Le bunker tremblait, certain pan de mur commençaient à s’effriter. L’homme à la mallette commença à se ronger nerveusement les ongles si fort qu’il se retrouva avec le gout ferreux du sang dans la bouche. Il réajusta ses lunettes qui passait la plupart de leur temps à glisser sur son nez. Voyant à quel point son seuil de tolérance avait été dépassé, il finit par se lever et à faire les cents pas devant l’immense porte blindé.

L’armature était absolument gigantesque, il se rapprocha doucement et posa sa main avec une légère hésitation afin d’en sentir le contact et se rassurer sur sa solidités. Allait-elle résister encore longtemps, le plafond céderait il avant ? Allait il mourir enseveli à des centaines de mètres sous la surface ? Cette mission était-elle si important après tout ?

Une autre secousse se fit sentir, l’homme perdis légèrement l’équilibre, la petite ampoule se mis à clignoter avec une certaine agonie. De petits gravas se détachèrent du plafond et vinrent s’éparpiller en peu partout dans la pièce. L’homme retira sa main précipitamment et la fourra dans sa poche.

Voyant que l’homme commençait sérieusement à s’inquiéter, la secrétaire assise derrière son bureau tenant d’une main un parapluie métallique la protégeant des incommodités du quotidien, se racla légèrement la gorge.

- Ahem… Monsieur, veuillez rester assis je vous prie cela ne devrait plus être long à présent.

Un petit témoins lumineux vert s’alluma au-dessus de la porte. Les secousses et les clignotements chaotique de l’ampoule avait cessé. La jeune femme posa son ombrelle renforcée comme si elle ne pesait rien, sur le sol. Elle chassa du bout de ses escarpin rouge carmin les quelques gravats sur son chemin et fit signe à l’homme de s’avancer.

Sa silhouette était fine, très élancée, ne pouvant s’empêcher de porter son attention sur le physique de la jeune femme qui aurait pu être sa fille, l’homme continua de la dévisager du regard. Elle posa ses petites mains sur la roue crantée de plusieurs tonnes et commença à la tourner comme si elle changeait un pneu de sa voiture. La porte métallique commença à s’ouvrir doucement dans un bruit d’engrenage et de vérrou se débloquant les uns après les autres.

Derrière cette silhouette frêle se cachait une détentrice de pouvoir. Par réflexe l’homme fit un pas en arrière, de par son expérience, les gens à la force surhumaine étaient redoutables et s’il y avait bien une chose à ne pas faire c’était les mettre en rogne. Il releva les yeux et laissa la porte s’ouvrir progressivement dévoilant au fur et à mesure un couloir sans fin.

- Veuillez me suivre s’il vous plait.

Ils s’engouffrèrent tous deux dans le couloir, la jeune femme se retourna et pressa un bouton rouge en façade qui fit se refermer la porte.  Soudain une secousse beaucoup plus terrible encore se fit sentir, l’homme tomba au sol, il agrippa sa valise de toutes ces forces et la posa sur sa tête afin d’éviter de se ramasser quelques gravats sur le crâne. L’immense porte métallique fit un bruit sourd et le mécanisme se bloqua laissant la porte juste assez entrouverte pour y laisser passer un individu de taille moyenne.

Au même moment au fond du bunker

***

- Arrêtez tout !

Hurla un homme à la chemise blanche délavée trempée de sueur, il passa nerveusement sa main dans ses cheveux gras et s'essuya le front avec un vieux mouchoir usagé. Cet homme était le responsable de cette activité hautement lucrative qui voyait son gagne-pain mourir à petit feu à cause d’un client un peu trop enivré par l’effet de l’amplification.

- Que je m’arrête ? Mais vous êtes fou ! Regardez seulement ce dont je suis capable de faire à présent !?! Qui pourra... Non qui osera m’arrêter ?

L’individu dirigea la paume de sa main vers le plafond en béton et commença à exercer une poussée mentale. Les pieds de l’homme s’enfoncèrent dans le sol et le plafond commença à se fissurer de part en part, les gravats se mettaient à flotter dans l'immense pièce comme si la gravité ne s’appliquait plus désormais. L’homme jubilait devant sa toute-puissance, l’équipe de sécurité essayait tant bien que mal de l’arrêter mais les armes à feu ne faisaient plus aucun effet. Les projectiles semblaient s’arrêter mystérieusement à quelques centimètres de son corps grâce à un champ de force.

