On devrait discuter (PV Akatsuki... Ou Alaric?)

Cette journée avait été comme d'habitude : morne et banale. Depuis que tu était ici, les journées se ressemblaient toutes : seul la date changeait vraiment. En fait, pour être plus précis, elles étaient assez répétitive : quelques disputes entre élèves à régler, les pauses option café obligatoire, quelques heures de colle à surveiller à la limite, et... bah, c'était à peu près les grosses tâches de la journée. Inutile de dire que tu t'ennuyais.

Heureusement, la fin de la journée était (enfin) arrivée. Par chance, tu n'avais aucun travail supplémentaire : tu avais fait en sorte d'en refiler une partie à tes collègues parce que t'avais vraiment pas envie de bosser plus. Tu pousses un long soupir. Cette journée-ci était peut-être finie, mais on ne pouvait pas en dire autant de la semaine ; pire, elle ne faisait que commencer. Avec cette triste pensée en tête, tu te relève un peu difficilement de ta chaise. Ah, j'ai oublié de préciser que tu avais actuellement mal au dos depuis ce matin pour on-ne-sait-quelle raison. Par chance, la douleur s'était petit à petit atténuée, mais elle restait tout de même présente. Tu ne savais même plus comment te placer pour ne pas avoir mal.

Une fois levé, tu commences à songer à rentrer chez toi, puis te rappelant que ta cousine allait très certainement te sauter au cou parce que tu lui avais emprunté un petit truc sans sa permission, tu décides de rester à l'académie un peu plus, histoire de repousser un peu plus cette entrevue qui n'allait certainement pas être agréable... Il n'y avait plus qu'à prier pour que tu ne la croise pas dans les couloirs de l'académie. Tu décides d'aller te balader dans l'aile Diamant, même si ce n'était peut-être pas une bonne idée sachant qu'Ellen aimait bien traîner dans le coin.

Tu finis par tomber sur le salon commun. Tiens, ça fait un moment que je ne suis pas venu ici, il me semble. Il fallait dire que tu n'allais pas vraiment souvent dans l'aile Diamant, surtout parce que tu ne pensais pas à y venir (et tu n'habitait pas dedans, contrairement à d'autres profs). Tu ouvris la porte de la salle et entendis une voix familière :

Ah bonsoir... Akatsuki?

Ah, Archie. Tu ne t'attendais pas vraiment à voir le professeur ici, mais tu t'entendais plutôt bien avec lui. Même si tu le trouvais un peu trop naïf. Même si au ton de sa voix, tu ne saurais dire s'il était déçu de te voir parce qu'il attendais quelqu'un d'autre ou s'il était seulement surpris de te voir. Ou les deux. Tu le salue brièvement avant de te diriger vers la sainte machine à café... Qui était déjà prise. ... Merde.

Veux-tu un café? C'est frais fait par le meilleur barista du coin

Tu hoche simplement la tête en disant :

Ouais, s'il te plaît.

Tu attendis donc ton café avant de t'installer sur le canapé. Tu essayais de ne pas montrer que ton dos te faisait mal, mais cela devait quand même se lire un peu sur ton visage que ce n'était pas agréable. Une fois installé, tu prends une gorgée de ton café. Peut-être que ça te soulagerais un peu.

Confortablement installé sur ton canapé et peu désireux d'en bouger, tu remarques que ta tasse était aussi bleue que tes cheveux. Tu en venais à te demander si Archie l'avait fait exprès ou si ce n'était qu'une simple coïncidence. Bah, après tout, ce n'est qu'un détail.

Alors, Aka... Rude journée?

A cette question, tu hausse légèrement les épaules. "Rude" est un bien grand mot pour désigner ce que tu avais fait, même avec un mal de dos. Franchement, il y avait plus passionnant.

Bof, à part que j'ai mal au dos, tu marmonnes.

