Bienvenue au Québec ! [PV Marco]

Marco ne savait pas trop à quoi s'attendre alors que la mère de Tori observait sa cicatrice. Il était tenté de demander si elle avait un pouvoir de guérison, mais il se ravissa. C'était sans doute malpoli de demander ça. Aaah si seulement il pouvait se souvenir de sa conversation avec Tori dans cette cabane dans les bois!

- C'est toute une morsure. Qui a fait ça ?

Qui?! Sur le coup Marco se demandait bien qu'elle image elle pouvait avoir des gens de l'académie. ...Merde, avait-elle entendu ce qu'il avait dit à la porte d'Eden?! Il priait que non... Sur le coup il n'avait pas pensé au fait que quelqu'un d'autre pouvait entendre ce qu'il avait dit hier. Il sentait une boule se former dans sa gorge ainsi qu'un sentiment de culpabilité. Si elle s'inquiétait encore plus pour sa fille, ça allait être de sa faute!

- Un chien errant agressif... Forcément, on est jamais à l'abris, Tori avait répondu.

Il espérait vraiment que cela allait suffir comme explication. Après tout c'était la vérité... Bien que cette nuit ne s'était pas résumée qu'à cela.

- Dommage que je ne puisse rien faire. Si j'avais la possibilité d'apaiser la douleur, ce serait déjà bien...

Marco secoua la tête comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave.

- Bon, quoiqu'il en soit, pendant que je vous tiens tous les deux et qu'on est seuls, je vais abuser de votre gentillesse pour satisfaire ma curiosité.

Le jeune homme écarquilla quelque peu les yeux alors que la mère et la fille souriaient toutes les deux. Oh.

- Je suis certaine que tu as dû faire d'énormes progrès depuis l'an dernier, mais les invités d'abord. Je peux savoir qu'elle est ta spécialité, Marco ?

Il souria doucement à son tour. Bien franchement, il ne pensait jamais se faire poser des questions aussi légèrement sur son pouvoir. De la manière que Katheryne parlait, ce n'était ni quelque chose d'effrayant ni quelque chose d'honteux. C'était aussi normal que de parler de n'importe quel talent et franchement, c'était raffraîchissant. Elle savait comment le mettre à l'aise.

- J'appelle mon pouvoir la Main de Midas... Je transforme les objets en or, expliqua-t-il simplement.

Il était si heureux de ne plus avoir besoin de porter ses foutus gants... Juste pouvoir contrôler son pouvoir lui redonnait l'impression de ravoir sa vie.

La réaction de Katheryne valait tout l'or du monde, sans vouloir faire de... Bon okay, oui le jeu de mot était voulu. Il fallait l'avouer. Ce qui était rassurant c'est qu'elle n'avait pas cette expression intéressée par la richesse, contrairement à la cuisinière de l'Académie qui avait semblé un tantinet obsédée par son don...

- Ah oui, c'est quelque chose qui a beaucoup de potentiel. Ce n'est peut-être que moi, mais mon esprit de bijoutière y voit de grandes possibilités artisanales. Il y a vraiment de quoi faire, ça suscite la créativité.

Oh?! Une bijoutière! Marco ne connaissait pas le domaine, mais il voyait cela comme une forme d'art après tout. La mère de Tori aimait-elle aussi le dessin et la photographie? Ça lui donnait envie de discuter d'avantage avec elle, ça c'était sûr. Cependant, il garda sa curiosité pour plus tard, laissant sa compagne parler avec sa mère.

- Et toi, ma belle, quoi de neuf ?

- Je peux créer mes propres ombres à présent et je crois que j'ai gagné en agilité pour m'y introduire, d'ailleurs j'arrive aussi à faire venir quelqu'un avec moi. Et aussi...

Tori tourna son regard vers lui et Marco lui offrit un sourire encourageant comme pour lui dire ''Vas-y, dit le lui!'' Il partageait la fierté de sa compagne et il voulait lui faire comprendre qu'elle avait raison de l'être. Comme pour illustrer ses mots, un petit cercle de lumière apparu.

- Maintenant, je fais de la lumière.

- C'est assez représentatif de ce qu'elle fait pour moi...

Une minute. Avait-il dit ça à voix haute?! Marco détourna le regard avec gêne, le visage rouge comme une pivoine.

Tori ne semblait visiblement pas dérangée par le commentaire... Il avait soupiré de soulagement alors qu'elle le remerciait en lui offrant cette étreinte et ce bisou sur la joue. Lui qui craignait d'être trop rose bonbon, il était rassuré pour ce coup-là.

