Silence ça pousse ! [Pv:Luxia]

J'ai tenu ma promesse! Enfin, de toute façon je m'étais simplement promis à moi même, mais ça reste ça de fait. Oui, je suis retournée en cours. Oui, j'ai été sérieuse, j'ai pris des notes, et je me suis intéressée. Ca n'a pas été facile les quelques premières minutes, mais finalement l'heure est passée assez vite. Après, il faut pas pousser non plus. Une heure par jour c'est largement assez pour le moment. Puis j'ai quand même pas appris grand chose, c'était majoritairement des révisions, comme quoi j'avais raison depuis le début en me disant que je ne raterais rien de trop extravagant. Mais peu importe, ma conscience est soulagée! Je mentirais pas totalement à mon père quand je lui dirai que je suis attentive et sérieuse en cours. D'ailleurs, maintenant que j'ai repris contact avec lui, on s'envoie régulièrement des messages et je me sépare encore moins de mon portable. Ca, c'était pour la petite partie où je raconte ma vie. Passons maintenant au vif du sujet.

Sur le chemin de la classe ce matin, mon casque sur les oreilles et la démarche assurée comme à mon habitude, j'ai remarqué qu'un bout de paperasse dépassait de mon casier. Un message? Encore? Wow. Je le saisissait sans même ouvrir la portière, assez contente qu'il n'y ait pas eu un abruti pour l'arracher avant, puis le lisait rapidement. Une certaine Akira, que je ne connaissait pas, me demandait rendez-vous dans la serre pour parler affaires. Quel genre? Je ne le savais pas. Mais peu importe, je décidai de m'occuper de tout ça après l'heure de travail que je m'étais imposée.

Me voilà donc en train de marcher en direction de la serre. J'ai juste été poser mon sac et tout ce qui m'encombrait. Il ne reste sur moi que mes indispensables, à savoir mon portable mon casque et mon briquet, parce qu'on ne sait jamais. J'observe les arbres qui ont maintenant presque totalement fini de reverdir, et profite des rayons de soleil qui passent au travers avec un petit sourire satisfait. Je sens que le printemps va être très agréable. Je réfléchis aussi brièvement. Si on me donne rendez-vous dans la serre, c'est très certainement pour me demander quelque chose en rapport avec mon pouvoir. Et bien, il faut croire que ma réputation circule bien, moi qui pourtant suis assez discrète. Enfin, quand je suis pas en train de provoquer les gens en duel ou d'allumer un petit feu... Bref, je me suis un peu renseignée, et apparemment ce serait une nouvelle rubis. Ca me suffit pour le moment.

J'entre dans le cabanon de verre et aperçois une jeune fille blonde assise sur un banc, jouant impatiemment avec un petit couteau. Je retire le casque de mes oreilles, avec ce qu'il me reste de politesse, puis demande pour vérifier si il s'agit bien de ma rubis;

"-Akira Lavotchkine?"

Puis finalement, je prends ça comme une évidence. Elle est seule ici, et tout le monde est censé être en cours. Je suis simplement étonnée de la voir vêtue de l'uniforme de l'académie, alors que moi même n'ait toujours pas ouvert le plastique de teinturier qui recouvre le mien. Je porte comme à mon habitude une chemise jaune, un jean et une veste, c'est bien plus confortable que ces trucs d'anglais. Toujours un petit sourire sur mes lèvres, de bonne humeur, j'ajoute avec humour en lui tendant la main;

"-Luxia Kabuto, fausse Saphir, pot de fleur, sécheuse de cours et tergiverseuse de profession! Tu voulais me demander quelque chose?"

"-Akira Koutouzovna Lavotchkine, Vraie Rubis, Succube de l'est et manipulatrice de métier."

Me répond-elle après s'être levée, sans prendre la main que je lui avait tendue. Je la range donc dans la poche de mon jean sans plus insister, bien qu'un peu déçue et je dois l'avouer et mise en méfiance par sa petite description. Elle n'est clairement pas là pour plaisanter, mais elle a au moins le mérite d'être franche dans sa présentation. Si elle a en effet dit vrai, alors elle en a même révélé plus sur elle que moi, mais bon, peu importe. Avec le plus grand sérieux du monde, voilà qu'elle m'explique la raison de cette invitation.

"-Je pense que ton pouvoir peut nous être utile ici."

Dit elle d'abord en me tendant un petit sachet, dont je n'eu aucun mal à identifier le contenu.