Tu bouges un peu pour être mieux calé dans le canapé. La première fois que tu avais posé tes fesses dessus, tu ne t'attendais pas à ce qu'ils soient aussi confortables, à vrai dire. Tu t'endormirais presque dedans, mais tu avais quelque chose dans les mains, donc mieux valait éviter pour prévenir les catastrophes... Mais il est vrai que tu ne dirais pas non à un petit somme dans un lit.

Alors qu'il s'était installé dans un canapé, Archie se leva subitement et de se diriger vers le premier évier qui était à sa portée. Tu le suis des yeux, intrigué. Qu'est-ce que... Tu l'entendis recracher un liquide, puis il dû vider quelque chose si tu te fiais au bruit. Tu le vois ensuite revenir, et il semblait plutôt gêné. Il s'est passé quoi ? Archie finit par t'avouer quelque chose d'assez... insolite et original :

...Il semblerait que j'ai salé mon café...

.... Hein ? Tu ne savais pas quoi en penser, aussi tu le regardes, assez surpris, avant de laisser échapper un petit rire que tu avais du mal à contenir. Sérieusement, comment on pouvait saler du café ? Fallait le faire, quand même... Tu ne savais pas vraiment quoi penser, sinon que Archie est très maladroit/tête en l'air et que c'était très drôle. Il tenait enfin une excuse pour l'embêter : parce que c'est pas drôle de se moquer de la corpulence des gens, y'a tout le monde qui a dû le faire... Je vais pas le lâcher avec ça. Essayant de reprendre un peu de sérieux, tu demandes, amusé :

Mais comment t'as fait ?

Bien que tentant d'arrêter de rire de sa bêtise, tu ne pouvais t'empêcher d'y repenser et te remettre à rire un peu. Heureusement, tu finis par enfin reprendre ton sérieux (parce qu'il fallait bien que tu prennes ton café), bien qu'une lueur amusée se lisait dans ton regard... avec un petit sourire en coin tout aussi amusé. T'étais fier d'avoir trouvé quelque chose sur quoi l'embêter chaque fois que tu allais le croiser.

Non mais sérieusement, saler son café quoi... Tu avais vraiment du mal à t'en remettre : c'était pas tous les jours que l'on croisait quelqu'un qui mettait du sel dans un café. Déjà que tu n'arrivais pas trop à comprendre les gens qui mettaient une tonne et demie de sucre, alors du sel...

Archie te dit qu'il avait un peu la tête ailleurs en ce moment -où, on se le demande-, ainsi qu'une autre chose qui te fit bien marrer ('fin, moins que le coup du sel, mais un petit peu quand même, en témoigne ton petit sourire en coin) :

Aussi, le sel et le sucre sont tous les deux en sachet ici. Je suppose que ça ne doit pas aider... Bon okay, tu peux rire, mais gardes ça pour toi s'il te plaît.

Mais oui, bien sûr. Et non, il n'allait pas le garder pour lui : chaque fois qu'il le verrait, il lui ferrait la remarque, collègues autour ou non. C'est le genre de truc où tu te sens obligé de le raconter à tout le monde (et la personne qui a l'idée de lire ça aussi, je suppose) parce que... bah, parce que.

Mais oui, je te crois, tu réponds, amusé.

Le prof', sûrement ayant envie de parler d'un autre sujet, enchaîna ensuite :

Par contre pour ton mal de dos, je peux t'arranger ça si tu veux. J'ai du baume anti inflammatoire.

Tu hésitais un peu à accepter. C'était sympa de sa part, mais t'étais pas vraiment sûr que ça allait être efficace et en plus, tu détestais qu'on te touche hors certains contextes particuliers (et encore...). Une autre raison de ta réticence, c'était qu'il risquait de voir ton dos, et par conséquents les multiples traces et cicatrices qui le parcourait. La plupart, tu n'avais absolument aucune idée d'où elles pouvaient provenir. Mais en même temps, peut-être que cela te soulagerais ? Bah, ton mal de dos se calmerais le lendemain, de toute façon. Enfin... normalement ?

Euh... ça ira, merci, tu réponds.

