Jamais trop tard pour faire connaissance (PV Akatsuki)

Tu avais attendu ce moment avec impatience : la sainte pause. Comme d'habitude dans cette académie, tu n'avais pas vraiment fait grand-chose, sinon régler quelques conflits inter-élève sans grande importance. Sinon... à part faire une énième fois le tour de l'académie, comme si t'allait miraculeusement découvrir un passage secret inconnu du monde jusqu'alors, t'avais pas fait quelque chose de bien productif... N'empêche, à force, tu connaissais quasiment par cœur l'académie, bien qu'il existait des endroits où tu n'avais pas encore mis les pieds (et heureusement pour certains).

Commençant à t'ennuyer un peu (oui, il est possible de s'ennuyer quand on s'ennuie déjà), tu laisses tes pas te porter vers la salle du personnel, aussi appelée  "coin détente sympa quand y'a pas trop de collègues autour de la machine à café". Parce que bon, t'aimais pas trop devoir attendre juste pour un café. Fallait pas exagérer quoi. Et puis, t'aimais bien être tout seul dans cette salle, t'avais toute la place pour toi tout seul ~ Un peu plus et ça aurait pu être ton second salon, mais celui de ton appartement dans le quartier animé était bien mieux, parce qu'au moins là-bas y'avait un canapé bien confortable. Souvent squatté par le chat qui n'hésite pas en prendre toute la place en s'y étalant. Mais ça, c'était une autre histoire.

Tu arrives donc à la porte de la salle du personnel, diriges ta main vers la poignée, quand il te semble entendre quelqu'un chanter à l'intérieur, et plutôt bien. Hésitant, tu te demandes si tu fait bien d'entrer. Peut-être qu'il avait tout un auditoire ou qu'il souhaitait être seul ? Ou alors il y avait un concert et... Non mais sérieux, depuis quand je penses comme ça moi ?! Tu poses donc ta main sur la poignée et ouvre doucement la porte. Tu y vis un visage que tu avais déjà vu quelque fois durant tes balades au sein de l'académie. Tiens, monsieur bouboule. Tu ne connaissait cette personne que de vue, mais disons que la première fois, c'est surprenant de voir quelqu'un de... corpulent au milieu des coton-tiges qu'avait l'académie. Et non, tu n'avais absolument pas honte du surnom que tu lui avais donné intérieurement : tu serais même capable de lui dire en face si les circonstances le voudront. Tu manques de lui parler dans ta langue natale, mais te souvenant que tu n'étais pas au Japon, tu rectifie à temps :

J'dérange pas trop ? tu demandes.

Sans attendre de réponse, tu te permet d'entrer et tu te diriges vers la machine à café. T'espérait juste qu'elle était libre... Tu détestais quand une tierce personne oubliait son café dedans.

En te dirigeant vers la très convoitée machine à café, tu entends l'autre personne te dire :

Ça tombe bien, la cafetière vient juste de finir de couler le café. On peux pas avoir plus frais.

Cette remarque t'arracha un petit sourire. Il était plutôt sociable comme type... T'espérait juste qu'il n'était pas trop bavard, parce que t'avais rien de beau à raconter... Sinon que t'avais aucune nouvelle d'Alaric depuis quelques temps. Tant mieux en un sens, si il avait disparu ça t'arrangerait vraiment... Mais mieux ne valait pas compter là-dessus, on ne sait jamais, après tout... Tu attends que ton café soit prêt pour le prendre et t'installer confortablement sur une chaise. Qu'est-ce que ça pouvait faire du bien, de s'assoir un peu...

On ne s'est jamais rencontré, je crois. Tout le monde m'appelle Archie, je suis le prof de biologie et l'infirmier, enchanté.