"-Tu vois autant chez moi je pouvais en avoir les quantités que je voulais sans trop me fatiguer mais dans ce pays « développé » ça me revient très cher. Je te propose un marché, tu m'en files une quantité fixe chaque semaines, j'en garde pour moi puis je revends le reste, moitié sur les gains de la revente pour toi, le même pour moi. Intéressé ? "

Mon visage a lui aussi adopté une expression des plus sérieuses, et me voilà en pleine réflexion. C'est maintenant elle qui tend sa main, l’accompagnant d'un petit "Alors ?" comme pour me demander si le marché est déjà conclu. Seulement, certaines choses me dérangent, et c'est en toute franchise que je m'apprête à les lui expliquer, accompagnant mon discours de nombreux gestes comme ont tendance à le faire les Italiens lorsqu'ils s'expriment.

"-Hum... Je vois... Pour tout te dire, j'avais déjà envisagé qu'on veuille utiliser Gaïa pour ce genre de choses; je ne suis pas surprise. Seulement voilà. En dehors du fait que j'exprime un mépris certain envers les drogues et ce genre de choses, certains trucs me dérangent un peu. Tu vois, si tu veux fumer de la marie-jeanne, ça te regarde, et même si moi ça me répugne, je n'irai pas t'en empêcher et je n'en aurai rien à faire. Ensuite, si tu veux que je te fournisse, sur le papier du moins, ça ne me pose pas de problèmes. Tu pourras même garder tout les bénéfices pour toi si tu veux, ça ne changera rien pour moi. Je suis largement assez à l'aise financièrement pour ne pas m'intéresser à l'argent noir. Mais il y a deux choses bien plus problématiques. Premièrement, même si il m'arrive très souvent de ne pas respecter le règlement, puisqu'un très certains nombre de points sont selon moi superficiels et inutiles, je dois réfléchir aux conséquences de mes actes. Tu sais qu'on ne risque pas qu'une heure de colle ou un renvoi temporaire, à la limite? Tu sais que derrière l'académie se cache une "agence" qui à déjà posé des problèmes bien plus importants à des élèves pour moins que ça? Selon la rumeur ils seraient capables de "confisquer" nos dons, et ils auraient même déjà été jusqu'à en torturer certains. Je ne veux pas courir ce risque, je crois que c'est compréhensible. Bien sûr, si on venait à nous attraper je pourrais jouer à la petite fille innocente et prétendre que je ne savais pas ce que je faisais, et que je ne recommencerais pas, mais je suis là depuis presque huit mois maintenant, j'ai presque quinze ans, et ma réputation est faite ici. Personne ne douterait que je serais en train de mentir, je ne serais pas crédible. Après, j'ai aussi la solution de te renvoyer la faute, de prétendre que tu m'y as forcée, ou je ne sais quoi, mais bien que ça m'arrive parfois, je déteste mentir et ce n'est pas vraiment mon genre. En tout cas, sache que si ça devait arriver, je ne te cacherais pas et t'exposerais sans scrupule. Je n'ai aucune raison de vouloir te protéger. Pour faire pousser ce que tu veux, je veux avoir la certitude que je ne m'attirerai pas de problèmes. Des mots ne suffiront pas, il faudrait monter une espèce de pièce de théâtre pour justifier que je crée de la drogue, tu vois? Comme ça je pourrais être innocentée, et le reste ne concernerait que toi. Le dernier point restant aussi n'a à voir qu'avec toi. Bien que mes plantes ne soient pas différentiables de plantes naturelles, je n'ai jamais essayé de manger un fruit venant d'un arbre de ma création ou testé un produit venant d'une de mes plantes, je n'ai aucune idée de si ils sont réellement comme des plantes classiques ou non, et je n'ai pas réellement envie de risquer ça. Je ne pense pas qu'il y ait de grand risque, mais encore une fois si tu veux te risquer à ce genre d'expériences, ça ne regarde que toi."

J'ai étudié une immense quantité de facteurs, mais lorsque ça concerne un domaine dans lequel je suis particulièrement méfiante, avec en plus une personne que je ne connais pas, je préfère la sécurité. Ce n'est pas comme se lancer yeux fermés dans un duel, je risque bien plus que deux trois côtes. Et je ne veux surtout pas risquer de perdre mon seul espoir de vengeance, à savoir Gaïa. Tout doit être planifié à la perfection. Je fixe la jeune russe droit dans les yeux, attendant de sa part une réaction quelconque.