Tu t'enfonces dans le canapé en prenant une autre gorgée de ton café. Tu n'avais vraiment pas envie d'en bouger, premièrement parce qu'il était confortable et que t'étais bien installé, et deuxièmement parce que tu savais que ta cousine finirait par te tomber dessus et se venger (la connaissant, elle n'allait pas rester sans rien faire) parce que tu lui avais pris un petit truc sans sa permission et qu'elle s'en était rendu compte on ne sait comment. Peut-être que tu t'étais fait dénoncé par un d'eux, pour peu qu'ils en soient au courant ? Quelle merde...

Un silence s’installa entre vous deux. Tu ne savais pas vraiment quoi lui dire, en fait, tu n’avais pas grand-chose à lui raconter. Heureusement, Archie commença à reprendre la parole, mais il semblait hésitant… Il avait quelque chose d’important à te dire, peut-être… Ou alors il cherchait un sujet de conversation, au choix -même si y’en avait pas des masses, là. Sauf que tu t’attendais à tout… sauf à la question qui allait suivre :

Je fais des recherches sur le trouble dissociatif de l'identité... Tu connais des gens qui en souffre ?

Tu pâlis. Si tu avais du café dans la bouche, tu l’aurais presque recraché ; heureusement que tu avais juste à peine porté la tasse à tes lèvres. Tu trouvais ça étrange qu’il te demande si tu connaissais des gens qui souffraient de ça ; se doutait-il de quelque chose ? Si c’est le cas, il avait dû rencontrer une de ces personnes malencontreusement… Il t’avait complètement bloqué, tu ne savais pas quoi répondre, car tu savais qu’au moindre dérapage il risquait de découvrir que toi-même tu en souffrais… Au pire, il restait le déni, mais si jamais il insistait ? Merde, merde, merde, je suis censé répondre quoi à cette question, moi ?! Sentant que tu commençais à paniquer intérieurement, tu essaie de te calmer. Il fallait que tu restes le plus neutre possible et que tu joues la comédie ; après tout, ce n’était pas la première fois que tu la jouais, non ? Essayant de reprendre une expression "normale" de personne absolument pas concernée, tu réponds :

Ce... c’est quoi cette question ? Je n’en connais personne, moi…

Néanmoins, on pouvait sentir une pointe de malaise -enfin, une pointe…- dans ta voix ; tu avais l’impression qu’on pouvait savoir que tu cachais quelque chose, et ce n’était pas ton intention de départ. Il fallait absolument que tu trouves quelque chose pour te rattraper… Tu avais bien une idée en tête, mais tu n’étais pas sûr que ça serait réellement crédible… Au pire, qui ne tente rien n’a rien. Arès tout, la majorité des gens "normaux mentalement" de cette planète confondaient ces deux maladies, non ? Sauf que tu te souvins aussi que les gens connaissaient cette maladie sous un autre nom bien plus simple… Et que c’était le meilleur moyen d’enlever tous les soupçons, enfin, c’est ce que tu pensais.

Je ne vois même pas de quoi tu parles, en plus, tu réponds, plus sûr de toi cette fois.

Tu n’aimais pas trop jouer la carte du parfait ignorant, mais tu préférais éviter qu’il ne devine que tu en es atteint -si ça n’est pas déjà fait. Avec un peu de chance, il te laissera tranquille après t’avoir expliqué ce que c’était -même si tu le savais déjà, de base. Mais même avec ça, peut-être qu’il te laisserait tranquille pour mieux t’observer, et qu’ensuite il te ressortira un des noms pour… Tu chasses cette pensée de ta tête : tu préférais éviter de penser au pire. Sachant que le pire, c’était qu’il sache déjà que tu l’avais.

Archie te fit un petit sourire qui te mit un peu mal à l'aise avant de t'expliquer ce dont il voulait parler, en te regardant droit dans les yeux :

Le trouble dissociatif de l'identité, auparavant appelé personnalité multiple, est caractérisé par la présence de deux ou plusieurs identités ou "états de personnalité" distincts qui prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet, s'accompagnant d'une incapacité à évoquer des souvenirs personnels. Cette incapacité est trop importante pour s'expliquer par une mauvaise mémoire.

