[Event] My Funny Valentine ! [PV Les inscrits]

Jïnn aurait voulu lui tendre la main, lui dire "Je serai toujours là" ou tout autre chose capable de le rassurer, de l'aider. Hélas, le contexte ne s'y prêtait pas. Dans le chaos, son visage ainsi que tous les traits le composant s'étaient durcis. Il souhaitait du plus profond de son être que la personne sous la capuche ne soit pas celle qu'il sentait. Il voulait se tromper, se dire qu'il n'était pas doué pour savoir, ne pas le voir. Hélas, le visage de Myo' enfin dévoilé, c'est avec une douleur au cœur que sa neutralité commençait à vaciller à peine. Lors de ses paroles, les mots du rubis lui clouait le bec aussitôt une fois prononcées. Il aurait souhaité continuer, lui en dire plus, qu'il pourrait trouver des circonstances atténuantes. Ce schisme dans son esprit le ravageait doucement mais surement. Le plus douloureux dans ce moment où le temps paraissait suspendu était l'effet miroir entre les deux protagonistes.

Jïnn avait le même regard que Myo lui portait. Celui de la colère, de la rancœur, du refus d'accepter son acte. L'intérieur, lui, était totalement chamboulé. Il y avait tant de choses à accomplir, tant de personnes à galvaniser, à inspirer, à soutenir. Il y avait tellement de valeurs à transmettre, à partager, à enseigner. Pourquoi son acte balayait toute cette perspective d'avenir potentiellement radieux ? Pourquoi lors de la traversée du tunnel il préférait rester dans les ténèbres ? Quand il lui saisit le col, l'envie de lui coller son poing dans la mâchoire le démangeait, au poing où contrôler sa contraction paraissait être surhumain. Il pourrait s'en faire saigner les paumes, chose faîtes à présent puisque ses ongles avaient pénétrés sa peau. Un fin filet de sang commençait à perler, goutte à goutte, pour imprégner l'herbe verte d'une couleur écarlate. Néanmoins, il devait le laisser terminer. Une seule pensée résonnait en boucle dans son esprit :

-Vide toi, expulse toute ta colère, dépêche toi....Purge moi ces tâches noires sur ton âme !

En étant entre quatre yeux, Jïnn essayait de voir à travers ces vitres l'âme de Myo. Sans pouvoir, sans lecture surnaturelle, juste un lien humain. Il omettait dans la mesure du possible sa propre perception, voulant s'en détacher, malgré le fait qu'il ne pouvait se retenir.

« J'ai encore perdu Jinn.. J'arrive plus à faire semblant putain.. » Jïnn avait baissé les yeux vers sa main qui avait desserré son col. Son visage était à présent neutre, comme un calme avant une future tempête. « Tout ces gens qui sont mort à cause moi, tout ces gens que j'ai pas pu protéger et que j'ai mené à la délivrance, à cette mort si prématuré... Je n'en dors plus, je les vois tout les soirs qui me regardent, qui n'attendent que le jour ou l'on me tailladera la gorge pour se languir de mon expédition en enfer » Quand il posait son crâne sur son torse, il ne pouvait s'empêcher de penser à juste l'enlacer. Finalement, l'Homme puissant, fort et mystérieux lui paraissait être un enfant ayant besoin d'un soutien. Il s'en voulait tellement....mais tellement...« Il faut m'enfermer Jinn, il faut qu'on m'empêche d'apporter autant de malheur dans la vie des gens.. Tu comprend ce j'ai fait pas vrai? Dis moi que tu me comprend s'il te plait? Dis moi que tu sais que je n'ai jamais voulu de tout ça.. J'ai besoin d'aide Jinn.. Ils ont volé ma dignité, ils ont volé ma nature putain.. » Les poings de notre protagoniste se desserraient, laissant encore des gouttelettes de son fluide vital décorer le sol comme des perles qu'on poserait sur une bague. Ce sang...Il continuait à affluer sans cesse pour sortir, comme les larmes de sa colère dont la couleur était caractéristique. du sentiment véhiculé. « ILS M'ONT TOUT PRIT PUTAIN ! » L'intensité sonore de son cri..non...du rugissement de son âme venait de briser l'air neutre qu'il peinait à conserver.

Cette fois, c'était à son tour de baisser la tête, fermant les yeux en affichant un air profondément attristé. Il devait se faire une raison. Incapable de voir dans son propre camarade ses maux, sa colère, sa folie dévorante. Jïnn ne retenait pas sa surprise et son étonnement quand Myo' lui saisit le visage pour établir un contact chaud et réconfortant malgré ses mains froides qui aspiraient la chaleur de ses joues, ayant le sang chaud.

-Ce n'est pas à toi de faire ça....N'inverse pas les rôles...

L'envie de lui parler ne manquait pas. Hélas, ses lèvres étaient scellées. Que pouvait-il bien répondre à une personne qu'il aimait beaucoup au point de ne pas vouloir le blesser par des paroles. Pourquoi l'instinct lui communiquait le message que ce contact amical serait possiblement le dernier ? Allait-il mourir ici ? Le reverrait-il un jour à ses côtés comme l'objectif initial le souhaitait ? En plus de perdre un précieux allié, il perdrait un précieux ami. Un frère d'arme, un camarade, avec qui l'impossible ne serait qu'une utopie. Sauver ce monde de ses maux, donner une lumière au bout du tunnel. Il se devait de le creuser ensemble, jusqu'à trouver une sortie. Une fin...une fin radieuse, supposée répandre des sourires et des acclamations. Le destin parfait aurait été celui d'être à la tête de cette maison, de ce refuge. De voir les enfants grandir et s'épanouir d'un air insouciant. De voir des parents fiers d'en être arrivés là. Une harmonie, un équilibre, une acceptation de soi et des autres.