- Vous êtes vraiment adorables tous les deux. Alors, c'est-ce que vous avez déjà prévu ce que vous allez faire aujourd'hui ?

Marco esquissa un sourire gêné alors que sa compagne répondait pour tout les deux.

- On verra ça tantôt, je suppose ?

Sages paroles... Sans doute y avait-il un million de choses à voir et à visiter, mais pour l'heure, le cerveau de Marco était trop fatigué pour penser à jouer les touristes. Il allait devoir corriger ça pour les prochains jours... Il ne voulait pas dire qu'il n'avait visité que la chambre de Tori pendant tout son séjour, il savait qu'un certain Rubis aurait l'esprit assez mal tourné pour s'en donner à coeur joie sur les blagues.

- D'accord. Au fait, Tori, j'ai dit à Rosemarie que tu étais de passage. Elle a quelque chose pour toi...

Marco était resté en retrait alors qu'un point d'interrogation semblait se dessiner dans ses yeux. Rosemarie...?

- Rosemarie ? Rosemarie Desjardins ? Vous avez gardé contact ?

- Bien-sûr ! Si tu t'en sens capable, ce serait bien que tu passes. Elle serait vraiment heureuse de te voir, après tout ce temps.

Se tournant vers lui, Tori lui expliqua que la dame en question était la mère de sa défunte meilleure amie. Oh. Il posa sa main sur l'épaule de son amie, ne sachant pas trop quoi dire sur le coup. Tori disait que ça irait et elle semblait avoir fait son deuil, mais il voulait tout de même montrer qu'il était là pour elle.

- Veux-tu qu'on y ailles ensemble?

Il avait proposé cela mais se sentait un peu coupable après. Il espèrait vraiment qu'il ne s'imposait pas. Si elle avait besoin d'être un peu seule, il le comprenait. Il passerait le temps dans la chambre à dessiner ou quelque chose du genre. À moins qu'il ailles prendre des photos en ville... Marco laissa le choix à Tori, prêt à l'accepter quel qu'il soit.

Aïe, peut-être en avait-il trop fait? Un de leur fameux moment de malaise s'était installé entre eux. En même temps, il fallait bien que ça arrive, ça faisait longtemps que ça ne leur était pas arrivé. ...Bon ça ne manquait pas à Marco non plus les silences gênés et l'anxiété qui le rongeait en lui faisant se demander ce qu'il avait fait de mal. La mère de Tori, bénis soit-elle, décida de changer le sujet en prenant la parole.

- Tant qu'à être debout, qu'est-ce que vous voulez pour déjeuner ? Je me doute bien qu'une demie-douzaine de biscuits ne suffira pas à vous rassasier, alors dites n'importe quoi. On a des œufs, du pain, des céréales, je peux même faire des crêpes, une omelette, du pain doré... C'est vous qui voyez !

Marco s'était rassuré trop vite! Tori ne parlait pas, comme si elle lui laissait le choix! Non, Tori, pourquoi?! Il ne pouvait pas s'imposer en demandant quelque chose ou... Gaah voilà. Le stress le plus banal mais le plus insupportable: Qu'est-ce qu'on mange? Il aurait put dire qu'il n'avait pas faim, que les biscuits avaient suffi, mais son estomac parla avant même que Marco ait put mentir. Maudit soit ce ventre traître!

- Je prendrais bien une omelette alors s'il vous plait..., souffla l'américain, un peu timidement.

Et on l'applaudit! Marco avait pris une décision! Il demanda s'il pouvait faire quoi que ce soit, mais ça ne semblait pas être le cas. Il ne restait plus qu'à s'installer à table et attendre... D'ailleurs des pas se faisaient entendre. Qui allait les rejoindre ce matin?

La personne qui les rejoignait s'avérait n'être nulle autre que la soeur de Tori, Eden. Marco déglutit malgré lui, baissant le regard. Il ne regrettait pas d'avoir défendu Tori, au contraire, mais il craignait d'avoir envenimer les choses entre les deux soeurs. Bon... Le déjeuner allait être silencieux et oppressant. Enfin, personne ne semblait en faire de cas sauf lui alors qu'Eden saluait tout le monde et que Katheryne s'affairait à préparer le petit déjeuner. La délicieuse odeur des oeufs dans le poele ne tardait pas à innonder la pièce, donnant l'eau à la bouche aux affamés.