Merde. Tu avais déjà ce que c'était, mais là, il s'était trop bien renseigné pour que tu joues le gros ignorant débile qui confond ça avec la schizophrénie. Même si ça ressemblait assez à du copier/coller trouvé sur Internet, sa définition. Mais il t'avais quand même coincé. Enfin, un peu. S'il te demandait de te raconter des souvenirs, surtout remontant à trop loin, là t'allait être bloqué. Pourvu qu'il ne me demande pas de raconter quelque chose à propos de mon enfance... Déjà que c'est un sujet délicat... Clairement, ça se voyait sur ton visage que tu étais mal à l'aise. Tu jouais avec la tasse, comme si tu espérait que ça allait te détendre. Archie repris :

Je ne cherches pas à te faire peur, bien sûr... Mais sûrement que cela toi t'évoquer quelque chose? Je ne veux que m'informer afin d'être en mesure d'aider... les gens atteints.

Trop tard, t'es en train de me faire peur. Enfin, en un sens. T'avais peur qu'il finisse par découvrir que tu en étais toi-même atteint si ce n'était pas déjà fait ; il allait te prendre en pitié, peut-être t'envahir beaucoup trop, ou alors... Non, il ne fera rien de tout ça, si...? C'était surtout ses réactions que tu appréhendais. Et puis, même s'il le savait, pourrait-il réellement t'aider ? Tu te débrouillais très bien tout seul, de toute façon, même sans psy qui te suivait ; tu ne les aimaient pas trop de toute manière, ces personnes-là. Tu finis par répondre à Archie en essayant de cacher ton malaise et surtout, de ne pas faire de bourde pouvant révéler quelque chose :

Ca ne me dit rien du tout, désolé... Je pense que... que tu te trompe de personne...

C'était la phrase de trop, tu aurais peut-être dû te la fermer plus tôt ; s'il ne se doutait pas de quelque chose... En même temps, tu étais trop angoissé par l'idée qu'il le sache pour réfléchir. Au pire, tant pis, il le sauras, et il le diras à qui veut bien l'entendre, et là... Non, tu ne préférais même pas imaginer ce qui allait se passer.

Tu te demandais si Archie ressentait à quel point ce sujet te mettait extrêmement mal à l'aise ; peut-être qu'il ne s'en rendait pas compte, ou en tout cas pas réellement, vu qu'il continuait à insister... Tu ne savais pas vraiment comment détourner la conversation, ta principale préoccupation de l'instant, t'empêchant de réfléchir correctement. Archie enchaîna :

Je vois... Tu connaitrait pas non plus une autre... personne?

Tu bug pendant cinq secondes avant de le dévisager, surpris. Qu'est-ce que c'était que cette question ? Tu ne savait absolument pas comment la prendre la question. A vrai dire, tu ne t'attendais pas vraiment à ça... Que voulait-il réellement dire ? T'en connaissais plein des gens, alors... Non vraiment, tu ne comprenais pas trop ce qu'il avait voulu dire. Peut-être voulait-il parlait d'eux, mais si c'était le cas, c'était un peu... mal mené ? Et même si c'était le cas, c'était un peu bizarre. Genre il te prenait pour le pire des associable existant sur cette terre qui n'avait jamais noué la moindre relation sociale, et c'était quelque peu insultant dans ce sens-là. Bien que ça soit un peu vrai. Tu finis par lui répondre :

Euh... tu entends quoi, par là ? tu dit, avant de changer d'expression pour une plus suspicieuse, légèrement renfrognée. Tu me prends pour quelqu'un qui n'a jamais sociabilisé avec les gens ?

