[Evénement] Banquet d'anniversaire !

Quelques points :

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Cher journal,
Il s'en passe des choses ici ! Après la fête qui a duré toute la journée, puis le bal, il y a maintenant un grand repas. Mais ce qu'il y a de particulier, c'est qu'ils ont invité plein de gens d'autres écoles. Mais pas comme Tsuki: celle-là, ce sont des écoles normales, avec des élèves sans pouvoirs. Ça me paraît un peu risqué vu tous les secrets que cache l'académie, mais ils savent surement ce qu'ils font.
De toute manière, les professeurs nous ont rappelé qu'il était ab-so-lu-ment interdit de faire la moindre allusion aux pouvoirs. Ça veut dire que toi non plus, mon journal, tu ne dois pas en parler, compris ? Je n'ai pas du tout envie d'aller en colle -même si je ne sais pas vraiment en quoi ça consiste- à cause de mon journal qui ne sait pas tenir sa langue !!


Contrairement à beaucoup de ses condisciples, la petite Rubis était bien contente que l'uniforme soit obligatoire: ainsi, elle n'avait pas à réfléchir à comment se déguiser avec des vêtements modernes pour ressembler à une fille du XXIème siècle. Et puis cela lui permettait de repérer sans mal les étrangers à Tsuki ! Même si elle n'avait pas cherché à s'en approcher pour le moment, elle n'excluait pas d'aller en interroger un ou deux pour savoir comment fonctionnaient les écoles "normales".

Depuis le début des festivités d'anniversaire, Appia avait tellement goûté de plats appétissants qu'elle était calée, probablement pour la semaine à venir ! Le banquet était donc plutôt un prétexte pour rencontrer d'autres personnes, et passer du bon temps, aussi se contenta-t-elle de déambuler au milieu des convives avec une brochette de morceaux de fruits à la main, pour se donner une contenance.
Parmi toutes les personnes présentes, elle reconnut Aisha, sa camarade de dortoir. Elle n'était pas difficile à repérer puisqu'elle semblait avoir un don pour provoquer l'animation ! La Romaine était en chemin pour venir l'aider à ramasser les victuailles qu'elle avait étalées par terre lorsqu'elle LE vit. LA personne qu'elle redoutait à l'académie. Le directeur. Mr Kazamuki.

Sa réaction pourrait paraître étrange: aux yeux de tous c'était un homme sympathique, toujours souriant, attentif aux autres, et aussi un peu excentrique avec ses lunettes de grand-mère. Mais Appia avait découvert une autre facette du personnage: pour elle, c'était l'homme qui l'avait emmenée à la visite médicale. Celui qui lui avait souri et parlé si gentiment, pour ensuite mieux la tromper et l'envoyer vivre un véritable calvaire ! Elle savait qui il était désormais: un être fourbe, un traître, un tortionnaire... un monstre !
En un instant, tous les horribles souvenirs de la visite médicale affluèrent en elle. Les blouses blanches, les appareils médicaux étranges, les piqûres, le liquide vert...

Elle avait dû tirer une tête particulièrement bizarre puisqu'elle entendit quelqu'un à côté d'elle lui demander "Hé ! Hé, petite ! Ça va ?".
Effectivement elle était encore plus pâle que d'habitude, et ses yeux trahissaient sa détresse. Elle avait envie de fuir, et tout son corps la poussait à le faire.

- Non !

Non, elle ne devait pas fuir ! C'était au contraire l'occasion rêvée de contre-attaquer ! Pour une fois le mystérieux directeur était accessible, tout près d'elle. Et mieux encore, il y avait plein de témoins, aussi ne pourrait-il pas lui faire de mal ! Enfin... elle l'espérait.
Sentant une main posée sur son épaule, elle tourna la tête. La personne qui s'était inquiétée de son état était toujours à côté d'elle, et semblait vraiment inquiète. C'était un garçon qu'elle ne connaissait pas, probablement d'un âge compris entre seize et trente ans (elle n'était pas très douée pour estimer les âges). Il lui parlait mais elle était tellement prise par ses réflexions et par les mauvais souvenirs que lui rappelait la présence de Mr Kazamuki qu'elle ne l'entendait même pas ! Elle réalisa alors qu'elle avait pensé tellement fort son "non" qu'elle l'avait dit à voix haute ! Forcément, le garçon avait dû s'inquiéter !