« Je vais nourrir cette vengeance qui me hante en m'enfermant avec les plus fous d'entre nous. J'ai besoin de trouver des réponses sur ma personne et ça n'est surement pas ici que je vais en trouver. Continue d'être un héro pour ces gens, continue d'être un model pour ces jeunes rêveur et quand tu songeras à terminer la guerre qu'ils ont commencé, tu me trouveras. » Jïnn tremblait. Non pas par peur, ni par crainte ou quoi que ce soit. Depuis tout ce temps, les ténèbres du tunnel l'avaient rongés, morceaux par morceaux, doucement mais surement. Sa trop grande confiance l'avait rendu aveugle. Devenir un héro hein ? Ce même héro qui ne peut voir son propre ami en proie à ses doutes ? Il secouait la tête, resserrant les poings. Ces mains n'avaient pu se tendre au moment opportun pour son frère de sang. A quoi pouvait servir autant de puissance quand le problème était sous son nez ?! Une profonde frustration tordait son faciès. Cette fois c'était trop. Jïnn allait ouvrir la bouche quand...« Cela marquera le début de ma Rédemp... »...Un coup de feu interrompait ses paroles inaudibles par la pollution sonore environnante. Jïnn l'avait pressentit à cause de sa défense précédente qui n'avait pas bougé. Ainsi, dans le respect fraternel qu'il devait à Myo, il le rattrapait avant qu'il ne tombe au sol, pour l'y déposer comme un frère mort, sur l'herbe fraîche et douce. Ayant assez retenu ses larmes, il craquait. Quelques unes perlèrent de ses yeux.



Ses mains posées sur son torse, il serrait doucement son haut pour ensuite se pencher au dessus de son visage évanouit, les yeux fermés. Ses perles de peine coulaient alors sur le front, dévalant lentement le visage de Myo, l’imprégnant de ses émotions. Il ne pourrait surement pas l'entendre, mais sa bouche s'ouvrait enfin pour lui dire en ces mots, la voix montrant qu'il était perturbé :

Comment veux-tu que je sois un héro si je ne peux même pas t'aider toi ? Tu n'es qu'un idiot...Un idiot têtu...Qui va te raisonner quand tu iras trop loin ? Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé...On aurait pu....Ulli, Warren, moi....Tu m'avais même envoyé Shinji. La figure inspirante n'était pas supposé être moi...Tu es le guerrier qui en a vu...Tu as pu affronter des choses qui me dépasses. Sa voix reprenait une tonalité plus grave et suave, encore plus ancrée dans les larmes, pendant qu'il se redressait légèrement. Pour cela...Myo' Monacelli, tu es le guerrier le plus respectable que j'ai pu voir. Repose toi bien, purge tes péchés...Je te retrouverai pour te ramener dans la lumière que tu étais supposé rejoindre avec nous. Même si tu ne peux plus résister à ton envie de vengeance et la folie qu'elle te procure....Je reviendrais plus fort pour la purger. Sois en certains. En attendant...Dors...Prends le repos que tu mérites. On se reverra...mon frère.

Sa main passait alors au dessus de son visage, avant d'essuyer les larmes qu'il n'avait pu retenir sur lui.  Comme dans un dernier échange symbolique, en espérant que l'âme du rubis le ressente, Jïnn laissait un dernier éclat du hado, de la même couleur que fut l'aura de Myo'. Un rouge passionnel, puissant, symbolisant la force et l'impulsivité de sa fougue. Ce n'est qu'un au revoir. Jïnn avait découpé une partie de son long bandeau, pour en faire un bracelet à Myo, qu'il porterait sur son poignet droit. La face rouge apparente et visible. Il ne l'oubliera potentiellement jamais. Ainsi, il était à présent menotté et embarqué par les diamants et l'agence. Il se redressait alors, regardait le corps inconscient s'éloigner. Où se trouverait-il ? Il ne le saurait probablement jamais. Son acte restait impardonnable...mais il fallait laisser le cœur parler. Toutes les paroles sincères prononcées lui semblaient être un poids enfin débarrassé. Mettant alors le reste de son bandeau autour de la tête, fermant les yeux qui pointait l'infinité céleste, il murmurait, les joues encore en train de subir la descente de ses larmes :

Il pleut...

Sa main droite venait essuyer ce flux avant qu'il ne sente plus l'aura de Myo' dans son périmètre. Un léger "sniff" pourrait alors s'entendre pendant qu'il se dirigeait ensuite vers Balty, le tireur dont les armes parlaient pour lui. D'une voix sérieuse et d'un air neutre, les larmes effacées mais les yeux encore un peu rouge, il lui affirmait avec fermeté :

Je veux vous parler. Dans votre bureau.

Peu importe le temps que ça prendra, peu importe comment il irait, mais il l'aura son dialogue. Dans un dernier regard vers l'horizon où Myo serait emmené, il ne pouvait s'empêcher d'exclamer dans son esprit :

-Attends moi, Myo'.-

•     •     •     •     •

— Mais qu'est-ce qui t'as pris putain ?! T'as pété un plomb ou quoi ?! Regarde dans quel état je suis et surtout, regarde dans quel état LUI, il est ! hurlais-je en pointant le cadavre du doigt. T'as pas peur des représailles ?! Ils ne laisseront certainement pas passer ce que tu viens de faire, est-ce que tu t'en rends seulement compte ?! finis-je par dire un peu plus calmement mais tout aussi remontée.

— Désolé. fit-il simplement. Et il s'en alla.

•     •     •     •     •