Tu te permet ensuite de reprendre une autre gorgée de ta boisson, que tu avais failli oublier avec cette conversation assez... gênante. Peut-être qu'Archie s'était décidé à enfin changer de sujet ? N'importe lequel pourrait te convenir, à quelques exceptions près... Ou alors il essayait juste de détourner un peu la conversation pour mieux y revenir... Tu chasses cette pensée de ta tête. D'ailleurs, comment vous en étiez arrivé à là ?

Archie se rattrapa plus ou moins maladroitement :

Ah non, bien sûr que non! Après tout, tu as un emploi ici, tu côtoies des élèves et tu me parles... Sauf si je ne fais pas partie des gens, haha...

Tu aurais pu lui adresser un signe pour lui montrer que ça t'avait amusé, mais tu n'en fit rien, tu n'avais pas pu. Le sujet de tout à l'heure revenait encore et encore, quoi que tu fasses pour le chasses. Tu jettes nerveusement des coups d'oeil autour de toi, comme si quelqu'un pouvait à tout moment rentrer dans la pièce et surprendre une partie très... compromettante de la conversation. Puis tu te rends compte que c'est complètement stupide ; pourquoi quelqu'un viendrait à ce moment précis ? Ce n'est pas comme si vous parliez d'un sujet sens... ... c'est le cas, mais tu stopperais la conversation dans tous les cas si quelqu'un arrivait sans prévenir. Tu te détends, te demandant encore pourquoi tu avais eu une réaction aussi idiote tout à l'heure.

Mais bon, c'est dommage. Si tu n'es pas au courant, ce n'est pas si grave que ça... Je pourrais demander à Alaric.

.... Hein ? Tu crois faire un arrêt cardiaque pendant quelques secondes, ou alors c'est ton coeur qui a loupé un battement ; dans tous les cas, il y a eu un bug général. C'était confus, tu ne savais pas quoi penser, ni quoi dire. Actuellement, tu devais sûrement être encore plus pâle qu'un mort. Plusieurs questions se bousculaient et se battaient en duel, notamment une, très cruciale en cet instant : d'où il le connaissait ? Il ne l'avait quand même pas... rencontré... par accident ?

Euh...?

Tu finis par te reprendre. Non, il ne fallait pas qu'il voit qu'il avait touché le point très sensible, ni même qu'il ne confirme ses doutes s'il en avait déjà. Seulement... C'était peut-être, même probablement un peu tard pour se rattraper, non ? De toute façon, tu n'avais plus trente-six solutions, et autant tenter une dernière fois quelque chose... Ca ne ferait que t'enfoncer un peu plus, mais tu ne voulais pas avouer ça. Tu ne voulais pas qu'il te regarde... bizarrement quand il te verrais. Tu finis par lui dire, détournant les yeux ton malaise se sentant très bien :

Je... Je ne vois pas de qui tu parles...

Tu mentais, bien sûr, mais tu ne savait pas si ça se voyait. Avec un peu de chance, ça se voyait, mais tu t'en fichais un peu, à vrai dire. Tu étais acculé au mur, et à moins de changer de sujet, tu n'allais pas vraiment avoir d'autre choix que de lui avouer que t'étais le seul mec avec une santé mentale déficiente... T'aurais peut-être pas dû venir aujourd'hui, tout compte fait.

Tu aurais clairement préféré qu'il reste dans l'ignorance ; comment il allait te regarder, maintenant ? Très peu de personnes étaient au courant -2 à tout casser, trois en comptant Archie maintenant-, de toute manière.

Akatsuki... Il n'y a pas de quoi avoir peur ou avoir honte. (Tu le regardes, un peu surpris, il continue) Tu sais... J'ai un trouble du spectre de l'autisme, avant appelé asperger. Ce n'est pas du tout la même chose, bien sûr. Mais pour mon père, il m'a élevé durement pour que je sois ''normal''. Il ne voulait pas que son fils unique ait une anomalie. Cela lui a pris du temps... Mais il a fini par m'accepter, après bien des années.