- Aegis ! Qu’est-ce cela signifie ? L’effet ne devrait-il pas s’être estompé cela va bientôt faire deux minutes à présent !

Le jeune homme releva doucement la tête avant de replonger dans la corbeille et d’y vomir tout son déjeuner, le contrecoup était vraiment violent cette fois ci, jamais la nausée avait été aussi forte. Le garçon s’essuya la bouche du revers de la manche et inspira profondément…

- La limite des « une minute a plein potentiel » n’est pas fixe, elle varie selon les individus et…

- Ferme là je sais déjà tout ça ! Apprends-moi plutôt un truc que je ne sache pas déjà p’tit con !

Cette limite il la connaissait très bien et peu importe la bonne volonté d’Aegis, une fois le pacte conclus il ne fallait que s’en remettre au temps et espérer que la personne qui voit ses pouvoir augmenter temporairement ne devienne pas fou.

- Bordel mais qu’est-ce que fabrique Judith ?

Soudain une silhouette s’élança sur le télékinésiste et le projeta avec violence contre le mur, coupant ainsi sa concentration et laissant ses chaussures incruster dans le sol. Le plafond s’écroula de nouveau et cette fois ci plus rien ne pourrait stopper ça. Le fou se releva difficilement entre les décombres et leva la main afin de projeter son adversaire mais le choc reçu juste avant avait dû finir d’épuiser toutes ces ressources et rien ne se passa.

- Mais et mon pouvoir… ?

La jeune femme le toisa du regard ajusta son chignon bien serré. Et attrapa Le jeune garçon par la taille et le jeta par-dessus son épaule comme un sac de pomme de terre.

- Votre augmentation de pouvoir n’était que temporaire c’était bien précisé sur le contrat, vous auriez dû lire les petits caractères.

Finalement les gravats commencèrent à tout recouvrir, l’homme à la chemise délavé, responsable de toute cette histoire gisait à même le sol, une poutre métallique lui traversant la cage thoracique, l’équipe de sécurité avait fuis depuis déjà bien longtemps et pour ceux qui étaient restés, gisaient là, sous les décombres.

- Bon je te sors d’ici, mon maigre salaire d’intérimaire ne couvre pas vraiment ce genre de situation.

Elle inspira profondément et finit par dire…

- Et je déteste ce job.

Elle jeta ses talons aiguilles au loin et se mit à courir à toute vitesse en direction de la sortie, elle remonta le couloir sans fin, enjamba les fils dénudés, les câbles électriques, les distributeurs de boissons renversés pour finalement apercevoir l’homme étrange à la valise qui n’avait pas bougé, serrant sa mallette comme si sa vie en dépendait.

Elle l’attrapa au passage et le jeta sur son autre épaule. Accéléra sa course pour finir par percuter la porte métallique d’un coup de pied puissant qui la fit sortir de ces gonds et s’incruster dans le mur en face.

L’homme à la mallette aperçu sur l’autre petite épaule de la jeune femme la raison de sa visite.

- Monsieur EDGE ?

Aegis tourna légèrement la tête et dévisagea du regard son nouvel interlocuteur tout en faisant soigneusement attention à ne pas se mordre la langue à cause des secousses générées par Judith en furie qui courrait à toute allure pour fuir d’un bunker en train de s’écrouler.

- Si c’est mon pouvoir que vous souhaitez, je ne peux rien pour vous pas avant au moins une semaine minimum.

L’homme fit un sourire, et tenta d’ajuster sa cravate avec sa main gauche tendit qu’il tenait sa mallette de sa main droite pour finalement perdre ses lunettes dans un énième saut de Judith pour éviter des tables renversées. Désabusé devant sa propre maladresse il rougit de honte avant d’ouvrir sa mallette et d’y récupérer une lettre sous scellée.

- Voici pour vous un pli que je devais vous remettre en main, propre, vous n’avez pas été facile à trouver.

Aegis pris le pli a son nom et lu les inscriptions.

« Académie Tsuki »