Quale bello pomeriggio [Pv Kupo]

Un après midi de printemps des plus agréables, c'est tout ce qu'il y a à dire pour le moment. Le soleil brille, mais sans taper trop fort. Il fait une température juste normale pour la saison, ni trop fraîche ni trop chaude, et même si quelques nuages de coton traversent le ciel, il semble ne pas y avoir le moindre risque de pluie. C'est un temps que je juge parfait pour une petite excursion. En plus, c'est le weekend. Je ne culpabiliserai pas de sécher pour profiter. Je met donc dans mon sac à dos tout ce dont je peux avoir besoin (comme toujours un carnet, mon stylo plume, et aussi quelques provisions pour la route). Mon casque est bien sûr bien vissé sur mes oreilles, et mon téléphone dans ma poche. Y'a des traditions à respecter, quand même.

Je sors de mon dortoir, hésitant entre la forêt et la ville... Puis finalement, je penche sur la deuxième proposition, me disant que je pourrais changer un peu de temps en temps. Le parc me semble aussi être un bon endroit pour passer du temps en paix, à condition de ne pas se retrouver face à une Caitlin ou un Mathieu sauvage... Mais elle est introuvable depuis quelques temps et lui est rentré en France alors... Aucun risque! Je progresse dans les rues alentours de l'académie, étrangement tranquilles pour une journée si agréable. Mais ça n'est pas pour me déplaire le moins du monde, bien au contraire. J'arrive à destination, et repère un arbre de taille raisonnable au milieu d'une allée. Le considérant comme l'endroit idéal pour aller se poser, je grimpe un petit peu avant de m'installer dos contre le tronc et jambes étalées tout le long de la branche, toujours avec mon casque et bercée par un petit rayon de soleil.

Je reste là quelques minutes, peut-être bien un petit quart d'heure, jouant avec le petit pendentif argenté représentant un arbre de la vie celtique dans un cercle autour de mon cou, offert par mon père. Le bijou stylisé est assez discret, et pas plus gros que l'iris de mon œil. Même si ce n'est pas trop le genre de chose que je porte d'habitude, je ne peux pas m'empêcher de l'adorer. De toute façon, il reste dans ma chemise la plupart du temps, je ne l'ai jamais montré. Je m’apprête à sortir mon carnet pour écrire, quand je sens ma cuisse vibrer. Je me stoppe en plein dans mon mouvement et vois justement un message de mon père, qui m'informe que si je veux, je peux l’appeler. À cette idée, un grand sourire se dessine sur mes lèvres. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu sa voix! Sans attendre un instant de plus, je compose son numéro (enfin non, pas vraiment, parce que sur les téléphones un minimum modernes les contacts sont préenregistrés, mais ça fait plus joli à dire). Au bout de moins de deux sonneries, il décroche et nous commençons à parler de tout et de rien, et je ne sais pas pour lui mais moi, un grand sourire joyeux au visage.

Au beau milieu de la conversation, toujours mon casque sur les oreilles, j'entends un cri dont la voix me semble familière, mais dont je suis incapable de comprendre le sens. Je retire une oreille, puis jetant un coup d’œil derrière l'une des branches, vois Kupo assis sur un banc. Prise d'une soudaine envie d'aller discuter, je décide de mettre fin à l'appel qui à déjà bien duré. Mon forfait va pas aimer, mais je suppose que ce n'est pas vraiment le problème pour mon père.

"-Bon, je crois que je vais te laisser et bouger un peu, ok?

-Comme tu veux, mais on reparlera plus tard, d'accord? Allez, je te laisse! Bisous!

-Arrivederci!"

-Bip!-Bip!-Bip!-
Et voilà qui est fait. Après avoir rassemblé toutes mes affaires dans mon sac, casque et téléphone compris, je saute de mon perchoir et prends la direction du banc, sans remarquer que j'ai négligemment oublé de ranger mon pendentif dans ma chemise.

"-Coucou Ku-!!! Oh, salut."