S'en suivit une interraction en français... enfin de la part d'Eden puisque Tori ne lui répondait pas. Marco baissa les yeux, ne voulant pas avoir l'air impoli à dévisager Eden. Finalement, il comprit la situation quand sa copine répondit enfin à sa soeur, mais en anglais.

- J'accepte les excuses, mais surveille tes mots, la prochaine fois.

Ah... Bon certes les excuses n'arrangeaient pas tout, mais au moins c'était signe qu'elles se réconciliaient. Marco ne put contenir un soupir de soulagement.

- Qu'est-ce que tu voudrais faire aujourd'hui ?

Bon si elle voulait jouer à ça...

- En fait Tori, puisque tu m'a laissé l'honneur de décider de notre délicieux petit déjeuner, ce serait impoli que je prenne toutes les décisions.

Lui offrant un clin d'oeil, il leva son verre vers elle avant de prendre une gorgée.

Bon, Marco se demandait s'il n'avait pas été un peu injuste, mais en même temps, il ne pouvait pas vraiment décider puisqu'il ne connaissait pas Montréal. Il ne savait pas ce qu'il y avait d'intéressant à faire en ville alors Tori allait devoir lui donner un peu d'informations pour se faire une idée. Heureusement, elle ne rouspetta pas au sujet de l'idée.

- Comme tu voudras, mais dans ce cas, tu vas probablement avoir besoin de ton appareil photo.

Oh? Marco rendit le sourire de Tori. Évidemment qu'il n'allait pas voyager sans appareil photo! C'était l'occasion rêvée pour le port-folio.

- Ça fera de quoi à exposer pour le local du club d'art, ajouta-t-il.

Oui, leur club qui comptait toujours deux personnes... Donc ce n'était rien d'officiel, mais il ne fallait pas abandonner! Avec le roulement de nouveaux élèves, ils allaient bien rencontrer des artistes comme eux et faire quelque chose. Pourquoi pas un concours? Une exposition? Mm...

Il s'interrompit mentalement, remarquant la présence du père de Tori, embrassant la mère de celle-ci avant de se faire un café. Dit donc, il ne savait pas que la famille de Tori était aussi matinale! Il n'était même pas encore sept heures! Ah moins que le père de Tori travaillait ce matin.

Le petit déjeuner ne tarda pas à être prêt et des assiettes fumantes d'omelettes furent disposées devant chacun d'eux. Ça sentait bon et ça avait l'air bon! Cependant, par politesse Marco attendit que tout le monde fut assis avec leur déjeuner avant de le leur souhaiter un bon appétit et de remercier Katheryne pour le déjeuner.

L'ambiance qui avait été détendue devenait à nouveau lourde. Personne ne parlait et se concentrait sur manger le contenu de leur assiette. Marco ressentait une projection dans son passé, quand il avait découvert son pouvoir et que tout le monde faisait comme si ne rien n'était, mais la tension restait là. Personne ne se regardait, personne ne se parlait à part le occasionnel ''Passe moi un peu de sauce''. Si Marco avait sut que sa mère mourrerait, il aurait au moins tenter de mettre un terme à ce silence. Il aurait secoué son père pour qu'il soit plus présent. Il réprima un soupir, essayant de ne pas penser à cela et ne pas assombrir sa mine d'avantage. Il se prit une nouvelle gorgée de lait... Et le père de Tori parla.

- Mmh, rien ne vaut une bonne omelette le matin. Il me semble que ça faisait longtemps.

À cela, Tori lui donna un coup de coude. Marco posa son verre la regardant. Quoi? Il avait une moustache de lait? Mm, il avait beau s'essuyer la bouche, mais il sentait rien pourtant...

- Oui, c'est Marco qui a choisi le menu du déjeuner. Il aime bien les omelettes, lui aussi... Et il prend pour les Bruins.

Oh, voilà ce qu'elle essayait de faire. C'était un bel essai, fallait l'avouer.

- Ah vraiment ?

- Ah... Oui! Mon père est américain, il vient de Boston. C'était-- enfin c'est toujours notre équipe préférée!

Marco se rattrapa vite fait. Il prenait toujours pour les Bruins, mais hélas, il n'aurait plus jamais ces soirées de Hockey père/fils.

La mère de Tori se mit à rire portant l'attention de Marco sur elle, quelque peu hébété.

- Bon, ça y est, ça parle de religion !

