeur à peu près sûre. Après tout, rien ne valait la vraie saveur du fruit ! Je pris donc la bouteille, la posai sur le bar pour ensuite demander :

- Tu ranges où les verres ?

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-Dans le placard à ma gauche !

Le placard à sa gauche… En haut ou en bas ? Par instinct, je regardai dans le premier placard à sa gauche en haut. Bien m’en prit puisque je les trouvai directement. J’en pris deux et servis le jus d’orange. Pendant ce temps, l’Emeraude continuait de cuisiner avec une certaine concentration que je connaissais bien pour la mettre à exécution dès lors que je me mettais à travailler. Je fus d’ailleurs surpris en l’entendant crier de douleur :

-AIE GRMBLBL !

Ne pouvant malheureusement rien faire pour elle, je la regardais aller se passer de l’eau sur sa brûlure. Etant plus ou moins immunisé jusqu’à un certain point, je ne comprenais pas très bien, mais je n’en dis pas un mot avant de me rappeler que cette insensibilité n’était qu’à la paume de mes mains et grâce à mon pouvoir. Je ne pouvais donc pas la juger vraiment.
Ignorant plus ou moins sa remarque concernant les pailles. Je ne comprenais pas le plaisir de boire avec un morceau de plastique dans la bouche, préférant nettement le contact du verre. D’ailleurs, je donnai à la jeune femme le sien avant de me rassoir. Le silence n’était pas pesant, mais je cherchais désespérément un sujet de conversation sans vraiment en trouver. Même le chat qui miaulait à mes jambes ne parvenait pas à me faire poser une seule question ou lâcher un commentaire. Etais-je si froid que ça ? Peut-être…

-A table, monsieur est servi héhé !

En plus d’avoir préparé la table, la jeune femme avait servi le repas sans me demander la moindre aide. Tout le contraire de Berth en soi et, alors qu’avant aider me faisait râler, ne pas le faire me dérangeait. C’était assez étrange… Est-ce que mon vécu en Ecosse y était pour quelque chose ? Je n’en avais absolument aucune idée au fond et ce n’était pas le moment de faire trop patienter la demoiselle. J’allais donc m’installer à table et l’attendis. Est-ce qu’elle faisait aussi le béné-truc que le père d’Archie m’avait demandé de faire lors de mon premier repas chez lui ? J’espérais que non… Du coup, comme pour éviter de le faire, je prononçai un bref « bon appétit » avant de commencer à manger. C'était bon mais je ne pus manger plus que la moitié de mon assiette, comme à chaque fois qu'on me servait généreusement.

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Je ne fus pas plus surpris que ça en constatant que la jeune femme était intriguée par le fait que je n’avais pas terminé mon assiette. Je lui répondis donc d’un simple signe de tête assez bref que je ne mangerais pas plus. Je ne voulais pas m’étaler sur les causes et je pus constater avec un certain soulagement qu’elle ne chercha pas plus de réponse que cela. Par contre, le chat semblait trop m’apprécier à mon goût. Enfin, ce n’était même pas ça : je ne comprenais tout simplement pas ce qu’il pouvait vouloir à se frotter sans cesse à mes jambes. Je sentais le poisson ou quoi ? Caitlyn, cependant, semblait bien plus à l’aise et profita qu’elle commençait à débarrasser la table pour le prendre et le poser… sur mes jambes. Comprenant encore moins, je tendis une main comme pour le prendre. Je dû cependant m’arrêter dans mon geste car il se mit à se frotter contre mon bras. Désespéré, je le laissai faire en le regardant simplement alors que la jeune femme s’affairait… encore une fois…
Une fois qu’elle eut terminé, elle ôta son tablier et détacha ses cheveux pour ensuite se remettre à parler en souriant :

-Je suppose que tu n'as jamais joué à un jeu vidéo dis-moi ? Ça te dirait d'essayer avec moi ? Oh et au fait j'ai de la mousse au chocolat, une part de tarte au citron meringuée et un reste de tiramisu au frigo, si tu veux un dessert, j'ai aussi des yaourts nature ou à la vanille, comme tu veux. Par contre désolée je n'ai pas de fruit à te proposer je n'en achète pas j'en ai horreur.