Je n'avais pas remarqué la jeune fille assise à ses côtés, et je me retrouve prise au dépourvu. Elle a du être cachée par la branche quand j'étais sur l'arbre... J'espère que je n'interromps rien d'important... Je me sentirais coupable. Elle arbore une longue chevelure claire et est d'apparence assez, non très féminine. Le genre de fille qui me fait vraiment ressembler à un garçon manqué. En sois je n'en ai pas grand chose à faire, mais je me demande juste qui elle est... Et ce qu'elle fait là, entre autres, même si ça ne me regarde pas vraiment. Ma curiosité à toujours été débordante. Figée devant eux, je décide de ne pas me donner l'air d'une idiote plus longtemps et de me présenter.

"-Je suis Luxia Kabuto, enchantée."

Ma réaction semble beaucoup amuser Kupo, et je suis mal à l'aise. La fille me regarde avec un grand sourire en coin que je ne sais pas vraiment comment interpréter, ce qui n'aide en rien. Après un petit rire que je ne peux m'empêcher d'interpréter comme moqueur-en même temps c'est clair que je dois avoir l'air d'une imbécile-elle jette un regard complice à Kupo puis se présente à son tour.

"-Tany Anira, la sœur de Kupo... et je peux me permettre..."

Ah oui!!! Kupo m'avait parlé d'elle! Maintenant ça ressemble à une évidence... Mais j'avoue que je ne me l'étais pas du tout imaginée comme ça. Kupo semble lui faire passer un message quasi-télépathique que je ne comprends pas, et qui me fait un peu me sentir de trop. Un court blanc pointe le début de son nez, comme pour dire "coucou, je viens mettre le malaise!!!", mais il est finalement interrompu par la jeune fille qui se décale sur le banc pour me présenter une place juste à côté de Kupo.

"-Je t'en pris, assis toi..."

Je déglutie très discrètement, presque mentalement. J'ai vraiment l'impression d'être descendue au mauvais moment. J'aurais peut-être du les laisser entre eux. Sûrement en fait. Pourquoi j'ai eu besoin d'intervenir? Je sais pas. Kupo s'écarte lui aussi légèrement dans la direction opposée, laissant un espace considérable entre les deux.

"-Voilà une place des plus parfaites..."

Est-ce que je suis la seule à trouver cette manière de faire très... étrange? Quelque chose ne tourne pas rond dans la façon dont elle s'exprime, je ne suis pas vraiment en confiance. Et toujours d'un ton hésitant, je répond, toujours debout;

"-Euh... Vous savez, je ne voulais pas déranger, hein... Si vous voulez je peux juste m'en aller plus loin et vous laisser entre frère est sœur..."

"-Noooon, bien sur que tu ne nous gêne pas ! Pour tout te dire, notre conversation venez d'atteindre un point mort, alors on peux dire que tu arrives au meilleur moment ! Prends place, vas y !"

J'hésite encore un instant, pas vraiment persuadée, avant de finalement céder et de m'asseoir entre les deux, toujours gênée et étrangement suspicieuse. Est-ce qu'elle est comme ça tout le temps ou est-ce que mon instinct à raison de me dire qu'un truc ne va pas?

"-Désolée de te déranger, mais est ce que tu peux un peu te pousser vers Kupo ? Il me faut un peu de place pour mettre mes affaires..."

Je lui jette un regard un peu étonnée, mais finalement me décale un peu, n'osant pas désobéir et faire mauvaise impression. Seulement, elle force et je finis complètement collée à Kupo. Mon visage se teinte d'un rouge écarlate, j'ai décidément un vrai problème avec la proximité. Mais je ne dis toujours rien, juste embarrassée.

"-Je te remercie ! Les bancs sont petit ici, c'est fou ! Enfin bref, je parle finalement à la fameuse Luxia Kabuto ! Si tu savais combien de fois Kupo me parle de toi au téléphone ! N'est ce pas ?"

J'écoute à moitié, pensant pour moi même qu'elle devait le taquiner, et ne réagissant pas. Seulement, je ne sais pas pourquoi, ma conversation avec Artemis me revenait à l'esprit. Finalement, je la dégage en me disant que ce ne sont que des bêtises.

"-Je t'en ai pas parlé tant que ça, n'exagère rien."