Tu ne savais pas trop ce que c'était ce dont il parlait, pire, tu n'avais pas bien compris ce qu'il avait dit. Dans ta langue natale, tu aurais peut-être compris, mais là... Et c'était pas son accent de tu-sais-pas-où bien prononcé qui allait aider. T'avais juste compris qu'il avait un truc et que son père... Bref. Qu'entendais-t-il par "normal" ? Parce que c'était très relatif, quand même. Au moins, il n'avait pas réellement de problèmes avec son trouble, du moins en apparence, lui... Toi, tu n'arrivais toujours pas à t'accepter, et en plus tu avais plein de soucis avec ta maladie ; tu ne voulais même pas en entendre parler Archie continua :

J'ai rencontré Alaric... Dans cette ruelle où tu t'es retrouvé. Je ne voulais pas te mentir, mais je ne voulais pas te faire peur. Tu sais, je ne vais pas te traiter différemment. Pour moi... Toi et Alaric êtes deux personnes à part entière. Tous les deux avez votre place pour moi et... Je voudrais être votre ami.

Tu sens tes poils se hérisser (façon de parler) à cette remarque. Lui, ami... avec lui ?! Non, tu refusais cette idée. Tu ne savait pas vraiment pourquoi, mais tu refusais. Tu savais peut-être comment il avait rencontré l'autre là et pourquoi tu t'étais retrouvé là-bas sans explication apparente -tu t'en doutais déjà, mais tu ne savais pas ce qui avait été fait-, mais tu ne voulait pas qu'il se mêle de ça. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu étais persuadé que, malgré ses dires, il allait te traiter différemment. Peut-être étais-ce une crainte infondée, mais tu en était convaincu.

J'ai des preuves que tu ne me "traiteras" pas différemment ? Nous ne sommes pas deux personnes à part entière, lui c'est qu'un connard qui a décidé de venir me faire chier à vie qui n'a pas été foutu d'aller ailleurs plutôt que de me parasiter !

Tu avais haussé le ton, presque crié à la fin de ta phrase. Tu t'en rends compte peu après, un peu honteux (et puis, traiter Alaric de connard alors qu'il est encore "innocent"... hem). Ce sujet était vraiment très sensible... Heureusement qu'Archie n'était pas au courant du reste.

D... Désolé... tu dis, détournant le regard.

Là, tu avais vraiment envie de disparaître très loin et de ne jamais revenir. Pourquoi avait-il fallu qu'il s'en rende compte ? Pourquoi ?!

Tu étais mal à l'aise depuis le début, maintenant tu étais énervé et un peu honteux. Archie enchaîna

Ce n'est rien... Tu sais, les preuves, ça viens avec la confiance, je suppose? Ça se gagne avec le temps. Ce n'est pas très gentil de traiter Alaric comme ça. ...As-tu pensé que de son point de vue, tu es le parasite? Moi je ne vous vois tous les deux comme ni l'un ni l'autre. Je ne chercherai pas à déterminer qui est le vrai ou le faux, il n'y en a pas. Pour toi et Alaric, la distinction entre une ''vraie'' personnalité équivaudrait à la mort de l'un de vous, et je ne veux pas ça. Je ne peux pas vraiment comprendre, tu me diras... Mais je peux me douter que ce n'est pas facile. Moi, tout ce que je veux faire c'est aider. Comme j'aiderais n'importe quel de mes amis.

Tu avais l'impression qu'il te faisait la morale, et ça t'énervas encore plus. Mais en un sens, il avait raison... Enfin, peut-être pas en fait. C'était lui qui était venu t'envahir après tout, pas l'inverse. Tu préféras ne pas chercher plus loin, ayant déjà du mal avec ton... identité, si en plus tu devais discerner le vrai du faux... Au moins, Archie avait eu la sagesse d'esprit qu'il ne pouvait pas comprendre. Pas comprendre ce que tu vivais, ce que tu ressentais. Il ne pouvait pas comprendre à quel point c'était dur, très dur. Et ce n'était pas sa morale énoncée plus tôt qui allait arranger la chose ; de toute façon, tu avais fini par t'habituer à vivre avec, et avec tous les inconvénients qui vont avec... Parce que tu souhaitais bon courage à la personne qui allait essayer de trouver des avantages, à part peut-être donner l'illusion que tu avais deux pouvoirs -un pour les personnes n'étant pas au courant de ton vrai pouvoir. Et encore, tu n'appelais pas trop ça un avantage.