L'américain ne put s'empêcher d'émettre lui-même un petit rire gêné à cette remarque. Il était vrai que les fans de Hockey pouvaient être assez intenses dans les grandes villes comme Boston. D'ailleurs le père de Tori ne manqua pas de faire remarquer qu'il était originaire de là. Il y avait une certaine fierté dans son ton. Boston forever! Marco sentait juste un petit peu sa fierté de Bostonais ressurgir en parlant avec John.

Cependant ce fut Eden qui vint un peu ternir la chose.

- Peu importe qui prend pour quelle équipe, je continue de trouver les Pingouins meilleurs... Au moins, la coupe, ils la gagnent, eux. Et toute façon, chaque fois que les Canadiens se retrouvent face aux Bruins en série, c'est toujours Montréal qui gagne en bout de ligne. Y a même pas de suspense...

Quoi? Pas toujours! ...Enfin à son souvenir?

- Et alors ?, fit Tori, ce à quoi elle n'eut pas de réponse.

Katheryne ajouta qu'elle prenait pour les Canadiens. Marco haussa les épaules.

- Si on prends juste pour les équipes qui gagnent les matchs ou la coupe Stanley, je crois pas qu'on peut appeler ça des vrais fans. Quand on prends pour une équipe c'est pour ses victoires comme pour ses défaites. On est contents quand ils gagnent et on les soutient et encouragent quand ils perdent...

Un peu comme dans un mariage, on aime sa femme dans les bons et les mauvais jours... Mais Marco ne fit pas l'allégorie. Il toussa un peu, finissant son lait et son assiette.

- C'était délicieux, Katheryne, merci beaucoup!

Il se leva pour apporter son assiette et son verre vide, se proposant pour faire la vaisselle. Tori n'allait pas lui refuser ça tout de même... N'est-ce pas?

Heureusement Tori ne s'obstina pas pour la question de la vaisselle. Elle lavait et il essuyait, un bon compromis. Marco regarda le père de Tori sortir pour aller au travail. Il avait l'air de meilleure humeur que la veille, le rassurant un peu. Peut-être que ce n'était pas une cause perdue après tout. Eden était plus difficile à cernée, mais peut-être était-ce juste un résultat de la crise d'adolescence? ...Aïe, il devrait peut-être pas penser ça. Il avait juste dix-huit ans quoi... Était-ce Tsuki qui donnait l'impression de vieillir plus vite ou c'était seulement lui qui se faisait des idées?

Enfin, après la vaisselle, Tori le quitta pour aller prendre une douche tandit que Marco attendait dans la chambre d'invité... Bien tranquille à essayer de ne pas écouter l'eau de la douche couler. Il était tout habillé depuis le matin et prêt à sortir, il prendrait sa douche à la fin de la journée. Il passa le temps à préparer sa caméra pour la scéance photo jusqu'à ce que sa copine le rejoingne, habillée simplement mais joliement.

- Prêt à partir en exploration dans les zones périlleuses que j'ai fréquenté durant mon enfance ?

Marco se leva, pointant son index au ciel.

- Toujours prêt à l'aventure!, s'exclama-t-il tel un héros de JRPG.

Oui, il était toujours aussi nerd.

Tori répondit de la même manière déterminée que lui, se lançant presque en ganbadant dehors, suivit de près de Marco qui la surveillait pour pas qu'elle tombe. Il préférait prévenir que guérir... Il salua la mère de Tori... Promettant d'être prudents pour rassurer celle-ci après les propos de sa compagne. Si on prenait en considération le nombre de fois où lui et Tori ont frôlé la mort, c'était pas très adapté comme blague. Il soupira, la rattrapant à l'extérieur alors qu'elle l'invitait à choisir où aller. À gauche? À droite? Devant? Par derrière?...Okay non, pas ce dernier choix. Premièrement ça sonnait louche, deuxièmement ça les ramenerait à la maison.

Se grattant le menton et réalisant par le fait même qu'il allait devoir se raser, Marco réfléchissait. Mm, Tori aimait-elle les barbes... Euh non, il ne réfléchissait pas à ça! Il se demandait tout simplement où aller, mais à bien y penser, il avait bien une idée en tête. Marco baissa la tête en rougissant, remontant ses lunettes.

- En fait j'aurais une suggestion.

Il s'avança vers Tori pour lui prendre la main. Il lui fit un sourire se voulant rassurant malgré la gêne qu'il ressentait. Pourvu que ça marche...

- Je veux que tu me montres l'endroit que tu préfères! Le plus beau, le plus cher à ton coeur!

Il attendit aussi patiemment que possible la réaction de sa compagne.