Il ne nie pas, mais il n'approuve pas totalement non plus. Et puis, en fait, ça ne m'étonne même pas. Il doit aussi avoir parlé de Eric, de Xeruo et d'un tas de monde, non?

"-Si tu le dis, mais bon... En tout cas t'avais raison, elle est  mignonne !"

Je crois que je n'ai jamais été aussi gênée de ma vie. Ils savent que je suis juste à côté? Parce qu'ils parlent comme si je n'étais pas là... Je sens au fur et à mesure le sang monter dans ma tête et les battements de mon coeur s'accélérer si bien que je les entend résonner en moi et me faire presque trembler. Je fixe mes cuisses, mon visage masqué par quelques mèches de cheveux, dans l'espoir que personne ne me remarque. Ça m'apprendra à venir interrompre une discussion, je suppose... Sur ma figure rouge ne se lit pourtant qu'une expression neutre, en réalité témoignant de l'effort que je donne à essayer de ne pas avoir l'air étrange. Comment dire que la mission est ratée...

Soudain une idée me traverse l'esprit, déclenchant au passage une nouvelle vague de stress en moi. Même si ça n'est pas arrivé depuis longtemps, et jamais pour cette raison, serait-il possible qu'une gêne intense puisse déclencher une crise? Par précaution, je joins mes mains l'une contre l'autre et viens les coincer entre mes genoux. Au moins, si jamais c'était possible, ça ne se verrait pas tout de suite. N'osant toujours rien dire ni rien faire, j'espère simplement que Kupo n'a pas pu ressentir ma panique.

"-Je sais pas à quoi tu joues, mais je pense que c'est plus gênant qu'autre chose."

Thanks god you heard me. Depuis quand je suis croyante? Je l'ai jamais été malgré la famille ultra-conventionnelle de ma mère. C'est surtout pour l'expression, m'voyez? Bref, même si je suis toujours immobile et figée, j'approuvetotalement ce commentaire, et espère rapidement passer à autre chose.

En réalité, je stress encore plus au fur et à mesure que je me demande si je suis la seule à pouvoir entendre les battements de mon cœur. Heureusement, Ca n'a pas l'air d'être le cas, et après un petit rire un peu étrange lui aussi, Tany dit;

"-Si tu le dis, mais faut pas être si coincés voyons ! Mais c'est d'accord, j'arrête..."

Kupo semble libéré d'un poids à en croire son soupir, et pareillement, je sens peu à peu la pression se relâcher et mon visage retrouver sa teinte initiale. Je reste cependant encore un peu dans ma position de défense anti-gêne alors que j'entends des bruits ressemblant à des frottement de tissus non loin. Ensuite, un léger cliqueti me laisse penser qu'il s'agit peut-être d'un porte monnaie. Mon hypothèse se confirme quand la voix féminine demande;

"-Dis, tu pourrais aller nous chercher des trucs à manger ? Je prendrais bien une crêpe au sucre. Et promis, je ne ferais pas de bêtise."

Je n'ai pas du tout confiance. Je relève d'un mouvement la tête vers mon ami, lançant un petit regard de détresse, et le vois dores et déjà le petit contenant dans les mains, en train de s'en aller par là bas. Bon, je vais devoir me débrouiller par moi même, il faut croire. Et puis au pire, elle ne me fera rien... Si? Après tout la sœur de Taro est l'une des rivales dans yandere-sim... MAIS POURQUOI JE PENSE À CA MOI?!? Aucun rapport. Je me tourne donc en la direction de la jeune fille après avoir rapidement jeté un coup d’œil à mes mains, qui ne brillent pas, en attendant qu'elle parle. Lorsque je n'entends plus les pas s'éloigner, elle commence enfin;

"-Bon, désolée pour tout à l'heure. C'est vrai que c'était pas vraiment intelligent et je ne pensait pas que tu serais gênée à ce point. Mais si tu permet je vais t'exploiter encore un peu."

M'exploiter? *se rappelle de la psy* est-ce qu'avoir un mauvais pressentiment est normal?

"-Toi qui est plutôt proche de Kupo, tu devrais pouvoir répondre à mes questions. Est ce que tu trouves qu'il est bien ici ? Il n'a pas trop de problème, il arrive à se gérer tout seul ? Personne ne l'embête ? Il arrive a s'intégrer ? Il tient bien le fait d'être loin de nous ? Il suit bien les cours ? Et est ce qu'il a vaincu son aquaphobie ?"