Euh...? Tu étais un peu surpris de cette présentation soudaine. Il faut dire que tu n'en avais pas vraiment l'habitude... Il avait réussi à te prendre un peu au dépourvu, sur le coup. Seulement... pourquoi il a fallu qu'il soit infirmier ? Au moins, il n'était pas psy, c'était déjà ça... Non, tu ne les portaient absolument pas dans ton cœur, ceux-là. Pour toi, c'était tous les même. Mais bon... Tant qu'il n'essayait pas de l'embêter, tout se passera bien, non...? Le point positif dans tout ça, c'est que t'allait pouvoir arrêter de l'appeler "monsieur bouboule", parce qu'il faut dire que c'était clairement ridicule. Par pure politesse, tu réponds :

J'pense qu'on s'est juste croisés quelques fois. Sinon... Akatsuki, surveillant, tu termine en te retournant un peu.

Cependant, tu avais une question à lui poser, mais ça ne serait pas vraiment très poli... Peut-être même se vexera-t-il, mais cette question te brûlait les lèvres. Et comme tu l'avais juste en face de toi, autant la lui poser, non ? Au diable les conséquences, t'en avais rien à faire au final. Tu le regarde de la tête aux pieds avant de demander en le regardant droit dans les yeux :

Dites... Juste comme ça... Vous avez une maladie ou vous avez tendance à forcer un peu sur la nourriture ? dis-tu sur un ton assez innocent.

C'était déjà plus malin que d'avoir sorti "Pourquoi vous êtes gros comme un ballon ?'. Tu attendis sa réponse en prenant une gorgée de ton café. T'étais de bien meilleure humeur, maintenant ~

Archie (c'était ça, hein ?) avait l'air franchement emballé à l'idée de connaître ton prénom. Mais bon, peut-être s'attendait-il à... autre chose ? Même au Japon, tu devais être le seul à porter un prénom pareil. Qu'est-ce qui était passé par la tête de tes parents biologiques quand ils ont choisit ce prénom et pas un autre ? A vrai dire, tu ne préférais pas savoir et tu avais arrêté depuis longtemps d'essayer de deviner le pourquoi du comment, même s'il t'arrivais de plaisanter dessus une fois de temps en temps.

Le monsieur ne s'attendait absolument pas à la question que tu avais posé. Peut-être ne lui avait-on jamais fait la remarque aussi... ouvertement ? Enfin... Tu savais que tu aurait pu poser la question autrement et beaucoup moins... gentiment.

La nourriture je crois. Particulièrement celle de ma mère, mais je tente tant bien que mal de me remettre en forme, dit-il.

Ainsi donc, il n'était pas plus offusqué que ça. Tant mieux, en un sens. Après, tu te fichais bien de faire du mal aux autres, tant que tu avais ce que tu voulais... Pensif, tu fixe le vide, balançant doucement ta jambe. Sa mère... C'était ce qu'il te manquait, une mère. Tu avais bien ta génitrice, mais tu l'avais quitté tellement tôt que tu ne te souvenait même plus de son visage. Tu avais eu un père adoptif que tu aimais par-dessus tout faute de père biologique présent, mais une mère... Ce n'était plus qu'un mot sans vraiment de sens pour toi : tu savais ce que c'était sans savoir réellement ce que ça faisait d'en avoir une. Un simple mot qui se trouve dans n'importe quel dictionnaire. Après, tu ne t'en plaignait pas, ayant toujours fait avec : Ellen et Kain te suffisaient largement (et c'étaient les rares à pouvoir/savoir te gérer en cas de "crise" en plus).
Tu chasses cette pensée de ton esprit pour passer à autre chose, mais à vrai dire, tu n'avais plus rien à lui dire... T'allait quand même pas lui raconter ta vie, n'étant pas bavard de nature. Tu repenses à ce qu'il avait dit. Si tu avais eu une mère, est-ce qu'elle t'aurais cuisiné des choses, elle aussi...? Tu esquisse un petit sourire à cette pensée.

Une mère, hein... tu murmures pour toi-même.

Tu reprends une gorgée de ton café pour penser à autre chose. C'était vraiment pas le moment de penser à ça...