Trop d’infos !! Comme percuté par cela, je mis ma tête en arrière, les yeux fermés, avant de la regarder à nouveau pour lui répondre calmement :

- J’ai vraiment plus faim. Quant aux… jeux vidéo ? Tu m’parles de quoi, sérieux ? Y’a des fois où j’ai vraiment l’impression que tu me parles une autre langue…

Je ne lui en voulais pas puisque nous venions de deux univers totalement différents, un peu comme je l’étais avec Archie. Mais, là, ça se voyait tellement que ça m’en faisait mal. Le pire était que je savais que Miko non plus ne connaissait pas tout ça et qu’elle aurait très certainement voulu le découvrir. En attendant de pouvoir la secourir et lui faire découvrir, j’attendis les réponses de Caitlyn en me demandant ce qui m’attendait exactement, autre qu’un chat moteur qui semblait réclamer quelque chose que je ne comprenais pas. Il avait faim ou quoi ?

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Un peu vexé d’entendre rire l’Emeraude, mais surtout en comprenant que c’était en découvrant que je ne savais pas déchiffrer ce que me voulait l’animal, je fis une moue assez expressive en la regardant. Je la laissai cependant s’approcher de moi et prendre ma main pour me montrer le geste adéquat à faire. Elle agrémenta le tout d’un petit commentaire :

-Tout ce qu'il te réclame depuis tout à l'heure c'est des papouilles ! Il en raffole !

Des « papouilles » ? C’est comme ça qu’elle appelait de simples caresses ? Sincèrement, il me semblait que tout ça n’était pas fait pour moi. Quoi qu’après une minute ou deux je me surpris à y prendre goût. C’était assez étrange car je me sentais un peu plus calme même si je n’avais rien oublié de ce que je ressentais au fond. Je fus cependant comme forcé d’arrêté puisque le chat fut délogé par sa maîtresse qui semblait avoir d’autres projets pour moi. M’invitant à entrer dans ce que jugeait être sa chambre, elle prépara quelque chose en déclarant :

-Je pense que tu pourrais aimer, je vais te faire essayer !

En disant cela sans cacher une joie que je ne comprenais pas, elle me montrait une sorte de boîte avec des boutons plus ou moins colorés et un écran. Ne voyant pas où elle voulait en venir, je la regardai simplement préparer un coin sur son lit, à côté d’elle, avant de me tendre la boîte.
Me rappelant soudainement de ce qu’il s’était passé la dernière fois que je m’étais retrouvé avec une fille ressemblant de près ou de loin à mon ex, j’eus quelques peurs de reperdre le contrôle de moi-même. Est-ce que cela irait ? Allais-je rester totalement lucide ? Parce que nous allions être dans une chambre, j’avais quelques doutes qui subsistaient alors que mon esprit me renvoyait l’image de Noa sans que je l’aie réellement cherché. Qu’est-ce que cela signifiait au juste ?!

-Allez viens, je ne vais pas te manger !

La voix de la jeune femme m’avait comme réveillé, me faisant légèrement sursauter par la même occasion. Légèrement gêné par ce qu’il se passait dans mon esprit, je passai une main sur ma nuque en approchant du lit. Calquant un peu Caitlyn, je m’assis sur le matelas avec retenue avant de lui jeter un coup d’œil interrogatif en désignant la boîte :

- Et tu veux que je fasse quoi avec ça ?

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Je ne comprenais pas trop pourquoi elle riait alors que je m’asseyais sur le lit… Sérieusement, il était trop d’éléments qui m’échappaient et je n’aimais pas ça. Je détestais me sentir décalé de tout et encore plus quand ce décalage me mettait mal à l’aise. Heureusement, Caitlyn se montra assez compréhensive concernant la boîte et elle m’expliqua en détail :

-Eh bien alors le bouton A c'est pour valider ou effectuer une action dans le jeu, le bouton B pour revenir en arrière. Start pour mettre en pause et ouvrir ton menu avec ton sac qui contient tes affaires, voir tes pokémons etc. Mais avant cela tu dois te faire une partie ! Regarde l'écran et lis ce qu'il y a marqué dessus et tu verras ! Tout est expliqué !