... Kupo a peur de l'eau?

"-Il a du t'en parler non ? Et puis, il se gère bien tout seul, il est autonome ?"

WOWOWOW BEAUCOUP TROP DE QUESTIONS D'UN COUP. On se calme mademoiselle! Toujours légèrement rose, je prends une grande inspiration pour me ventiler un coup avant de répondre.

"-Non, c'est bon, ça va! Bon déjà, pas tant de questions d'un coup, s'il te plaît. Je vais essayer de faire tout ça dans l'ordre. Personnellement, je pense que oui, il a l'air d'être assez à l'aise, intégré toussa toussa. Je pense qu'il est largement assez mature pour pouvoir se gérer tout seul, tu sais? Ensuite, les quelques personnes qui ont essayé de lui chercher des problèmes ont vite abandonné l'idée. Il se défend bien mieux que ce qu'on pourrait croire! Sinon tout va bien je crois, il est bien plus sérieux que moi en ce qui concerne les cours, mais par contre je sais que vous lui manquez un peu quand même, il m'en a déjà parlé. Ca doit lui avoir fait plaisir que tu passes dans le coin!"

L'avantage de très vite changer d'émotion et de comportement, c'est qu'on reste jamais bloqué très longtemps. Je sens ma tête respirer-eeuuuuuh!!! J'ai l'impression de redécouvrir l'air frais. N'empêche, une sœur qui fait tellement attention à son frère, c'est mignon. Non? En espérant juste qu'elle n'aura pas encore d'autres questions...

Elle semble beaucoup plus sérieuse que quelques minutes auparavant, ce changement est assez amusant à constater, en fait. Et puis elle ne semble finalement pas si agacante qu'aux premiers abords. Je suppose que ça doit être parce qu'elle était avec ton frère... Je ne sais pas, je n'en ai jamais eu. Mais il parait que c'est normal de se chamailler. Mais peu importe, je commence peu à peu à l'apprécier. Un court instant de répit après mon petit pavé, la voilà qui revient à la charge avec à nouveau des questions, mais tournées dans un sens complètement différent.

"-D'accord, merci pour toutes ces réponses. Comme j'en déduis qu'il ne t'en a pas parlé, je ne vais pas développer le sujet, mais si tu pouvais l'aider à vaincre sa peur de l'eau, ça m'aiderait. Il crois que c'est à cause de son pouvoir, mais je n'en suis pas si certaine... Tiens, en parlant de ça, t'en penses quoi de cette académie ? Si vous avez tous des pouvoirs, vous devez être étroitement surveillés non ? Ils ne font pas d'expériences sur vous j'espère ?"

Je me remémore un instant tout les débordements auxquels j'ai asistés, ou que j'ai moi même provoqués. La surveillance devrait être accrue, c'est vrai. Cependant, je me souviens aussi de cette agence dont j'ai tant entendu de rumeurs et des drames de la forêt. Prenant un air très sérieux, presque grave, je tente de répondre le plus correctement possible sans trop m'égarer.

"-Personnellement, je suis très bien à l'académie. Mieux même que là où j'étais avant, mais ça c'est une autre histoire. Et pour le reste... C'est assez compliqué à expliquer. La surveillance ne me paraît pas si géniale que ça... Et des incidents se produisent souvent, sans réelles conséquences. Du moins je crois. Au niveau des expériences, de nombreux élèves déterminés à faire progresser leurs dons tentent des choses sur eux-même, pour connaître leurs limites et leurs capacités. Comme moi, par exemple. Après tout... Personne ne sait vraiment d'où viennent ces "pouvoirs" non? Mais on n'y est pas contraints, on le fait si on en a envie. J'ai juste entendu parler d'une certaine agence, qui apparemment surveillerait Tsuki ou quelque chose comme ça... Mais à ce jour je ne sais rien de sûr. Il paraîtrait qu'ils sont là pour éviter les débordements trop importants et surtout qu'ils seraient capable de nous priver de nos pouvoirs. Mais ni Kupo ni moi ne nous sommes jamais retrouvés face à eux."