La jeune Rubis semble prendre un instant de réflexion, probablement pour analyser complètement mon énorme pavé de monologue, avant de me répondre;

"-L'agence ? Je ne sais pas encore de quoi tu me parles, mais j'irai me renseigner un peu pour voir ce que c'est. Dans tous les cas, pour nous couvrir . En vrai je m'en fiche, balance sur moi les responsabilités si tu veux, j'aurai sans doutes faits de même si tu étais moins naïve, mais tu ne l'es pas."

Hum hum. Il ne manquerait plus que ça. C'est bien ce que je me disais. Je ne peux pas prendre le risque de lui faire confiance. Mais si en sois je n'ai pas de problème à négocier avec elle... Je vois très bien que les rapports que nous nous apprêtons à développer sont très éloignés de l'amitié, et moi, je n'ai aucune expérience dans les domaines commerciaux. Je dois faire très attention à ne pas me laisser manipuler, même si je ne suis pas intéressée par l'argent et ce qu'elle m'a proposé jusqu'ici. Après tout, je suis une "gosse de riche" qui n'ai jamais eu à gérer ce genre de choses...

"-Mon passage en Angleterre n'est que temporaire, si je me fais virer, je m'en fiche un peu, je pourrais me débrouiller comme je l'ai fait pendant de nombreuses années, je reste juste ici car je suis nourrie et logées, donc j'en profite.
Mais si tu veux construire un plan plus complexe ne t'en prive pas. Mon pouvoir me plaît comme il est je ne vois pas comment il pourrait s’améliorer."

Je fais "non" de la tête. Je crois qu'elle n'a pas compris mon problème. Je reprends donc, toujours aussi sérieusement;

"-Bon, je crois que tout n'est pas clair. Moi, si je suis prise à collaborer avec toi, je vais avoir des problèmes. Quelles proportions? Je ne sais pas. Mais là n'est pas la question. La proposition de la mise en scène que j'avais soumise plutôt ne me paraît plus possible, maintenant que je crois que nous sommes sûres de ne pas être capables d'entretenir une relation de confiance mutuelle. Tu es d'accord non? Alors maintenant, que veux tu faire? Tu peux toujours essayer de trouver un arrangement, qui sait, si tu arrives à quelque chose qui tient la route... Mais ne compte pas sur moi pour chercher alors qu'en sois, ce contrat de pourrait arranger que toi."

Contrairement à toute attente, la rubis semble présenter beaucoup de compréhension. Moi qui m'apprêtais à ce qu'elle parte en me jetant un regard assassin ou qu'elle insiste, voilà qui est plutôt plaisant.

"-Bon je vois que l'échange n'est plus possible à propos de ce marché, soit, tant pis, pas grave. D'un point de vue matériel, ce n'est pas encore trop grave, l'utilité de ce marché est plutôt anecdotique. Mais je comprend ton point de vue."

Je me demande comment je pourrais bien avancer la discussion, le silence s'étant installé au milieu des plantes de la serre, mais finalement la nécessité ne se fait pas sentir plus que ça. Elle se saisit de ses affaires disposées de façon anarchique de part et d'autre du banc, avant de prendre la direction de la sortie. Je la regarde faire, toujours dans un silence complet mais qui personnellement, ne me dérange pas, avant de poser sa main sur mon épaule alors qu'elle passe à mon niveau. Je suis toujours un peu surprise, toujours aussi peu à l'aise avec le moindre contact physique, mais ne laisse rien paraître et continue de la regarder.

"-Bon je vais te laisser, mais sache que malgré l'échec de notre marché, on peut se revoir quand tu veux tu sais, tu sais désormais où me trouver."

Je me trouve étonnée de cette remarque. Finalement, ne veut-elle vraiment qu'une relation commerciale? Peu importe. Elle sort en m'adressant un sourire que je lui rend, sûrement par courtoisie plus qu'autre chose, enfant bien éduquée que je suis, avant de remarquer un petit papier tombé au sol. Il n'était pas là avant, si? Je l'observe et y remarque un numéro de téléphone, avec au dessus un nom en russe. Je vois, elle me laisse ses coordonnées. On ne sait jamais. Je range le pense-bête dans ma poche et sors à mon tour, prenant nonchalamment la route du parc, où je vais probablement passer le reste de ma journée. Après tout, sans ce genre de petites rencontres, la vie à Tsuki serait bien fade, non?

Fin du rp <3