Encore cette histoire de « poquémone » ? Et en plus il fallait lire ? Levant les yeux au plafond pour m’aider à prendre mon courage à deux mains, je pris une grande inspiration avant de commencer à lire les instructions affichées sur l’écran. Tout comme la jeune femme me l’avait dit, je dus créer un personnage et un nom. Pour faire dans la simplicité, je mis « Yasu » avant de devoir lire des tonnes d’explications. Je pus ainsi comprendre ce qu’étaient des pokémons et le « but » du jeu. Enfin… à quelques détails près. Mais avant de passer aux choses sérieuses, je m’inquiétais un peu de ce que pouvait penser la jeune femme appuyée sur mon bras en regardant ma progression sur ma lenteur de lecture. Au final, malgré mes lectures sur le droit entre autres, j’avais encore quelques difficultés à lire certains mots. Heureusement, je ne me ridiculisais pas en le faisant à voix haute, ni en demandant de l’aide. Après tout, si j’avais pu lire du droit, pourquoi un « jeu vidéo » me mettrait en difficulté ?!

Après quelques dizaines de minutes où j’appris progressivement à prendre en main les touches, leurs fonctions et le jeu en lui-même, je parvins enfin à ce que j’appelais « un instant de liberté ». Par là je voulais dire que je pouvais enfin aller où je voulais sans qu’on me rappelle que quelqu’un m’attendait ou qu’une personne me disait que je ne pouvais pas encore partir. Je trouvais cet aspect du jeu très limitant. D’ailleurs, cela me fit demander à l’Emeraude :

- J’comprends pas pourquoi on ne laisse pas de liberté dans ce jeu… C’est voulu pour une raison ou quoi ?

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Alors que mes mots sonnaient sévères, voire énervés, Caitlyn garda une grande douceur en m’expliquant les raisons de ces limites :

-En fait le jeu est un peu vieux et à cette époque on ne pouvait pas laisser de grosses libertés, la technologie n'était pas assez développée. Donc là tu joues avec une liberté maximale pour l'époque. Mais tu verras tu seras plus libre à force ne t'en fais pas. Si tu veux je te fais jouer à un jeu ou deux totalement libre après sur mon PC je pense que tu aimeras plus !

Je ne savais pas comment décrire cette impression que j‘avais. C’était comme si je m’ennuyais en m’amusant. Quoi que je ne fusse pas vraiment m’amuser. « Découvrir » était certainement plus exact. Certainement qu’il y avait un truc qui m’échappait totalement… Mais quoi ?

-Tu verras maintenant dans les jeux Pokémon récents il y a plus de 800 pokémons haha ! Bon dans celui que je te fais essayer y en a moins donc t'en fais pas, mais ça reste un des meilleurs ! Si un pokémon te tape à l'œil dis le moi je te le montre en plus détaillé, je les ai tous dessinés !

Lâchant un soupir, je me laissai tomber sur le lit en regardant un instant le plafond. Je ne savais pas quoi dire. D’une certaine manière je voulais continuer pour découvrir ces fameux Pokemons. Mais, d’un autre côté, ça me cassait les pieds de devoir me sentir prisonnier d’un jeu et, surtout, d’un endroit dans un jeu. Je devais bien avouer que je ne voyais pas vraiment l’intérêt à ça, technologies ou pas. Du coup, je montrai la console à la jeune femme pour lui demander, sans me relever :

- Sérieusement, t’as mis combien de temps pour découvrir tous les pokemons et finir le jeu ? Parce que c’est bien gentil de me dire que tu me montreras le dessin de celui que j’préfère, mais comment veux-tu que je fasse un choix de ce que je ne connais pas ?

Je ne savais pas si ce que je disais était cohérent, mais il était autre chose qui ne m’allait pas vraiment : comment étais-je sensé choisir avec de tels dessins de console ? Je trouvais ça étrange à vrai dire, sans parler du manque de couleur qui n’aidait pas. Puis, si j’avais bien compris, l’intérêt, en plus de découvrir les Pokemons, c’était de faire une équipe avec nos préférés, non ? J’étais sensé faire ça comment moi dans ces conditions ?

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