Voilà, je crois que tout es là. Repensant ensuite rapidement à la première moitié de son discours, j'ajoute rapidement;

"-Et je ferai mon possible pour aider Kupo."

Même si je n'aime moi même pas spécialement l'eau, j'essaierai. Pourtant je sais nager correctement, je n'ai pas spécialement peur, mais je déteste porter un maillot de bain et être mouillée. En plus, l'eau efface peu à peu ma mèche...

Je rentends des pas s'approcher au loin... Ca doit être Kupo qui revient! Dans la précipitation, Tany sort un bout de papier et commence à griffonner quelque chose dessus, avant de me le donner en murmurant;

"-Sur le bout de papier, tu trouveras mon numéro de téléphone. Si de quelques manières que ça soit, tu remarques que Kupo va mal , et que tu penses que mon aide est requise, appelle moi. Et ne le dit pas à Kupo, je pense qu'il le prendrait mal. Maintenant qu’il a son indépendance, je pense aime bien se gérer tout seul..."

Je hoche la tête de mon regard sérieux, prête à assumer cette responsabilité, et fière qu'elle me confie sa confiance pour que je prenne soin de son frère. Je fourre rapidement la note dans ma poche de jean, alors que Kupo se rapproche, les bras chargés de différentes patisseries et autres gâteaux en apparence bien sucrés. Nous nous rasseyons sur le banc, dans un silence presque gênant, cette fois-ci avec un peu plus d'espace qu'avant. Kupo me tend un muffin plein de chocolat, et je le remercie avec un grand sourire avant d'en prendre une petite bouchée. Pas que je n'ai pas faim, loin de là, mais plutôt que je crois avoir réussi à faire à peu près bonne impression jusqu'ici, alors autant ne pas détruire l'image que Tany a pu se faire de moi en en mettant partout comme une enfant. En même temps... Les muffins c'est pas ce qu'il y a de plus pratique.

"-Bah alors ? Vous parliez de quoi ?"

Demande-t-il, brisant le silence. Même si je déteste mentir, je ne peux pas non plus lui dire tout ce qui s'était dit juste avant. Avalant ma bouchée de muffin, je répondis donc;

"-Oh, de rien de spécial. On t'attendait surtout!"

Juste à ce moment, une miette tombe et viens s'arrêter sur mon jean. Je baisse la tête pour la retirer, et c'est justement à ce moment que je remarque que ma chaîne est sortie et exposée, alors que jamais je ne l'ai montrée. Dans un simple et stupide réflexe, je la cache sous le tissus de ma chemise d'un rapide geste de main, en espérant que les autres n'aient rien vu, absorbés par leur nourriture. Je crois que je me fait des illusions...

Le regard qu'il me lance me fait me sentir coupable. Je déteste mentir... Mais Tany m'a accordé sa confiance, et je sais à quel point c'est précieux. Je veux juste essayer de faire en sorte que tout aille au mieux pour tout le monde. Je fais comme si il ne venait pas de se passer quoi que ce soit, et continue de grignoter mon muffin, désespérée à l'idée de m'en sortir sans m'en mettre sur le nez.

"-Sans rire, tu doit être la première amie fille de Kupo. C'est pas trop tôt !"

Dit Tany sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Est-ce qu'elle sous entend quelque chose? Je n'en sais rien, mais je ne suis pas dans les dispositions pour y réfléchir. En fait, mon cerveau ne pense plus qu'à une chose: CHO-CO-LAT. Et puis même, je ne suis pas aussi gênée que tout à l'heure, avec l'impression d'être un peu plus proche d'elle, ou tout du moins que nous sommes toutes les deux liées par une personne que nous apprécions particulièrement. Les amis de mes amis sont mes amis, comme on dit! Bon, c'est sa sœur, mais l'un n'empêche pas l'autre!

"-Nan mais pourquoi tu parles de ça tout d'un coup ? C'est une guerre de tu veux ? Tu veux que je parle de Bruce ou tu te calmes ?"

Sa réaction me fait légèrement sourire, cachée derrière mon muffin.