Pff, tu crois vraiment que du haut de ses 9 ans, il a pensé à un truc pareil ? tu dit amèrement, ignorant tout le reste. De toute façon, je crois qu'il en a rien à faire, comme...

Tu t'arrêtes juste à temps : un peu plus et tu aurais dû parler des autres ! Tu aurais dû improviser quelque chose, mais à la place tu te mis à regarder ailleurs, comme pour appuyer une comparaison inexistante, comme pour forcer Archie à jouer les devins pour deviner ce que tu voulais dire. Tu avais vraiment hâte que la conversation se termine et que tu puisse prendre l'air, parce que tu n'aimais pas du tout la tournure que ça prenait.

Peu importe, à la base j'ai rien demandé. Je comprends pas pourquoi tu insistes pour être amis avec... lui, tu termines.

Tu trouvais ça étrange qu'Alaric ou un autre ne soit pas encore intervenu, tiens.

Archie reprit la parole :

Bah... J'insiste pas pour être ami tant avec lui qu'avec toi. Tu sais, j'ai jamais aimé jouer les favoritismes. Si on considère que tu n'as pas de souvenir quand il est éveillé, mais que vous partagez pas le même corps, je préfères que tu saches que tout ira bien quand même?

Tu tournes la tête, comme pour regarder un pot de fleur inexistant qui n'apparaîtra pas par la magie du scénarium et qui restera invisible. Tu ne réponds pas à sa remarque ; et puis, que pourrais-tu répondre à ça ? Tu avais un peu l'impression qu'il te prenait pour un enfant, et tu n'appréciais pas trop ça. Tu n'étais pas toujours convaincu par les dires du gros bonhomme. Et puis bon, il allait s'amuser quand il découvrira qu'il y avait aussi 3 autres personnes qui avaient élu domicile dans ton corps. Tu n'avais pas envie qu'il le découvre ; déjà qu'avec Alaric, c'était délicat, alors avec les autres... Tu allais peut-être devoir leur parler. D'ailleurs...
C'était sincère, ce que tu as dit sur Alaric ?
Tu ne réponds pas ; de toute façon, tu étais actuellement dans l'impossibilité de répondre, Archie allait trouver ça très bizarre que tu commences à parler avec le vide ; déjà qu'il devait certainement penser que tu avais besoin d'être suivi, il valait mieux éviter d'en rajouter une couche.
Hey, tu m'a entendue ?!
Tu ne réponds toujours pas ; si elle commençait à s'y mettre, elle aussi, ça n'allait que t'énerver encore plus. Et tu ne savais pas comment lui faire comprendre que tu étais actuellement en train de parler d'un sujet très délicat et qu'il valait mieux éviter de se faire remarquer pour le moment.
Bon... C'est pas très gentil, ce que tu lui as dit, tu le sais au moins ?
Mais elle va se la fermer, oui ?! Bien sûr que tu en étais conscient, tu n'étais pas bête. Elle t'agaçait, à te faire tout le temps la morale dès que tu disais ou faisais un truc -et encore, là, ça n'avait pas duré longtemps ; y'a des fois ça fait limite des monologues interminables qui feraient au moins 500 mots sur le papier. C'était quand même pas ta mère. Tu finis par répondre à Archie d'un ton très convaincu en marmonnant :

Si tu le dis...

Tu fixes ta tasse, n'ayant même plus envie de faire l'effort de terminer ton café. Là, tu avais juste envie que la discussion s'arrête et de te casser le plus vite possible et ne plus aborder le sujet pendant un long moment.