Elle s'empressa de le rassurer, le gratifia d'un sourire fait à la va-vite, et se dépêcha de s'éloigner.


S'efforçant d'ignorer ses jambes qui la suppliaient de partir, Appia se rapprocha de Mr.Kazamuki ; il était en train de parler avec d'autres personnes, vêtues de ce qu'elle appelait des "uniformes pour  adultes".
Elle avait l'impression d'être une mouche en train de partir à l'assaut d'une toile d'araignée ! Elle était folle, complètement folle ! Il fallait qu'elle fasse demi tour, qu'elle s'en aille et...
Pour aller où ? Elle n'avait plus que l'académie ou vivre. Mais si elle voulait rester, il faudrait des réponses à ses questions. Sans parler du risque qu'elle-même, ou d'autres élèves, aient à subir une nouvelle soi-disant visite médicale. Et puis que risquait-elle de pire ?
Hum... plein de choses, à bien y réfléchir, mais elle préférait ne pas trop y penser.

La petite Rubis fit plusieurs fois la simulation de la scène dans sa tête. Elle répéta en boucle, mot par mot, ce qu'elle allait lui dire: elle n'aurait peut être pas droit à l'erreur. C'était probablement du suicide d'aller ainsi voir celui qu'elle considérait comme le responsable des pires moments qu'elle avait vécus à Tsuki, mais elle devait absolument savoir. Et puis elle avait des atouts en réserve, elle aussi, car le directeur ne pourrait pas prendre le risque de voir un scandale éclater maintenant ! Et même si les camarades d'infortune n'étaient pas là pour la soutenir, ils ne pourraient pas non plus l'empêcher d'user de ses arguments de dernier recours, a savoir de menacer de parler à tout le monde de l’existence des pouvoirs si l'homme aux cheveux gris ne coopérait pas ! La présence des autres écoles était même parfaite pour ça !
En bonne Romaine du Vème siècle -donc chrétienne- elle se signa, se recommanda en pensée à qui voudrait bien d'elle, puis inspira un grand coup avant de s'avancer vers son démon de directeur.


Le maître de Tsuki n'avait pas changé: il était toujours aussi souriant et paternel. Si Appia n'avait pas découvert ce qu'elle supposait être son vrai visage, elle s'y serait laissé prendre. Elle se planta devant lui, et déclara d'une voix enjouée:

- Bonjour monsieur le directeur !

Elle gratifia toutes les autres personnes présentes de ce qu'elle appelait son "sourire de petite fille sage", puis redirigea toute son attention vers l'homme aux cheveux gris.

- Je suis contente que vous soyez là, ce... n'est pas facile de vous trouver...

La Romaine commençait à paniquer. Elle se rendait bien compte qu'on la regardait -probablement sans la prendre au sérieux mais quand même !- et elle avait l'impression de se liquéfier sur place. En plus, elle avait gardé sa brochette de morceaux de fruits ! Elle se mit à la tourner machinalement entre ses doigts.
Furieuse contre elle-même, Appia se gifla mentalement: pas question de laisser tomber maintenant ! Elle devait se reprendre, et surtout ne plus bafouiller !
Maintenant elle ne souriait plus du tout. Son visage affichait un mélange de mécontentement et de terreur. Elle lui en voulait tellement qu'elle aurait voulu le rouer de coups ! Ou l'envoyer subir lui-même sa visite médicale, pour qu'il voie un peu ! Elle en avait la nausée. Mais c'était à cause de lui si elle était dans cet état ! Elle lui lâcha un regard lourd en reproches, largement accentué par sa double épaisseur d'eye-liner noir qu'elle avait autour des yeux.

- Il faudrait que je vous parle. C'est vraiment très très important. C'est... à propos de... la dernière fois que je vous ai vu, et... ce qui s'est passé après. Je suis sûre que vous avez le pouvoir de tout m'expliquer.

Tout en prononçant le mot "pouvoir" de manière appuyée, elle jeta un regard éloquent en direction des personnes "ordinaires", originaires des autres écoles et présentes autour d'eux. Ainsi, elle espérait que la menace soit claire, et qu'il comprendrait qu'elle ne lui demandait pas son avis.

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