"-Si tu fais ça, je ne renierais plus à user de mon arme secrète...."

De quoi? L'eau ou quelque chose d'autre?

"-Tu bluffes ! Tu n'as aucune armes secrètes !

-Bien sur que si... Pas si loin d'ici en plus !"

Voilà que cette petite guéguerre prend fin, enchaînant directement sur un autre sujet lancé par la jeune fille;

"-Bon, t'as pas l'air de comprendre. Mais bref, on a trouvé un jeu ! On raconte une anecdote chacun notre tour ! Et comme je viens de jour pour Kupo, c'est à toi, Luxia !"

J'avale ma bouchée et réfléchis un instant... Hum... Une anecdote? Bon, elle n'a pas précisé si ça devait être drôle ou pas alors... Je suppose que je peux raconter un truc random qui m'est arrivé? Ca passera.

"-Et bien... Je n'ai pas d'anecdote spécialement drôle à raconter, mais du coup je vais raconter une petite aventure de Tsuki dont je pense que même toi n'est pas au courant, Kupo. Bon, ça commence il y a un peu plus de six mois, quand je venais juste d'arriver à Tsuki. Enfin j'étais encore nouvelle, d'un mois ou deux quoi. Je me promenais en forêt, quand je suis tombée sur un groupe de Tsukiens. On a discuté, tout ça, puis à un moment deux gars sont arrivés et ont essayé de cramer la forêt et tuer, ou du moins grièvement blesser, un gars. Okura ça te dis quelque chose? Je pense que tu l'as déjà croisé. Bref moi et un autre gars sommes intervenus, et à la fin ils ont été amenés en prison sans qu'on ait trop attiré l'attention. Et moi j'avais fini au sol, parce que crise. Tany si tu veux je t'expliquerai rapidement, mais je te fais confiance pour ne pas ébruiter tout ce que tu entends, hein? Et il y a encore quelques mois, après cet événement, j'étais de nouveau en forêt, et j'ai de nouveau croisé Okura, mais accompagné de sa petite copine, qui est d'ailleurs aussi ma coloc, Kyoku, et les deux gens ont réussi à nous retrouver, armés de flingues, et nous ont menacés de mort. Et... et... et..."

Je voulais continuer ma phrase, avant de réaliser qu'en fait je n'ai jamais su ce qui était advenu ensuite. J'ai tout oublié. Je gardais mes yeux grand ouverts, fixant le vide. Il n'y avait que cette drôle de phrase... Et ce réveil à l'hôpital. Je ne savais rien. Ma mémoire avait été effacée par une crise.

"-Je ne me rappelle plus vraiment de ce qui s'est passé ensuite, à vrai dire. J'ai souvenir d'un affrontement, de coups de feu, d'une phrase étrange et... d'un réveil à l'hôpital, probablement des suites d'une autre crise... Mais je suis incapable de me souvenir."

Voilà qui était fait. J’espère juste ne pas avoir inquiété qui que ce soit en faisant mention de ces deux gens mais... Je ne les ai pas revus depuis et ils ne cherchent qu'Okura et moi alors... Pas de risque qu'il se produise quoi que ce soit.

Encore un peu perdue et seule dans mes souvenirs, je tente tant bien que mal de me rappeler de ce qui a bien pu se passer. Mais non, j'en suis tout simplement incapable. C'est effacé, disparu, comme si ça n'avait jamais existé. Mais pourtant c'est impossible! Il y a forcément eu quelque chose! Je ne fais que m'agacer toute seule. Kupo me sort de mes réflexions d'un ton... paniqué? J'espère que je ne l'ai pas trop alarmé non plus... Ce n'était pas le but, c'était juste la première anecdote qui m'est venue à l'esprit...

"-Tu étais à l'hôpital ? Ils t'ont tiré dessus ? Tu étais blessée ? Et ça va mieux maintenant ? "

Ah. Il serait sûrement mieux qu'il ne sache pas que j'ai aussi eu trois côtes cassées par Jïnn une autre fois avant... Et que je m'étais réveillée cette fois aussi dans cet hôpital, si il réagit de manière si excessive... Mais c'est vrai que je n'ai pas donné beaucoup de détails, je l'admet.

"-Et bien... Même si je ne me souviens de rien, je sais que je me suis réveillée seule dans une chambre et que j'étais capable de marcher, alors tout allait bien. Non, je n'avais été touchée par aucune balle. J'avais juste l'impression que ma tête allait exploser. Et j'étais particulièrement irritable, parce que je me sentais humiliée. Mais tout allait bien. Par contre Okura lui avait reçu deux balles, l'une dans l'épaule et l'autre dans la jambe. Il était assez mal en point et il a du marcher avec des béquilles pendant un certain temps... Voilà."

Mais je ne peux tout de même m'empêcher d'ajouter, sur un ton légèrement amusé;

"-N'empêche, mieux vaut pas que je n'y retourne encore une fois, on finirait par me trouver bizarre... Ahah"

Tentative de décontraction de l'atmosphère zéro! Même si je me doutais quand même un peu que ma remarque était bizarre... Je ne sais pas, j'avais eu un espoir. Voilà que Tany prends le relai. Merci, je commence à ne plus vraiment savoir quoi dire...

”-Boooooon, on dirait que c'est mon tour, mais j'ai pas trop d'anecdote en fait... Enfin si, j'en ai mais soit elle sont pas de votre âge, soit elle sont pas drôle du tout, soit vous ne pouvez pas comprendre soit je veux VRAIMENT PAS que Kupo soit au courant, donc je passe mon tour !"

Alors ça, ça c’est mesquin! Tsss… Elle nous prend vraiment tant pour des gamins? C’est carrément humiliant, en vrai. Je suis déçue.

"-T'as pas le droit ! Espèce de tricheuse !"

”-Les règles, c'est moi. Et maintenant c'est ton tour.”

Tsss… Non. Les seules règles que je respecte sont… Oh wait, j’ai dit “je”, “règles” et “respecte” dans la même phrase? Brr… Non en fait. Je respecte quasi jamais les règles. Mais peu importe, le fait est qu’elle n’a pas d’argument valable pour faire ce qu’elle vient de faire, et que je suis… Bah je l’ai déjà dit: je suis déçue.

”-Et bah moi j'ai une anecdote ! Un jour, j'étais énervé contre je sais plus quoi, du coup je lançais des caillou le plus loin possible. Et bah j'ai touché des oiseaux. Sans faire exprès hein ! Et bah en fait, c'était Noa. Et du coup il m'a jeté des pierres dessus, et il m'a un peu engueulé... Voilà !”

Hein?!? Comment ça il s’est fait “un peu engueuler”? Venant de Noa je suis pas rassurée. Je demande donc, pensant au passage que si Tany connais sûrement au moins de nom tout le monde, il y a peu de chance qu’elle visualise vraiment (petite vengeance…);

”-Comment ça il t’a un peu engueulé? Il t’as pas défié quand même, si? Qu’est ce qui s’est passé?”

Je ne réalise pas vraiment que j’ai peut-être l’air plus alarmée que je ne le devrais, et le regarde d’un air en même temps assez curieux en attendant sa réponse. Seulement, alors qu’il est en train de me répondre, une vibration se fait entendre indiscrètement, émanant tout droit de mon sac à dos, posé à mes pieds. Je regarde ce dernier un instant, puis juste quand il a terminé, je me permets;

”-Euh… Excusez moi, cinq secondes!”

Je sors rapidement mon portable, dont je vois la petite loupiotte bleue clignoter, signe que j’ai bien reçu un message. Je le déverrouille, le gardant assez près de moi pour que les deux autres ne puissent pas voir, toujours pas sûre de savoir si informer Kupo que j’ai repris contact avec mon père est une bonne idée, surtout après l’épisode de Mathieu. Tiens d’ailleurs justement, c’est mon père qui m’envoie un message un peu inutile;

”Tu peux envoyer des messages? Je dois aller en réunion, je vais m’ennuyer… ‘^’ “

Je ne peux m’empêcher de sourire en coin devant la gaminerie de mon père, mais reverrouille le téléphone sans même lui répondre avant de le ranger à nouveau dans mon sac, et de reprendre une expression plus neutre.

”-C’est bon, désolée...”